Pascal Welter : « Ces choix étaient l’unique solution viable »

Malgré une belle saison et une qualification européenne, le Fola vit une inter-saison particulièrement compliquée, entre le départ de Sebastien Grandjean, la nomination de Miguel Correia, et un budget toujours plus rétréci. Alors que les observateurs s’interrogent sur la suite du projet eschois, Pascal Welter, directeur sportif du club, fait le point sur la situation actuelle.

Avant tout, revenons sur le départ de Sebastien Grandjean. Avez-vous été pris au dépourvu par cette décision ?

Je ne le savais pas mais je l’avais pressenti. Il y avait déjà eu une remarque de faite en décembre, dont je n’étais pas sur de s’il fallait la prendre au sérieux ou non. Mais mon instinct me disait qu’en effet, il n’allait pas prolonger.

Aviez-vous de votre côté l’envie de continuer l’aventure ?

On aurait voulu, mais seulement avec quelqu’un qui le désirait aussi, et dans le contexte actuel, c’était compliqué pour lui.

Alors qu’il semblait y avoir beaucoup de candidatures pour le poste d’entraîneur, qu’est-ce qui vous a décidé à faire le choix de la continuité avec Miguel Correia ?

Comme vous avez dit, la continuité. On sait ce que fait le staff depuis plusieurs années. J’ai côtoyé tous ces membres aux quotidien, je connaissais leurs idées, leurs philosophies, et je savais qu’ils étaient parfaitement en ligne avec ce que nous voulons produire. Miguel a assisté quatre entraîneurs, il a ses idées, et il mérite largement qu’on lui fasse confiance aujourd’hui.

Le nouvel entraîneur prend donc la position de numéro 1 dans un Fola, dont encore une fois, le budget vient de diminuer, jusqu’à l’extrême cette fois… Pourquoi un tel niveau de coupes budgétaires ?

C’est quelque chose qui a commencé avec la renonciation du contrat avec le LOSC. Ce n’était pas une décision de Gerard Lopez, je veux le préciser. Ensuite, il y a eu le Covid, qui a fait pas mal de dégâts au niveau des sponsors. Et la situation actuelle avec la guerre et ses répercussions économiques fait que beaucoup de ces sponsors aujourd’hui ne peuvent pas honorer leurs engagements… On a eu la chance de vivre des aventures magnifiques sportives, mais on ne peut pas prophétiser que cela va se répéter d’années en années.

On voit beaucoup de clubs au pays qui se lamentent de l’absence de qualification européenne, ce qui a tendance à fortement amputer le budget. Chez vous, il y a eu un formidable parcours l’an passé, une nouvelle qualification cette saison, et malgré tout, un budget toujours plus raccourci… Vous comprenez que cela paraisse dur à comprendre vu de l’extérieur ?

Il faut savoir qu’il ne faut jamais planifier avec ce budget. Dans la situation actuelle, on doit regarder chaque jour, et non pas imaginer des résultats futurs. Est-ce que les engagements que l’on prend peuvent tenir sans coupe d’Europe ? C’est ces questions qu’il faut se poser. Le club est dans une situation où les sponsors n’ont pas honoré leurs contrats. Il y a un risk management à prendre en considération, et aujourd’hui, cela consiste à réaliser que si une saison nous ne sommes plus européens, nous pourrions nous retrouver dans une situation extrêmement difficile. Donc on le prend en compte. L’année passé, nous avons recruté trois joueurs majeurs après avoir vu le tirage contre l’équipe de Gibraltar, en anticipant une qualification au tour suivant. C’est ce genre de choses qui peuvent mettre en danger un club. On sait qu’on est dans une précarité et situation difficile, peut-on dès lors continuer à prendre des risques ? Dans ce contexte, je pense que notre choix était l’unique solution viable.

Le projet de formation ne devient-il pas un peu trop agressif ? Peut-on continuer de viser l’Europe dans ces conditions ? Avez-vous fixé des objectifs particuliers de résultats l’an prochain ?

L’Europe n’est pas un objectif. Il y a un objectif qui est d’être prêt pour jouer la Conference League, et faire évoluer les jeunes au plus vite pour qu’ils engrangent de l’expérience et se rapprochent du niveau de joueurs confirmés. Nous avons fait un excellent parcours l’an dernier, malgré de nombreux blessés. On a beaucoup de jeunes au sein de l’effectif qui ont déjà montré d’excellente promesses et qui doivent maintenant confirmer. On va plus que d’habitude devoir regarder contre qui on joue pour trouver la manière d’évoluer sur le terrain, et l’objectif est de prendre le plus de points possible au plus vite, et titiller les habitués.

À titre personnel, n’est-ce pas usant année après année de savoir que les meilleurs éléments vont partir, et qu’il va falloir à nouveau reconstruire la maison ?

Je vous mentirais en disant que ça n’est pas le cas.. Bien sur que c’est difficile. Mais je me remets toujours en question, et dans la situation où on est aujourd’hui, je me sens encore plus motivé qu’auparavant. C’est une opportunité pour le club de se dire que l’on fait un virage complet, intégrer encore plus de jeunes. Beaucoup de gens nous ont sous-estimé ces dernières années, et tout le monde a vu nos résultats. La motivation est là. Lassitude, oui, fatigue, oui, mais l’envie est plus que présente.

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