Thomas Gilgemann : « L’argent ne va pas tomber du ciel »

La fin de saison ratée du Progrès, le départ de Stéphane Léoni, les conséquences financières de l’absence de qualification européenne…Thomas Gilgemann, président du Progrès Niederkorn n’a pas esquivé le moindre sujet, se montrant déterminé à développer un projet en lequel il croit plus que jamais. 

On peut dire que vous avez vécu une première année compliquée sous la houlette de président… Comment expliquez-vous cette fin de saison extrêmement compliquée ?

Techniquement, je ne suis président que depuis un petit mois. Mais en effet, mon implication a été conséquente tout au long de l’année, à l’image des saisons précédentes. Et il est certain que nous avons vécu une fin de saison extrêmement difficile, passant d’une équipe qui jouait pour le titre, à un classement final hors des places européennes. L’expliquer, ça n’est pas simple. Il n’y a pas un facteur particulier à pointer du doigt. C’est un tout. Il y a pu avoir un manque de rigueur à l’entraînement. Il y a pu y avoir des blessures au mauvais moment, ou des baisses de formes de certains membres de l’effectif important. Il y a pu y avoir un manque de maturité, de sérénité, dans un groupe qui demeure assez jeune. Il a pu y avoir un manque de réussite. Certains départs ont pu faire un peu de mal. Énormément de choses expliquent cette fin de saison extrêmement décevante et cette 5e place, pour la deuxième fois consécutive – ce qui n’est pas une catastrophe en soi – qui nous relègue hors des places européenne. L’objectif n’a pas été atteint, je ne m’en cache pas, on ne s’en cache pas, on assume, et maintenant, on fait le maximum pour repartir de l’avant.

« La capacité à vite réagir, vite rebondir, nous ne l’avons pas assez montré cette saison. on a trop enchaîné les hauts et les bas… »

La séparation avec Stéphane Léoni était-elle dès lors inévitable ?

Oui, tout à fait. Je tiens à rappeler que Stephane Léoni et son staff ont fait un très bon travail, parfaitement symbolisé par la saison précédente, où il nous reprend à l’avant-dernière place, et nous permet de faire une très grosse remontée, aux portes de l’Europe. Mais, malgré beaucoup de bonnes choses cette saison, le bilan final n’est pas où nous voulions qu’il soit. Et qu’on soit clair, cette chute, on ne se la doit qu’à nous-mêmes. Attention, tous les clubs cette saison ont perdu des matchs, y compris Dudelange. Mais la capacité à vite réagir, vite rebondir, nous ne l’avons pas assez montré cette saison. On a trop enchaîné les hauts et les bas. Et j’ajouterai que les points qu’on a perdu, la dynamique négative engrangée a eu lieu contre des équipes bien moins classées que nous. Il y a eu une faillite collective, et si on fait le point, cela fait deux saisons consécutives que Niederkorn n’est pas européen, et ça, on ne peut pas l’accepter. Je remercie Stéphane pour son travail et implication, mais du point de vue du comité, il était temps de changer les choses.

L’absence d’Europe va t-elle peser lourd sur les budgets ? Une qualification européenne était-elle prévue dans le budget de l’an prochain ?

Sincèrement, oui. On est obligé de budgétiser chaque saison. Et on anticipe les rentrées au stade, les événements, les potentiels transferts, les sponsors, et évidemment la rentrée d’argent qu’amène l’Europe. Bien sûr qu’il y a une anticipation de qualification continentale quand on a un groupe comme le nôtre. Il faut maintenant que chacun prenne ses responsabilités. Nous ne sommes pas européens pour la deuxième année de suite, et cela a forcément des conséquences. Si on regarde notre historique européen, le club a toujours passé un tour. Ce n’est donc pas 240 000 euros qui manque mais bien 480 000 ! Vous prenez ce chiffre sur les deux dernières saisons qui ne rentre pas, et cela fait quasiment un million d’euros qui ne sont pas là… Et l’argent ne va pas tomber du ciel. Donc on doit rebudgétiser. On fait des choix sportifs aujourd’hui, mais on doit aussi prendre en compte les finances. Les gens ne doivent donc pas être surpris de tels ou tels départs, il y a tout une stratégie là-derrière. Et attention, cela fait des semaines que l’on y travaille en coulisses, on n’a pas attendu la rencontre contre Differdange pour s’y mettre. On a anticipé plusieurs scénarios, mis en place des stratégies pour chacun de ceux-ci, et on a agi dès que possible. Il y a eu une première vague de décisions sportives, puis une seconde sportive et financière : qui sont les plus gros salaires ? Comment peut-on les conserver malgré tout ? On cherche le maximum de solutions pour rester compétitifs au maximum. Mais je suis optimiste à 100%. Le fait d’être passé président va aussi me permettre de mettre en place un Directeur Sportif, un Directeur Général, un Team Manager, pour encore plus structurer le club. Le fait de ne pas être européen va aussi pouvoir nous permettre d’optimiser le budget, certes de manière obligatoire, mais aussi saine et réfléchie. On reste positif, avec l’envie de repartir sur une bonne saison, et ajouter les petites choses qui nous ont manqué pour atteindre nos objectifs. 

