Vincent Hognon, les raisons de l’échec

Sa signature en juin de cette année avait été une surprise pour tous, mais accueillie avec enthousiasme. Un entraîneur de Ligue 1, au vécu en tant que joueur impressionnant, tout juste sorti d’une expérience au FC Metz prenait la tête d’un effectif de BGL Ligue. Cela semblait être le symbole d’une nouvelle ère, d’un passage dans un nouveau monde. Pourtant, quelques mois plus tard, et après seulement six journées, Vincent Hognon est débarqué du Swift. Retour sur une association qui n’a jamais fonctionné, et qui ne pouvait que s’achever par un divorce.

Six matchs de BGL Ligue et puis s’en va. L’aventure de Vincent Hognon au sein du FC Swift Hesperange aura été courte, et brutale. Pourtant, l’espoir était de mise il y a encore quelques mois, lorsque l’ancien entraîneur du FC Metz signait au Luxembourg. À peine débarqué, Hognon et son groupe arrivaient à tenir tête face au FC Domzale, pourtant considéré d’un calibre supérieur, et quittaient la campagne européenne la tête haute, avec le désir de construction en place. Avec près de trois semaines de préparation par la suite, le groupe pouvait apprendre à se connaître et peaufiner ses automatismes. Tout du moins, c’est ce que l’on était en droit d’attendre, mais force est de constater qu’au moment du début du championnat, la sensation de fluidité dans le jeu et automatismes n’étaient pas présents.

Il n’est pas toujours simple de comprendre la politique sportive du club d’Hesperange. Et l’empilement de joueurs, pour arriver à un nombre plus que conséquent de footballeurs dans l’effectif interroge tous les suiveurs de BGL Ligue. Un des problèmes majeurs résidait d’ailleurs sûrement dans le fait que l’entraîneur lui-même ne semblait pas saisir de manière très cohérente tout ce qui se passait au sein du club. À plusieurs reprises dans notre entretien, l’alors entraîneur du Swift avait parlé de « l’importance fondamental de la constitution de l’effectif. » Et ne se cachait pas de la difficulté de la gestion du travail à l’heure actuelle : « Avoir 32 joueurs de champ à l’entraînement, c‘est délicat. J’essaie de faire de mieux possible. Je suis parfois obligé de couper le groupe, ce qui complique le désir de souder tout le monde. Je pense qu’on perd du temps (…). Pour bien travailler, il faut entre vingt et vingt-quatre joueurs de champ maximum pour un groupe normalement construit. Le mercato a été allongé, donc des joueurs sont arrivés régulièrement, et à chaque fois on est obligés de repartir sur des bases, de recréer des automatismes avec les autres joueurs, de repriser les principes de jeu. Il y avait déja une douzaine de nouveaux joueurs avant que j’arrive, il faut réussir à gérer cela. » Si les propos ne sont pas polémiques ou outranciers, et toujours déclarés dans un ton détendu, le fond du message, au vu de la situation, laissait peut-être paraitre un agacement assez profond du technicien. À de nombreuses reprises, Hognon nous avait aussi déclaré que ce qui l’intéressait n’était « pas la quantité, mais la qualité ». Une autre phrase qui prend sûrement une toute autre tournure aujourd’hui. Certaines sources parlent aujourd’hui de joueurs déçus de sa gestion, et ne se retrouvant pas dans sa manière de faire. Un constat dont l’entraîneur semblait conscient, au vu de ses propos sur la difficulté à souder le groupe, et satisfaire des joueurs dont l’absence de temps de jeu allait forcément peser dans la balance.

On peut néanmoins légitimement s’interroger sur les questionnements et désaccords d’Hognon dans un club qui fonctionne pourtant de cette manière depuis quelques années déjà. La philosophie et la stratégie de développement du Swift n’est pas de celle qui débarque à l’imprévue. C’est d’ailleurs avec une méthode similaire que la direction avait amené le F91 en poules d’Europa League, authentique exploit jamais réalisé depuis. Par conséquent, n’y a t-il pas une légère absence de cohésion à l’idée de signer dans un club à la stratégie de transfert mais aussi de développement particulièrement connus, pour se retrouver à ne pas  comprendre passé la signature ? N’était-ce pas là un sujet clair sur lequel il fallait s’entendre en amont ?

