Swift Hesperange 3-0 FC Differdange 03 : L’analyse tactique

Cette 19ème journée de BGL Ligue offrait son lot d’affiches avec des rencontres directes entre les équipes du Top 7. 7 comme le nombre d’équipes, clairement identifiées, jouant l’Europe. Etant donné que le Progrès (2ème) recevait le Fola (3ème), il était évident que le vainqueur du match entre le Swift (5ème) et le FCD03 (4ème) allait faire la très bonne opération du week-end en intégrant le podium. Cette rencontre était rendue encore plus intéressante car elle opposait deux équipes sur une grosse dynamique depuis la reprise du championnat avec 9 points pris sur 9 possibles. Retour sur les clés tactiques de cet affrontement remporté par les locaux 3-0.

Au coup de sifflet final c’est bien le Swift qui s’installera sur la 3ème marche du podium avec une 4ème victoire de suite en 2022. Ce Dimanche, les joueurs d’Hesperange n’ont pas révolutionné leur football et ont joué avec leurs forces sans être trop inquiétés, par leur adversaire, sur leurs points faibles. L’analyse du match du Swift sera donc courte et, on l’espère, aussi efficace que ses joueurs.

Il y’aura plus de choses à dire dans l’analyse du match du FC Differdange qui a perdu son match en 1ère période. Si le changement tactique du coach Resende a remis son équipe dans le droit chemin, ses joueurs auront manqué d’un peu de tout, pendant 90 minutes, pour espérer retourner l’adversaire et obtenir un résultat positif.

FC Differdange : Une 1ère mi-temps ratée qui a conditionné le reste du match.

Pedro Resende proposait un système de jeu en 5-3-2 avec une défense à 5 composée de 3 défenseurs centraux et de deux pistons, Lempereur et Da Mota. Le milieu était en triangle pointe basse avec une sentinelle, Gulluni. Avec ce système de jeu, et face à un adversaire fort par ses individualités, deux questions se sont vite posées :

1) Celle du pressing des deux attaquants differdangeois
2) Celle de la gestion défensive des pistons Lempereur et Da Mota

Commençons par la première problématique, le travail défensif du duo Cabral-Moke. Lors des phases de préparations d’attaques placées faites par la défense centrale du Swift, on a observé un pressing quasi inexistant des deux joueurs. La 1ère relance hesperangeoise a donc pu se faire beaucoup trop facilement et, quasiment à chaque fois, a créé un décalage et donc un retard défensif que les DIfferdangeois ont toujours eu du mal à rattraper. Face à des individualités aussi fortes techniquement et intelligentes dans les déplacements que celle du Swift, le bloc differdangeois était toujours dans l’urgence défensive.

Aussi, lorsque le bloc rouge et noir était en place et forçait une relance longue adverse, les duels et/ou seconds ballons étaient souvent gagnés par des Hesperangeois plus agressifs sur le ballon. Un déficit d’agressivité défensive illustrée par le second but du match, sur corner, et une faute de marquage de Brusco sur le buteur Mokulu (2-0, 32ème). Un signe de la domination physique de Mokulu qui aura remporté son match contre la défense centrale du FCD03.

La seconde problématique était celle de la gestion défensive des pistons Lempereur et Da Mota. Face à une équipe d’Hesperange procédant par attaques placées, rendues possibles par le manque de pression appliquée sur les 1ers relanceurs, il était donc logique de retrouver les deux joueurs differdangeois alignés sur leur défense centrale. Le Swift utilisant la participation de leurs défenseurs latéraux, Da Mota et Lempereur se sont souvent retrouvés en difficulté défensivement car gérant, souvent seuls, des situations de 2 contre 1.