« En tant qu’entraineur, tu préfères avoir un muratovic, un thill pour un court laps de temps, ou pas du tout ? »

Au-delà des pertes financières qu’implique une non-qualification européenne, il y a aussi un souci en termes d’attractivité, avec des joueurs qui pourraient être refroidis par l’absence de campagne continentale…

C’est une certitude. Il suffit de prendre l’exemple d’Aldin Skenderovic. C’est clair et net qu’il voulait jouer l’Europe. Il a encore l’envie de devenir professionnel, et jouer un tour de Champion’s League et des matchs en Conference League vont lui permettre d’avoir une plus grande visibilité. On a compris ça, on sait que c’est une bonne opportunité pour lui de se montrer, donc on n’a pas mis de bâtons dans les roues. Mais je ne pense pas que cela va empêcher notre club de demeurer attractif. À l’heure actuelle, on a déjà recruté six joueurs premières licences – sept avec le potentiel retour de Belmin Muratovic -.  Ce sont des signatures que l’on avait depuis plusieurs mois, avec des footballeurs qui croient au projet. Ils trouvent ici un club professionnel, mais aussi familial. On continue de faire de notre cheval de bataille la présence d’un grand nombre de premières licences dans l’effectif de l’équipe première malgré les changements de règle. On est aussi en phase de finalisation d’un partenariat officiel avec le FC Sochaux Montbéliard, qui amènera à de nouvelles alliances avec des clubs renommés de Ligue 2 française, un sujet sur lequel on communiquera plus dans le futur. Donc, oui, les résultats n’ont pas été à la hauteur de nos ambitions. Mais je pense que notre réputation reste intact, et que les joueurs ont toujours ce désir de rejoindre le Progrès Niederkorn. Et n’oublions pas qu’on a transféré neuf joueurs en pro ces trois dernières années ! Est-ce que cela contre-balance totalement le fait de ne pas avoir été chercher l’Europe ? En tout cas, ses joueurs ont signé chez nous.

Le projet et la signature de joueurs en professionnel ne sont pas remis en question de manière générale. Néanmoins, est-ce que ces deux saisons sans Europe pointent les limites du projet du Progrès sur le plan sportif ?

Oui et non… Encore une fois, malgré les départs cette année, qui, je le concède parfaitement, étaient ceux de joueurs importants, on s’est sabordé nous-mêmes. Au mois de mars, on entendait partout que le projet du Progrès était le plus viable et le meilleur du pays, tout simplement parce qu’on était en tête de la BGL Ligue.. Pour moi, la situation se résume facilement et rapidement : aujourd’hui, pour que le Progrès continue à espérer jouer les trois premières places, et pour qu’on continue de le voir comme un éventuel candidat au titre dans les prochaines années, notre projet est le seul de viable. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne peut pas concurrencer certaines écuries sur le plan financier, c’est incontestable. Donc ma question est la suivante : en tant qu’entraîneur, tu préfères avoir pour un court laps de temps un Belmin Muratovic, ou un Sebastien Thill, ou ne pas les avoir du tout ? C’est pour moi une interrogation valide. Parce qu’en l’état, ces joueurs sont prêts à venir au Progrès alors qu’ils pourraient potentiellement prendre trois fois plus ailleurs. Ils croient en ce projet. Si ce dernier n’existe plus, pourquoi viendraient-ils alors chez nous, alors qu’ils ont des propositions bien plus intéressantes financièrement ? La qualité du projet, avec ses défauts, nous amène à la conclusion que c’est le seul viable pour avoir un si bel effectif. Je n’ai pas trouvé de meilleure stratégie, et je poursuis le développement car je crois profondément en ce que l’on propose.

Pour ce qui est de la saison à venir, la validation du nouveau staff est-elle actée ?

Tout est déjà choisi et validé. On attend simplement le bon moment pour l’annoncer officiellement, ce qui devrait arriver sous peu.

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