Des résultats en deçà des ambitions du club

Sur le terrain aussi, le bilan était assez mitigé. La première victoire face au Racing avait donné l’impression d’une machine déjà fort bien rodée : il n’en était rien. Que cela soit lors de défaites face à Pétange, résultats nuls contre Differdange, ou victoire à Mondorf, le Swift ne semblait jamais réellement au-dessus d’adversaire décomplexé, et posant de réels problèmes. Toujours dans notre entretien, Hognon expliquait les difficultés du Swift de cette manière : « Ceux qui pensent que nous sommes le PSG du Luxembourg se trompent lourdement. Très lourdement. Paris a une marge énormissime en France, et je ne me parle même pas de cette année. Nous n’avons pas cette marge ! Aujourd’hui, on est au niveau des autres équipes qui vont se disputer le titre. Sauf que nous, on est attendu partout, plus que toutes les autres. Regardez Paris l’année dernière qui n’a pas été champion malgré ses moyens hors-normes. Il faut commencer par culturellement structurer l’environnement du club ainsi que la mentalité des joueurs ». Incapables de tenir la même cadence durant 90 minutes, les joueurs n’ont jamais réussi à donner l’impression d’une supériorité dans tous les domaines, ni d’avoir une philosophie de jeu facilement identifiable. Trop peu pour un club qui veut aller très (trop ?) vite et qui ne lésine pas sur les moyens pour le faire. La seconde période face à Rosport avait montré des signes d’une fébrilité extrême à Hesperange, sur et en dehors du terrain. Un contexte auquel l’entraîneur n’a pas résisté, faisant les frais d’un début de saison qui, s’il était loin d’être catastrophique, n’incitait apparement pas à l’optimisme la direction. Après une saison 2020/21 dans laquelle le Swift avait raté l’entame à tel point qu’une belle remontada en seconde partie de saison n’avait pas suffi, la peur de voir le titre s’échapper des suites de deux mois ratés a sûrement dû peser dans la balance de ce club qui ne cache absolument pas ses désirs de grandeur.

Un homme esseulé ?

L’arrivée d’un entraîneur aujourd’hui dans le football, en particulier au haut niveau se fait rarement seule. Généralement, un coach débarque avec d’autres membres du staff dans ses valises : préparateur physique, adjoint, homme de confiance… les positions sont légion. Avec Hognon, çe ne fut pas le cas. Et a peut-être aussi joué un rôle dans la fracture de plus en plus apparente entre l’ancien nancéien et la direction, tant sur le plan administratif que sportif. Peu habitué au système luxembourgeois, imbriqué dans une direction aux méthodes différentes de les siennes, il n’est pas impossible de supposer qu’assez vite, les désaccords se sont multipliés et, sans véritables alliés au sein du club, l’entraîneur est vite tombé dans la confrontation.

C’est aussi quelque chose d’assez classique de ne pas nécessairement voir d’un bon oeil l’arrivée de nouveaux joueurs quant on ne les a pas demandé (NDLR : Le directeur technique du club Sofian Benzouien affirme lui que les transferts étaient bien validés par l’entraîneur, et qu’en aucun cas une recrue n’est arrivée sans l’approbation du coach). Les exemples de mauvaise entente entre Directeurs Sportifs et coachs aboutissant sur une non titularisation d’un joueur désiré par l’un et non par l’autre sont courants. On peut dès lors imaginer une frustration débuter des deux côtés, d’abord pour Hognon, loin d’être heureux de voir de nouveaux joueurs arriver dans ses pattes après avoir travaillé sur un groupe déjà conséquent, mais aussi de l’encadrement sportif, pas nécessairement heureux de voir des recrues ne pas trouver de temps de jeu, après avoir fait beaucoup d’efforts pour les faire rejoindre l’effectif.