Ces situations était liées au manque de soutien de :

Avec une charnière centrale à 3, on aurait pu penser voir l’un des défenseurs la composant venir aider son piston. Cette relation défensive « défenseur central-défenseur latéral » a été trop peu présente et a mis en difficulté l’ensemble du bloc. Offensivement, le FC Differdange n’a pas pesé très lourd sur son adversaire en 1ère mi-temps. En effet, avec un bloc bas, la récupération se faisait logiquement bas sur le terrain. Les Differdangeois subissaient donc un contre-pressing de la part du Swift qui ne leur permettait pas de relancer dans de bonnes conditions. Aussi, lorsque les attaquants réussissaient à garder le ballon, le soutien de leurs milieux et pistons mettait du temps à arriver du fait de la distance à parcourir pour arriver jusqu’à eux. Lorsque le Swift redescendait son bloc et ne pressait pas, les Differdangeois n’en profitaient pas pour essayer de conserver le ballon et procéder par des attaques placées. Ils continuaient à essayer de chercher le plus rapidement possible leurs attaquants et perdaient le ballon 2 fois sur 3.

Pourtant, face à une équipe d’Hesperange que l’on a souvent vu vaciller, voire retournée, lorsqu’il fallait défendre collectivement, on aurait aimé voir les Differdangeois essayer d’utiliser le ballon lors de leurs récupérations. D’une parce qu’ils en sont capables techniquement, de deux parce que cela leur aurait permis de calmer le rythme du match et les temps forts de leur adversaire. En fin de mi-temps, nous avons d’ailleurs vu une attaque placée avec les ingrédients d’un système en 5-3-2 :

Cette action a immédiatement fait reculer le bloc hesperangeois jusqu’à la fin de cette 1ère mi-temps. On peut donc regretter que ces attaques placées n’aient pas été utilisées plus souvent. De manière générale, on peut également regretter le manque d’agressivité des joueurs differdangeois. Car, même si le système tactique du coach n’a pas fonctionné, le Swift a marqué sur ses deux seules occasions sur deux erreurs défensives qui auraient plombé n’importe quel plan de jeu :

FC Differdange : Au retour des vestiaires, un changement de système de jeu qui a fait beaucoup de bien.

Pedro Resende profitait de la mi-temps pour changer de système de jeu sans effectuer de remplacement. Le FCD 03 passait en 4-1-4-1 avec Da Mota et Cabral en milieux latéraux. Les Rouges et Noirs donnaient immédiatement la sensation d’être plus équilibrés dans tous les secteurs de jeu. Si la pression sur les 1ers relanceurs du Swift était toujours aussi faible, le nouveau bloc differdangeois réduisait considérablement les options de passes courtes adverses. Cela a permis de nombreuses récupérations de balle (aidées par une agressivité retrouvée) qui ont refroidi les prises de risques du Swift.

La possession de balle, et le match en général, sont donc devenus plus équilibrés. Un équilibre que l’on pensait voir dès la 1ère minute de cette rencontre et non à la 46ème minute et à 2-0 pour les locaux. Logiquement, les récupérations de balle étant plus nombreuses du côté des differdangeois, le bloc du Swift est redescendu et les joueurs de Resende ont eu les cartes en mains pour essayer de retourner la situation. Seulement, les Rouges et Noirs n’ont pas su mettre assez de qualité technique pour convertir leurs temps forts et ont souvent manqué leurs avant-dernières et dernières passes.

La clé du match du Swift Hesperange : Le dépassement de fonction de ses joueurs

Aniello Parisi proposait une formation en 4-3-3 avec un triangle pointe haute, c’est-à-dire avec deux milieux défensifs qu’étaient Marques et Terki. Comme évoqué plus haut, les Hesperangeois ont pu effectuer leurs 1ères relances assez tranquillement.Cela leur a permis d’appuyer sur leur point fort : les attaques placées. Pourquoi le Swift est-il si fort en attaque placée ? Grâce aux dépassements de fonction de ses joueurs. Ainsi, on pouvait observer :

On pouvait observer que chaque espace créé par le déplacement d’un joueur était automatiquement bonifié par un de ses coéquipiers. Face à un bloc differdangeois en place, ces déplacements bien utilisés grâce à une certaine justesse technique, ont permis au Swift de souvent faire la différence. Cela peut paraitre évident, mais ce dépassement de fonction est un élément essentiel offensif pour une équipe et que l’on retrouve souvent chez les joueurs issus du monde professionnel. Finalement, avec ces ingrédients, les Hesperangeois ne se sont pas créés un nombre important d’occasions, mais ils ont su être efficaces et ce, dans les deux surfaces.

Thomas Fullenwarth

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