En avant le Progrès

Au tout début de l’année 2021, le Progrès végétait à l’avant-dernière place du classement de BGL Ligue. Un début catastrophique qui avait coûté sa place à Roland Vrabec, vite remplacé par Stephane Léoni. Auréolé d’un enchaînement de match démentiel, le club de Niederkorn avait réussi une énorme remontée au classement, échouant à la qualifications en Europe lors de la toute dernière journée de championnat. Un rythme impressionnant qui se confirme encore cette saison, avec à la clé une première place en championnat après quatre journées. 

On joue la toute première journée de BGL Ligue quand le F91 se déplace sur le terrain du Progrès. Au bout de vingt minutes, les visiteurs mènent déjà 2-0. Un penalty tiré par Mazure est arrêté par le revenant Jonathan Joubert. Tant de signes qui laissent à croire que pour le club de Niederkorn, la rencontre risque d’être fort longue. Pourtant, soixante-dix minutes plus tard, le score final est de 2-2, et Dudelange n’est pas passé loin d’encaisser un but synonyme de défaite en fin de rencontre. Un résultat parfaitement symbolique de l’état d’esprit des hommes de Stephane Leoni depuis maintenant le début de l’année 2021.

Avant-dernier il y a 8 mois…

Lorsque l’ancien défenseur du FC Metz et du FC Differdange débarque sous la houlette d’entraîneur du F91, le bilan comptable n’est pas loin d’être catastrophique : 7 points seulement, une piteuse 15e place, et un retard déjà pratiquement irrattrapable sur les équipes de tête. Auréolé d’un des pires départs de saison depuis de nombreuses années, le Progrès n’a en effet pas hésité pas à dégainer, se séparant ainsi de Roland Vrabec. Son remplaçant va donc vivre sa première expérience en tant qu’entraîneur en BGL Ligue. Une rentrée dans le bain dans un contexte extrêmement particulier, avec le retour d’un Covid et une deuxième vague particulièrement forte. Si cette période dans laquelle le football est aux arrêts n’est évidemment pas un bon souvenir pour qui que ce soit, il n’est pas impossible que le néo-entraîneur ait su tirer profiter d’une situation compliquée pour apprendre à mieux connaître son groupe, ses forces et faiblesses.

Pourtant, lorsqu’en février le Progrès Niederkorn joue son premier match de l’ère Leoni, la probabilité de continuer de voir une saison catastrophique demeure. Sèchement corrigé par le Swift 5-2, l’équipe du sud ouest du pays semble loin de pouvoir sortir de cette période difficile. Et pourtant… Le goût de la défaite se fera bien vite rare. C’est bien simple : depuis cette défaite inaugurale, l’actuel leader du championnat n’est reparti bredouille d’une rencontre que deux fois : face au F91 1-0, et sur le même score face à l’Union Titus Pétange en avril 2021, soit il y a plus de cinq mois… Une véritable prouesse, ajouté au fait que le club a du composer avec un calendrier absolument démentiel (elle était l’équipe à avoir disputé le moins de rencontres au moment de la reprise), 

Requinqués, avec un football résolument offensif mais surtout une défense bien moins perméable que par le passé, le Progrès a grignoté, journée après journée le classement, avant de se retrouver, chose impensable, dans une position d’arracher l’Europe lors de la toute dernière journée. Une « finale » que les joueurs ne remporteront pas, mais qui témoigne néanmoins de la remontée phénoménale effectué par tout le groupe durant cette deuxième partie de saison. 

Premier aujourd’hui

Sans compétition européenne cette saison, le Progrès a pu s’offrir une préparation de plan et arriver en pleine forme pour la nouvelle édition de BGL Ligue. Alors qu’on attend le Swift, Dudelange ou encore le tenant du titre du Fola, le Progrès n’est que rarement cité dans les potentiels favoris pour le titre. Sauf que pendant ce temps, le club de Niederkorn engrange. Après un match nul inaugural dans un match spectaculaire face à Dudelange, les hommes de Stephane Leoni ont enchaîné. Trois rencontres, trois victoires, aucun but encaissé, et une position de leader. Preuve de la réussite du club, Issa Bah, grand espoir du club et déjà particulièrement décisif, a signé dans les derniers instants du mercato en Série A, à Venise. Un départ dans le monde professionnel qui semble montrer la réussite du projet du club, et valide les choix effectués en interne. Evidemment, tout n’a pas été parfait. Face à la Jeunesse, le club d’Esch aurait parfaitement pu ouvrir le score, dans une rencontre particulièrement ouverte et agréable. Mais c’est aussi dans ces victoires plus indécises, dans laquelle la réussite est de vôtre côté qu’on ressent le début d’une belle histoire.