Ainsi, entre absence de compréhension, résultats en dents de scie,  ambitions rimant surement avec impatience chez les dirigeants, et un effectif très chargé qui devait forcément comporter des joueurs mécontents, l’édifice, déjà chancelant, a fini par tomber. Venu sans staff, Vincent Hognon repart donc seul et sans réellement avoir eu le temps de montrer ses capacités. L’ambiance au sein du club paraissait de plus en plus délétère à tous les niveaux et l’entraîneur ne semblait pas réellement profiter de son expérience. Alors qu’on le questionnait sur un engagement sur le long terme avec le club, Vincent Hognon bottait en touche et insistait sur le fait que sa « liberté compte énormément pour moi aujourd’hui ». Le 19 septembre 2021, Hognon l’a retrouvé.

Sofian Benzouien : « On joue toujours le titre »

Deux jours après l’annonce du départ de Vincent Hognon, nous sommes allés à la rencontre de Sofiane Benzouien, Directeur Technique du Swift Hesperange. La décision de se séparer de Vincent Hognon, les objectifs pour la suite, ainsi que les obstacles sur le chemin de la grandeur.: tous les sujets ont été abordés lors de cet entretien.

Pourquoi avoir décidé de se séparer de Vincent Hognon ?

Je le remercie avant tout pour son travail, c’est un grand professionnel. Il a clairement essayé de mettre en place ce qu’il estimait le meilleur pour le club, mais la mayonnaise à mes yeux ne prenait pas. Je pense d’ailleurs qu’il s’en est lui-même rendu compte. D’un commun accord, cela paraissait mieux d’arrêter l’aventure.

Mais pourquoi si tôt, après seulement six matchs avec un entraîneur ayant une certaine réputation ? Pourquoi ne pas donner un peu plus de temps ?

Je voulais éviter de prendre trop de retard, comme cela a été fait la saison dernière. On a réussi une excellente seconde partie de saison, mais avec une phase aller ratée, c’était un tout petit peu trop juste pour aller chercher le titre. Il fallait donc à mes yeux, éviter de revivre une situation similaire. Vis-à-vis des différents matchs joués jusque maintenant, si l’on excepte la rencontre face au Racing, je n’ai pas vu de réel progrès. Il y a eu une philosophie de jeu qu’il voulait mettre en place, je ne me permettrais jamais de dire le contraire. Mais le championnat luxembourgeois est différent de bien des autres, et il est parfois difficile de s’y adapter. On n’arrive pas nécessairement à tout saisir, avec certaines choses à prendre en compte qui découlent de l’extra-sportif. 

Le groupe s’était-il retourné contre lui ?

Non, pas du tout. On n’a pas en tout cas eu cette sensation. Par contre, une chose qui m’a embêté, et nous en avions discuté en interne, c’était le manque de rage, de gnaque chez nos joueurs qu’ont nos adversaires lorsqu’ils nous affrontent. Avec la qualité de notre effectif, si l’on rajoute cette agressivité dans le bon sens du terme, quitte à mettre parfois le bleu de chauffe, je pense que nous pourrions réussir à faire une différence plus évidente, et qu’il sera difficile de nous stopper.

Le dernier match contre Rosport était-il un ultimatum ?

Pas du tout. Il y a eu deux matchs alertes à mes yeux, avant même le début du championnat, à savoir les rencontres amicales contre le Progrès ou la Jeunesse. Clairement, au niveau du jeu, on était pauvre en création d’occasions. Vincent avait une idée bien précise de ce qu’il voulait mettre en place, on a respecté ses idées, et il était libre tant sur la sélection que la mise en place des entraînements. Mais l’impression que certaines choses ne passaient pas restait, et cela se traduisait sur le terrain. Même les victoires, si l’on prend par exemple celle contre Mondorf, étaient laborieuses. Face à Etzella, on aurait pu se faciliter les choses, mais on s’est mis en difficulté tout seul. Il y a ensuite eu le match contre Differdange assez décevant, avant celui contre Rosport où la discussion a réellement eu lieu après le match ainsi que le lendemain à l’entraînement. On s’est tout de suite mis d’accord sur la décision de s’arrêter là.

A posteriori, en regardant la situation, le fait qu’il soit venu seul, sans staff avec lui n’a t-il pas été un frein à la mise en place de ses idées ?

