Pourquoi est-ce si dur de jouer en Irlande du Nord ?

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Irlande du Nord
Les Slovaques aussi s'étaient cassés les dents à Belfast il y a plus d'un mois © AFP

Dans la plus pure tradition des pays du Royaume-Uni, un déplacement en Irlande du Nord n’est jamais anodin pour l’équipe qui s’y rend. Et c’est surtout loin d’être une partie de plaisir sur le terrain. 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de clarifier certains points afin d’éviter toute méprise. Non, l’Irlande du Nord n’est pas un pays anglo-saxon ou encore du Commonwealth au sens premier du terme. Créé en 1921, avec une majorité d’habitants protestants originaires de Grande-Bretagne, le pays est devenu une république en 1949, quittant le Commonwealth qui l’inféodait aux Anglais. La particularité de ce pays réside  donc avant tout dans son histoire. Marqué pendant des décennies par les « Troubles », conflit ayant mêlé politique, religion et diverses formes de communautarismes ayant fait des milliers de morts, l’Irlande du Nord est un pays plein de contrastes où chacun de ses citoyens possède sa propre histoire avec son pays, certains se sentant plus Britanniques, d’autres plus Irlandais, parfois même un savant mélange de tout ça. 

À domicile, forteresse presque imprenable 

Ce joyeux mélange des cultures explique en partie pourquoi on peut percevoir l’équipe nord-irlandaise comme ayant des points communs avec ses voisins au niveau de l’attitude sur le pré. 

Et comme ses voisins, elle possède une caractéristique qui lui est propre : il est particulièrement difficile d’aller jouer sur ses terres. 

Les Rout Léiwen peuvent évidemment en témoigner, eux qui avaient subi les foudres des hommes de Michael O’Neill il y a un peu plus d’un an dans leur antre du Windsor Park, dans une rencontre où il n’y avait pas eu match (2-0). Mais le Luxembourg est loin d’être un cas isolé. Si le dernier match des Green and White à la maison s’est soldé par une courte défaite face à l’Allemagne au cours d’une rencontre âprement disputée (0-1), ce revers était le premier pour l’Irlande du Nord depuis plus de deux ans chez elle (ndlr : défaite en septembre 2023 0-1 face à la Slovénie). 

Preuve de plus s’il en fallait une, l’Irlande du Nord restait avant cette courte défaite face aux Allemands sur 7 victoires et un nul à la maison au cours des deux dernières années. Si l’on veut même pousser un peu plus loin, la dernière équipe à l’avoir emporté par au moins deux buts d’écarts est la même Allemagne en… 2019. Plus de 6 ans. Une éternité à l’échelle du football qui prouve bien que rien n’est simple lorsqu’on se déplace à Belfast. 

La mentalité comme identité 

Mais alors, comment expliquer qu’une équipe soit aussi solide chez elle alors qu’elle n’a pour ainsi dire remporté que 2 de ses 10 derniers matchs à l’extérieur (pour 2 nuls et 6 défaites) ? 

Jeff Strasser a expliqué hier en conférence de presse ce qui faisait selon lui la force de cette équipe, et qui permet de faire le lien avec l’histoire du pays : la mentalité. Nous avons parfois l’habitude de caractériser les Irlandais par leur fameux « fighting spirit ». Les Nord-Irlandais ne sont pas en reste de ce point de vue-là et certaines racines communes rejaillissent au moment de fouler le rectangle vert. « Ils ont une certaine mentalité avec leur public derrière eux » confiait le sélectionneur hier. 

À une époque où l’impact d’une rencontre à domicile ou à l’extérieur a de plus en plus tendance à se lisser, un voyage en Irlande du Nord est un certain retour quelques décennies en arrière, à l’époque où se déplacer était un désavantage net et admis de tous. Le style de jeu peut également ramener quelques années en arrière, avec beaucoup de duels et le parti pris d’un jeu très direct caractéristique du kick and rush d’antan, revisité à la sauce « foot moderne », avec beaucoup de kilomètres avalés. Il est donc particulièrement difficile de répondre au défi physique imposé par une équipe galvanisée devant un public particulièrement bruyant.

Une opportunité de circonstance ? 

Malgré cela, une belle opportunité se présente pour Laurent Jans et ses partenaires. Après avoir perdu sur le fil en Slovaquie il y a quatre jours, Connor Bradley et les siens disputeront les barrages pour se qualifier au mondial, mais grâce à leurs résultats obtenus en Nations League (ndlr : ils avaient terminé premiers de leur groupe de Ligue C avec 11 points, loin devant le Luxembourg, dernier avec 3 points). 

Ainsi, le sélectionneur pourrait réaliser une large revue d’effectif afin d’éviter toute suspension qui pourrait handicaper son équipe pour ces fameux barrages de mars 2026. De plus, avec Ballard suspendu, Reid sorti sur blessure contre la Slovaquie, ou encore l’absence des deux Charles (Pierce et Shea), il y a fort à parier que l’équipe alignée ce soir sera bien différente de celle croisée il y a deux mois au stade de Luxembourg. De là à y voir une ouverture pour Sinani et ses coéquipiers ? Il n’y a qu’un pas qu’il faudra franchir sur la pelouse, dans une atmosphère qui sera, pour sûr, particulière. 

De notre envoyé spécial à Belfast

Boris Saint-Jalmes

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