Champion demain ?

Reste maintenant à savoir jusqu’ou le club de Niederkorn peut aller. Avec le soutien d’un public particulièrement fidèle – il y avait 1 300 personnes présentes pour le derby – une équipe en pleine confiance, un alignement total de l’entraîneur avec son Manager, et un système de jeu bien compris, les ingrédients semblent au complet pour offrir une saison de rêve. Evidemment, quatre journées de championnat ne sont pas suffisantes pour véritablement jauger toutes les équipes en lice. Mais il est certain que les voyants sont au vert du côté de Niederkorn, où depuis maintenant plus de six mois, les points sont avalés sur un rythme de champion. Pour réussir un tel exploit, il faudra peut-être réussir à remporter plus de confrontations directes face aux gros du championnat, même si, avec une moyenne supérieure à deux points par match depuis début 2021, le club pourrait parfaitement se placer comme candidat au titre en maintenant la même régularité. Mais nul doute que Stephane Leoni et ses hommes essaieront de trouver certains axes d’amélioration pour remporter ses grands clashs. Après tout, on n’arrête pas le Progrès.

Stéphane Léoni : « Amoureux de mon groupe »

Débarqué fin 2020 au sein d’un Progrès avant-dernier du championnat, Stephane Léoni, pour sa première expérience en BGL Ligue a su relever le club. Avec une moyenne supérieure à 2 points par matchs, une remontée au classement folle l’an passé, et une première place à l’heure actuelle en BGL Ligue, il n’est pas peu dire que l’entraîneur a réussi ses débuts. Pas de quoi s’enflammer néanmoins selon Léoni, qui préfère rendre hommage à son groupe que lui-même. Entretien :

Avant tout, quel bilan tirez-vous de ce début de saison ?

Très positif. On a pris 10 points sur 12. On est dans la continuité de l’année dernière au niveau des résultats et de l’ambiance. On a eu des joueurs qui sont partis dans le monde professionnel, ce qu’on avait envisagé avec Thomas (NDLR : Thomas Gilgemann, Manager du Progrès Niederkorn) en recrutant des bons joueurs. C’est le projet du club depuis des années, et ça semble marcher. Tout est clairement positif à l’heure actuelle.

Vous avez effectué une très belle remontée lors de votre première rencontre face au F91. Dans quel sens pensez-vous que ce retour de 0-2 à 2-2 a été déterminant sur le début de saison ?

Honnêtement, depuis mon arrivée au club, j’ai 100% confiance en mon groupe. Je sais ce qu’il peut faire, que mes joueurs peuvent retourner des scénarios difficiles avec la qualité offensive et l’état d’esprit qu’ils ont. C’est quelque chose de très beau, encore plus face à un gros adversaire comme le F91 de revenir de 0-2 à 2-2, et même avoir l’opportunité de remporter la rencontre. Pas tout le monde n’en est capable, et c’est ce qui me rend très fier. Plus les semaines passent et plus le travail effectué se fait sentir. C’est en tout cas de très bonne augure pour la suite.

Est-ce que vous connaissez votre moyenne de points depuis votre arrivée au Progrès ?

Si je ne me trompe pas, l’an dernier on était à deux points par match… Donc avec ce début de saison on doit être un peu au dessus de ça j’imagine ?

Exactement, vous êtes à 2.07. Et la dernière défaite ?

En match officiel… Je pense que c’était il y a quinze matchs, face à Pétange.

On peut donc parler d’un sacré bilan… En arrivant l’an passé dans une situation extrêmement compliquée, quel était votre constat initial sur la situation ?