On parle de quelqu’un qui a une grande carrière professionnelle et un énorme vécu. Ce n’est pas le fait de venir avec son adjoint, sachant que l’on a un staff conséquent (un T2, un préparateur physique, un entraîneur des gardiens, un vidéo-analyste), qui aurait été à mes yeux un élément-clé. Il est clair que pour un coach, venir tout seul n’est pas évident, je peux parfaitement le comprendre, mais je ne pense pas qu’au pays il y ait beaucoup de clubs qui ait un si bon environnement pour pouvoir travailler de manière professionnelle.

Lors de notre long entretien avec Vincent Hognon, on a senti tout de même une certaine incompréhension vis-à-vis de la politique de transfert ici. N’est-ce pas un peu casse gueule d’avoir un aussi gros effectif ?

Je veux être parfaitement clair là-dessus : sur tous les transferts qui ont été fait passé sa venue, ils ont tous été validés par lui. Il a visionné tous les joueurs qui ont été proposés et n’a jamais montré le moindre désaccord. Un coach a sa vision, et nous, je me réfère ici à Monsieur Becca et moi-même, essayons de voir un peu plus loin, ce qui fait aussi notre force. Le coach va simplement regarder son effectif et va malheureusement parfois, de par la culture de l’instant, se mettre des limites, ou bloquer certaines choses. Nous essayons de voir un peu plus loin que cela, en particulier à cause de toutes les règles contraignantes au pays. Notre philosophie parmi la direction est de préparer l’après. Et quand je vois la saison dernière avec Pascal (Carzaniga, NDLR), ce qui a fait notre force, c’est notre effectif. 

Il n’y a aucun débat sur le fait que vous avez un effectif extrêmement talentueux. Mais avec un si grand nombre de joueurs, n’est-ce pas difficile de fédérer tout le monde si certains joueurs savent que cela va être très compliqué pour eux ?

Si je peux donner un exemple, je donnerais celui de Michel Leflochmoan, paix à son âme. Sa plus grande force, c’était de savoir fédérer et gérer un groupe, en particulier ceux qui ne jouaient pas. Réussir à mettre tout le monde sur la même échelle, et continuer à garder tout le monde concerné, c’est quelque chose de capital chez un entraîneur. Sur une feuille de match à 16 et onze joueurs sur le terrain, c’est clair que tout le monde ne peut pas jouer. Mais, hormis les premières licences qui ont un léger avantage, le plus fort doit être titulaire. Attention, je sais bien que travailler avec un groupe de 30 joueurs n’est pas le plus évident, je ne dis pas le contraire. Mais c’est à l’entraîneur, qui est maître de ce qu’il se passe sur et en dehors du terrain de gérer la situation. Ce n’est pas à moi de dire « il faut faire comme ceci ou comme cela ». Mais c’est aussi mon rôle d’analyser comment cela se passe et en tirer les conclusions. On a réussi à le faire l’an passé, cela prouve bien que c’est possible de le faire.`

Passé le départ de Vincent Hognon, les objectifs restent-ils les mêmes ?

Tout à fait. On joue toujours le titre.

L’an passé, vous avez fait une excellente seconde partie de saison avec Pascal Carzaniga. Ne regrettez-vous pas aujourd’hui de ne pas avoir prolongé l’aventure ?

Il y a eu une très très bonne deuxième partie de saison. On avait un contrat jusqu’au 30 juin 2021. On est arrivé au terme du contrat, on a eu une discussion tous ensemble. On a pris la décision de travailler avec Vincent qui s’était proposé. Mais l’entente avec Pascal a toujours été présente, tout s’est toujours bien passé. La relation dépasse le football. Il a mené à bien sa mission la saison dernière. On a fini à deux doigts du titre. Si on l’avait remporté, aurait-on continué ensemble ? Peut-être.

Vincent Hognon nous a parlé de contraintes réglementaires qui compliquaient sa vie, et on peut bien imaginer que vous n’est pas en désaccord là-dessus. Comment expliquer clairement en quoi les règles pèsent sur la gestion du club ?

On va faire de manière très courte – et je ne suis pas le seul à penser ceci – : toutes ces règles qui sont mises en place sont très contraignantes et limitent le niveau et développement du championnat. Cela empêche tout simplement de faire venir des grands noms. Cinq joueurs transférés et sept premières licences sur une feuille de match d’uniquement de seize joueurs, c’est très compliqué. Sachant en plus qu’aujourd’hui, toutes les premières licences d’une qualité supérieure partent à l’étranger : si on regarde l’équipe nationale, 90% des joueurs évoluent à l’étranger, mais sont tous passés par la BGL Ligue. Donc cela nous embête, et je ne parle pas que de nous, puisque beaucoup de président sont inquiets de cette situation. Et, quitte à être parfaitement honnête, certains joueurs aujourd’hui profitent de ce règlement. Certaines premières licences, sachant que les clubs ont besoin d’eux, toquent aux différentes portes et partent aux plus offrants. Et malheureusement, ce n’est pas un gage de qualité. Et, cela me parait très important de dire cela : beaucoup de petits clubs – et je ne parle pas ici que de BGL Ligue, j’inclue la Promotion d’Honneur et la Division 1 – estiment qu’ils ne seront pas impactés. Mais c’est une énorme erreur de penser cela. Lorsque les meilleurs partent à l’étranger, cela force les équipes de BGL Ligue à chercher de nouveaux joueurs dans des clubs de divisions inférieures, qui vont ensuite faire la même chose à l’échelon en dessous. Tout est imbriqué ensemble, et ce sont les plus petits qui vont en pâtir le plus.

On imagine tout de même que cette règle a été mis en place pour favoriser le développement de joueurs luxembourgeois. Est-ce que vous pouvez comprendre cette vision des choses ?

Attention : ce ne sont pas des luxembourgeois, ce sont des premières licences. Tu peux être luxembourgeois, jouer pour l’équipe nationale, et ne pas être considéré comme première licence. Pour moi, cela n’a ni queue ni tête. Il y a un an, la règle a légèrement été assouplie, puisqu’après plusieurs années dans les équipes de jeunes, tu es considéré comme première licence. C’est positif, mais cela veut dire que les bonnes premières licences, il va falloir attendre encore trois ou quatre ans pour les ajouter à l’effectif pro.

Aux yeux du Swift, quelle est la solution ?

Nous sommes persuadés, et nous l’avons montré au F91, qu’il est possible de faire de grandes choses ici au Luxembourg. On a réussi avec Dudelange à atteindre des niveaux que personne n’imaginait voir ici au pays. J’ai suivi la campagne européenne du Fola, qui a fait de très belles choses, et quand je regarde le niveau de certaines équipes ici, je sais il y a quelque chose à faire. Notre double confrontation face à Domzale a finalement été assez serrée, cela ne s’est pas joué à grand chose. Si on arrive, en retirant certaines règles, à attirer d’autres joueurs d’une catégorie encore supérieure, le football en sera gagnant ainsi que tous les clubs a Grand-Duché. Quand on voit l’évolution évidente de bien des clubs de BGL, comme le Fola, le Racing ou encore le Progrès, je suis certain que si Becca n’était pas passé par là, ils n’évolueraient pas à ce niveau aujourd’hui. En ayant des ambitions plus élevées, les autres clubs ont été obligés de suivre le rythme, et cela a tiré tout le football luxembourgeois vers le haut. Le weekend passé face à Rosport, j’ai vu une très belle équipe. On n’a plus vraiment de petits clubs ici, le niveau s’homogénéise de plus en plus, et c’est de très bonne augure. En assouplissant certaines règles, on pourrait vraiment aller encore plus loin.

Je voudrais aussi mentionner une autre règle qui me chagrine particulièrement : celle des trois ans. Si un joueur signe dans un premier club au Luxembourg, il y appartient trois ans même si il n’est plus dans le club. Cela va a l’encontre des principes même du marché du travail. Tu ne lui proposes pas de contrat mais il ne peut pas en avoir d’autres à part si tu lui donnes l’autorisation. Cela va à l’encontre de tous mes principes, pas seulement en termes de football, mais d’humanité. 

Vous communiquez là-dessus avec la FLF ?