Je trouvais, basé sur ce que j’avais vu dans les vidéos, que c’était une équipe qui prenait beaucoup de buts dans la transition, dès la perte du ballon. Il y avait beaucoup de contres destructeurs. Comme on dit, pour faire une belle maison, il faut commencer par les fondations, et c’est ce sur quoi je me suis attelé. Commencer par les bases et avoir une défense compétitive. L’an passé sur la phase retour, je crois que nous sommes deuxième du championnat et là on doit être dans le top 3. C’est dommage qu’on loupe les 20 premières minutes contre Dudelange, mais on n’a plus encaissé de buts depuis donc… La deuxième chose qui me paraissait importante était de varier les schémas : le jeu passait beaucoup à l’intérieur avant que j’arrive et je voulais utiliser plus les côtés, passer de l’un à l’autre plus rapidement, et mettre de la percussion pour faire mal à l’adversaire. Enfin, il était capital à mes yeux de savoir prendre la profondeur, ce qu’on fait très bien cette année je trouve. Quand un nouveau coach arrive, il débarque avec ses idées, et il essaye de les mettre en place. Les résultats montrent pour le moment qu’on a fait des bons choix, c’est satisfaisant.

L’aventure avait particulièrement mal commencé, avec une sale défaite face au Swift (2-5) : en regardant en arrière aujourd’hui, vous dites-vous que cette claque a été bénéfique ?

Un coach a toujours sa façon de jouer. Depuis des années, j’avais un dispositif que j’aimais appliquer.  Là, je n’avais pas les joueurs pour le faire et m’en suis vite rendu compte. Je dis toujours qu’un bon entraîneur doit tirer le maximum de son effectif. J’ai donc mis en place un dispositif adapté à mon groupe, et pas celui que j’utilisais avant et cela a marché.

Qu’avez-vous apporté à ce club ?

Dans le football, il ne faut surtout pas s’enflammer. Je le répète sans cesse à mes joueurs. Cette semaine on a beaucoup travaillé, il y en a qui faisaient la gueule, mais quand on est en haut, il faut en faire encore plus que les autres car on est particulièrement attendu. Je suis une personne qui prend les matchs les uns après les autres, pour les gagner…

On peut prendre match après match, mais quand cela dure depuis plus de six mois…

Alors disons que ce que j’ai apporté, ce sont les résultats. Quand je suis arrivé le club était avant dernier, et on a fini par rater l’Europe à la toute dernière journée, donc les résultats sont là. J’espère aussi que l’ambiance est appréciée, avec un côté familial mais aussi très compétiteur. Je suis très fier de mon groupe, et de leur mentalité. J’ai des mecs en or, des types qui bossent à fond. Je suis un peu amoureux de mon groupe on va dire (rires) !

Précisément, si on reprend l’an passé, vous arrivez dans un club en très mauvaise posture, et faîtes superbe remontée. Pourtant, vous étiez profondément déçu de ne pas accrocher l’Europe. N’était-ce pas trop en demander à vous-même ?

Je suis un compétiteur dans l’âme. Je m’étais fixé un objectif élevé et malheureusement… Il y a aussi eu des faits de jeu qui ne sont pas allés dans notre sens sur ce dernier match, comme ce but valable refusé. Mais oui, j’étais déçu. On avait tout fait pour jouer une finale sur le dernier match, et malheureusement, il nous a manqué un brin de folie ce jour-là. C’est aussi ce qui explique ma déception.

Sur quoi l’équipe doit-elle encore s’améliorer pour prétendre à encore mieux ?

Dans le jeu, on travaille beaucoup sur la possession du ballon dans les temps forts comme faibles. C’est vraiment mon gros objectif cette saison. Quand on est en difficulté, il faut savoir garder le ballon, ne pas le perdre trop vite et ne pas courir après. En s’améliorant sur la construction du jeu, on fera un gros pas en avant.

En tant qu’entraîneur, pensez-vous qu’il soit plus important d’analyser l’adversaire, ou bien de toujours se focaliser sur son propre style ?