Depuis l’année dernière, à l’initiative d’autres directeurs sportifs, nous avons crée un groupe de discussions avec de nombreux dirigeants de différents clubs. On a évoqué tous ces sujets, et à grande majorité, on veut changer tout cela. Il y a question et lieu d’agir. Pour ce qui est de la Fédération, il y a une assemblée prévue fin octobre, où l’on pourra discuter de tous ces points-là. Aujourd’hui, on entend un petit peu de tout. On espère juste que cela va aller dans le bon sens. On est passé cette année de quatre à cinq joueurs transférés sur la feuille de match, c’est bien mais (il hésite)… Je m’en satisfais, même si j’aimerais encore un peu plus, à l’image de la feuille de match avec seulement seize joueurs. Dans tous les championnats d’Europe, elle est à 18. Pourquoi ne pas suivre le mouvement ? Avec la crise sanitaire de l’an passé, la demande de passer de trois à cinq changements n’avait pas été validée par la FLF. Cela fait beaucoup. Avec tout le respect que j’ai pour la Fédération, je trouve qu’aujourd’hui, on repousse continuellement ces questions qui sont essentielles. On ne demande pas nécessairement que toutes nos demandes soient validées, mais simplement entendues, et débattues. Toutes ces idées vont dans l’objectif d’offrir un plus beau football au pays.

Sentez-vous que le championnat montre un désir de se développer ?

Je parle ici au nom d’Hesperange, et certains autres clubs avec qui j’ai la chance de communiquer assez régulièrement : aujourd’hui, je remarque un changement, où la concurrence entre clubs semble s’effacer au profit d’une réelle volonté d’évoluer pour le bien commun. Il y a de belles choses à faire, le futur peut être brillant. On a besoin que la FLF nous écoute, et qu’ensemble, nous trouvions le bon équilibre pour tous. Les petites équipes en profiteront aussi. Le ruissellement sera positif dans tous les sens. Le niveau de l’équipe nationale montre bien qu’on a pu apporter notre pierre à l’édifice, et qu’en se penchant réellement sur les sujets avec un désir de tout améliorer, nous pouvons réussir, tous ensemble de très, très belles choses.

Les maux du Swift

Avec onze points en sept journées, le Swift se situe à une décevante huitième place au classement, bien loin de ses ambitions d’un titre de champion de Luxembourg qu’il cherche depuis sa remontée en BGL Ligue, la saison dernière. Des résultats mitigés, un entraineur déjà remercié et un visage décevant, analyse d’une saison qui démarre mal.

Un effectif qui questionne

Trente-six. C’est le nombre de joueurs dont disposait Vincent Hognon a l’entame de la saison. 36 joueurs donc, dont 33 de champ. Un effectif très large, notamment pour une équipe semi-professionnelle dont le championnat ne compte « que » trente journée, et qui n’a même pas passé un tour d’UEFA Europa Conference League. Nous sommes alors en droit de nous poser des questions sur la façon dont est géré un club qui, comme le F91 il y a quelques années, n’a aucun problème à recruter financièrement parlant — toute proportion gardée et en rapport avec la valeur du championnat luxembourgeois. Quel est l’intérêt d’accumuler les joueurs sinon de risquer d’en décevoir plus d’un chaque week-end et de compliquer une cohésion de groupe si importante en vue d’une lutte pour le titre ? On doute que Vincent Hognon ait été à l’origine d’une politique qui était en place à Dudelange il y a de ça encore deux saisons, en 2019/2020 lorsque Bertrand Crasson, alors entraineur du F91, avait trente-cinq joueurs à sa disposition. Une stratégie qui avait fonctionné, il est vrai, quand le F91 caracolait en tête du championnat pendant plus de dix saisons. Mais la dernière saison du club de la Forge du Sud sous l’ère Becca avait prouvé que les clubs de BGL Ligue commençaient à s’adapter à des écuries de plus gros calibre et qu’affronter des équipes comme Hostert, Mondorf ou Rosport pouvait vite devenir un véritable traquenard. Le championnat s’est équilibré au fil des années et recruter à tout-va n’est peut-être plus la solution miracle. 