Je pense qu’il faut varier les deux. Un bon coach, c’est aussi quelqu’un qui a des résultats. Certains ont des philosophies de jeu particulièrement ancrées mais ils terminent derniers du championnat donc bon… On est jugé sur nos résultats, pas sur notre philosophie, même si c’est important d’en avoir une. Et il faut aussi savoir analyser le groupe à votre disposition. Si vous avez un style de jeu mais pas les joueurs pour le mettre en place, alors c’est votre faute, car vous n’avez pas réussi à vous adapter et vous ne tirez pas le maximum de votre groupe. C’est cela avant tout. 

Au final, vous faîtes preuve d’un grand niveau de régularité, en particulier face aux équipes plus modestes. L’étape suivante est-elle d’aller chercher les gros ?

C’est sûr. Après, on dit toujours qu’un championnat se joue contre les équipes les plus modestes. Même si, il faut préciser que le niveau en BGL Ligue se resserre énormément, et qu’aucune rencontre n’est facile aujourd’hui. C’est dur de savoir. Evidemment qu’il est important d’engranger avec une régularité quand on est favori, mais si on ne l’emporte pas face aux gros, est-ce que ça peut suffire ? Dur à dire. La seule certitude, c’est que quand on veut être européen et dans le top 3, la régularité sera la donnée la plus importante. 

Les rencontres face au Fola, Hostert, le Racing et le Swift dans les 5 prochaines journées vont-elles vous permettent d’en savoir plus sur les capacités de votre équipe ?

J’ai déjà mes certitudes. Je me répète : il n’y a pas de match facile en BGL. Que vous jouiez le Fola, Hostert, Rosport ou le Swift… C’est un championnat difficile. Chaque victoire, il faut aller la chercher. Le championnat est en constante évolution. On a déjà joué le F91 qui est vice-champion, on va gagner à Rosport ce qui n’est jamais facile, et on bat la Jeunesse dans un match très accroché face à une belle équipe donc… J’en sais déjà beaucoup sur les qualités de mon groupe. Le premier vrai constat, on le fera à la trêve hivernale. Il faut continuer à garder cette invincibilité pour rester dans le haut du tableau, en particulier si on joue les équipes de tête. Et quand on ne peut pas gagner, il faut aussi savoir ne pas perdre.  Le match nul peut être un bon résultat, à l’image du nul contre Dudelange, qui nous permet aujourd’hui d’être premiers au classement.

Le départ d’Issa Bah dans les tout derniers instants du mercato, est-ce un coup dur ?

Pour l’effectif, c’est certain que c’était un joueur qui faisait énormément de différence. Mais sur le plan humain, voir un jeune joueur qu’on développe depuis de longues années aller en Série A, c’est une fierté énorme ! C’est le projet du club, ne l’oublions pas. Sur les trois dernières années, huit joueurs sont partis pro. Les jeunes viennent chez nous non pas pour l’argent mais le projet, et force est de constater que ce dernier marche vraiment et grandement. Quand on fait signer un joueur et qu’on donne notre parole de le libérer en cas d’offre de club professionnel, on se doit de la tenir. Il est hors de question de bloquer un tel développement. Je suis à fond derrière cette manière de faire, et très fier de voir que cela fonctionne avec Thomas et le Président. 

Cette saison marque aussi le retour des supporters dans les stades. Dans quelle mesure cela bénéficie t-il au club ?

C’est une aide énorme. Retrouver nos supporters, qui sont des membres à part entière de la famille Progrès, cela fait un bien fou. Ils sont toujours derrière nous, que ce soit en match ou lors des entraînements. Ils encouragent toutes les équipes chez nous y compris les jeunes. Ils sont au top, et ça joue un grand rôle. On les remercie, notamment Jean-Marie, notre chef des supporters qui est toujours là à nous soutenir, que cela soit à domicile ou à l’extérieur. C’est très fort de faire tout ça.

Au final : quel est l’objectif de cette saison ?

Remporter le plus de match. On fera un point plus tard. Je n’aime pas donner mes objectifs. Mon premier bilan je le ferais à la trêve, et après on verra. En avril, en fonction d’où on est, on parlera à la presse de notre objectif. J’en ai déjà un bien évidemment, mais je le garde pour moi et mes joueurs. Je n’ai pas envie de me mettre en avant dans les médias. Ce n’est pas ma mentalité.

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