D’autant plus que cela n’était pas forcément du goût de Vincent Hognon, qui admettait qu’ « avoir 32 joueurs de champ à l’entrainement, c’est par moments assez délicat. Je suis parfois obligé de couper le groupe, c’est très difficile de souder. Je pense qu’on perd du temps, ou en tout cas on n’en gagne pas. Pour bien travailler, il faut entre 20 et 24 joueurs de champ maximum pour un groupe normalement construit. C’est un manque pour moi de ne pas avoir pu construire un groupe, parce qu’il y avait déjà énormément de joueurs quand je suis arrivé ». Clément Couturier, qui avait brillé au F91 il y a quelques saisons et qui est revenu au Luxembourg cet été, concède également que cette situation « n’est pas simple » et que « ce serait plus facile avec vingt joueurs ». Parce qu’au total, c’est une équipe complète qui n’a toujours pas joué une seule minute avec le Swift cette saison. Quinze joueurs sur trente-trois sont en effet soit restés sur le banc, soit en tribune. 

Des résultats mitigés

Une stratégie qu’on ne pourrait pas remettre en cause si le Swift caracolait en tête du championnat de BGL Ligue. Or, ni cette saison ni la saison précédente ne plaident en faveur d’une stratégie rondement bien menée. De prime abord, les résultats d’Hespérange peuvent commencer à inquiéter sans pour autant alarmer, les coéquipiers de Tom Schnell ayant concédé deux nuls et une défaite en six matchs disputés. Ce qui nous préoccupe bien plus, c’est le calibre des adversaires déjà affrontés et le jeu proposé. Car bien que le Swift ait vaincu un « grosse » écurie, à savoir le Racing Luxembourg, il n’a depuis rencontré aucun prétendant sérieux aux premières places. Une défaite face à Pétange, deux succès — face à une faible équipe d’Ettelbruck et de manière très poussive face à Mondorf — et plus récemment deux nuls bien tristes face à Differdange et Rosport, c’est le bilan du début de saison du Swift et ce sera le bilan total de Vincent Hognon, remercié après le dernier match face au Victoria.

Sur le banc, on sait que ce sera l’italien Aniello Parisi qui dirigera désormais le club de Flavio Becca. En attendant, c’est l’entraineur adjoint de Hognon qui s’installait sur le banc lors la 7e journée, et le moins qu’on puisse dire, c’est que la prise de conscience et l’effet départ de Vincent Hognon ne s’est pas vue ce mercredi 22 septembre face au Fola Esch, un concurrent direct pour le titre de champion. Dans un match ponctué par de belles actions des deux côtés, c’est bien les hommes de Sébastien Grandjean qui se sont montrés les plus dangereux et qui ont surtout affiché une détermination bien supérieure à celle de Hespérange. Une détermination, pointée du doigt par son directeur sportif, que le Swift ne pourra pas mettre de côté s’il veut gagner tous ses matchs. La qualité intrinsèque de nombreux joueurs est là, c’est indéniable et c’est pourquoi ils sont et seront probablement toujours un prétendant sérieux aux premières places.

Un objectif bien conservé

Car malgré des résultats encore trop fébriles, les ambitions du Swift sont toujours là : décrocher un titre de champion de Luxembourg le plus vite possible, c’est-à-dire cette saison. Un trophée pas si impossible que ça à aller chercher dans un championnat où chaque match est une dure bataille. D’autant plus que le Swift est loin d’être largué. Situé à la huitième position, Hespérange n’a encore « que » six points de retard sur le premier, a encore une vingtaine de rencontres à jouer et donc toujours les cartes en main pour finir à la meilleure place possible. De là à finir champion, c’est ce que l’on verra à la fin du mois de mai 2022. Dans tous les cas, la domination du Swift comme l’a été celle du F91 sur le championnat luxembourgeois n’arrivera pas du jour au lendemain. Car le football n’est pas une science et il ne se gagne pas seulement en accumulant les individualités, mais en laissant par exemple un coach mettre ses idées en place. Une chose que le Swift devra apprendre pour ne pas brûler les étapes… et ses ailes. 

Tendai Michot et Juliens Sins.

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