Filip Bojic : « La concurrence est une excellente chose »

Filip Bojic, milieu du F91 Dudelange, revient sur la campagne européenne et le sentiment de déception, les débuts parfaits en BGL Ligue, et sa situation personnelle.

Comment le groupe a-t-il réussi à passer outre l’élimination européenne ?

Les moments difficiles permettent de savoir à quel point un groupe est solide. Les défaites, les déceptions, permettent d’en savoir plus sur un effectif. Nous avons tout très bien géré selon moi. Il y a eu beaucoup de discussions entre joueurs, avec le staff. Nous nous sommes dit les choses avec franchise, mais il n’y a jamais eu de propos déplacés, de débordements. C’était juste des discussions franches d’un groupe qui veut tirer vers le meilleur, et très productif. Après, c’est certain que nous avions des objectifs dans la campagne européenne que nous n’avons pas atteint, mais cela demeure une superbe expérience, que cela soit pour moi ou les autres joueurs. Maintenant, à nous de nous reconcentrer sur la BGL Ligue. L’an passé, nous l’avons remporté, ce qui nous a permis de vivre cette aventure européenne. On doit donc reproduire la même chose pour revivre des moments pareils, avec de meilleurs résultats.

En repensant à cette aventure européenne, il y a-t-il des regrets sur certains matchs, certaines approches ?

Au moment où vous me posez la question, forcément, la première chose qui me vient à l’esprit est le match retour contre Pyunik. Avoir gagné 1-0 là bas, et mener 1-0 à domicile…

Comment expliquez ce retournement de situation ? Les joueurs se sont-ils déjà vus au prochain tour ?

Je ne sais pas. Ce n’est pas comme si après avoir marqué nous avons commencé à marcher sur le terrain, à jouer trop relaxé. Pyunik a aussi eu un grand rôle là-dedans, on ne peut pas que se l’expliquer par notre performance. Ils ont très bien joué, sans jamais abandonner. Mais en effet, c’est vraiment ce match qui laisse le plus de regrets. On avait une superbe opportunité de faire quelque chose grand, et nous l’avons laissé passer. 

Durant cette période européenne, le club a réussi à gérer parfaitement la reprise de la BGL Ligue, avec quatre victoires en autant de match, le tout avec un effectif qui n’est pas si étoffé que cela. Est-ce que tu es confiant sur la capacité de Dudelange à faire toute une saison de BGL Ligue avec le groupe actuel ?

Pour tout ce qui est le recrutement, cela revient au staff et à la direction de prendre des décisions. Nous n’avons pas le plus grand groupe en effet, mais nous avons beaucoup de jeunes prometteurs qui sont maintenant sur le banc, et peuvent rentrer pour aider l’équipe. S’il n’y a pas de blessures, je pense que l’effectif que nous avons est amplement suffisant pour atteindre nos objectifs. C’est sûr que la période où les matchs de BGL Ligue et européens s’enchaînent était très intense, avec beaucoup de récupérations. Jouer tous les trois, quatre jours, c’est un challenge. Maintenant qu’on repasse au rythme d’une rencontre par semaine, on va reprendre l’entraînement comme toujours, et cela sera plus facile à gérer. Le coach a confiance en ce groupe. Tout le monde au sein de l’effectif sait exactement ce que l’on attend de lui, quel est son rôle lorsqu’il est sur le terrain. On a un groupe qui peut le faire.

Il y a eu beaucoup de départs cet été, entre Van den Kerkhof, Cools, Delgado, Bettaieb ou encore Hassan. Y avait-il eu de l’inquiétude au moment de reprendre au sein de l’effectif sur ces nombreux transferts ?

À la reprise de la préparation, oui, en effet. C’étaient tous des joueurs qui ont participé à beaucoup de matchs et ont contribué aux excellents résultats. Mais avant tout, on est tout simplement très heureux pour eux d’avoir trouvé des projets qui les attiraient. Mais c’est certain qu’à la reprise, il y avait des interrogations. Mais nous avons vu des joueurs de qualités rejoindre Dudelange, et cela nous a vite rassuré. Nous avons perdu d’excellents footballeurs, mais nous en avons aussi recruté. L’équilibre est bon, et les résultats jusque maintenant le prouvent. Au final, le terrain est le juge des choix, et jusqu’à présent, nous ne nous sommes pas trompés.

Face au Racing hier, vous avez remporté une victoire fort méritée, mais aussi rater un nombre conséquent d’opportunités. Est-ce que ce manque de létalité est quelque chose de potentiellement inquiétant ?

Avant tout, ce qui est très positif, c’est que nous nous créons énormément d’opportunités. Le fait que l’on arrive à se trouver, à provoquer du danger, c’est excellent. Depuis le début de la saison, nous avons régulièrement trouvé le fond des filets. Maintenant, c’est vrai qu’hier, nous aurions dû en mettre beaucoup plus. Je m’inclus dedans car j’en ai raté deux belles aussi. Oui, on peut travailler ça à l’entraînement, mais certains jours, le ballon ne rentre pas, pour un grand nombre de facteurs. Ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète, car depuis le début de saison, nous avons toujours marqué plus que l’adversaire, ce qui est le plus important dans le football.

Avec le titre remporté l’an passé, que peut faire Dudelange cette saison pour faire encore mieux ?

Prendre plus de points que l’an passé, et finir premier avec encore plus d’avance. La dernière saison a été très bonne, mais il y toujours de la place pour s’améliorer. J’aime beaucoup comment nous avons débuté la saison. Maintenant, rien ne sert de se projeter. Il faut y aller match après match, avec le maximum de concentration et toujours tout donner. Si – j’en parle encore une fois – on évite le trop plein de blessures, on peut faire de grand chose. Je suis optimiste sur le futur, et la capacité de faire encore mieux. Mais pour être honnête, si on fait moins de points que l’année dernière et que l’on finit champion, ça me va très bien (rires) !

En ce moment, tu es régulièrement dans le onze de départ, mais il y a une certaine concurrence, à l’image de Vova. Comment vit-on ce genre de situations au sein du groupe, quand il y a au final si peu de places de disponible ?

Avant tout, entre les joueurs, la relation est excellente. Ce n’est pas comme s’il y avait de la jalousie ou quoi que ce soit. Dans les vestiaires, l’ambiance est géniale. Evidemment, tout le monde veut être titulaire : tu ne serais pas footballeur si tu étais satisfait d’être sur le banc. Mais une saison est longue. À l’heure actuelle, ce que je semble proposer me donne une place dans le onze de départ, mais qui sait, dans quelques semaines, cela sera peut-être Vova qui apportera plus au groupe ? Le plus important au final est d’avoir beaucoup de joueurs de qualités, à toutes les positions. Personnellement, j’aime voir qu’il y a quelqu’un qui est prêt à bondir sur une mauvaise passe de ma part pour saisir sa chance. Cela m’oblige à toujours être à mon meilleur, que cela soit en match ou à l’entraînement. Si tu sais que ta place est assurée, je pense que cela va vite de ne pas toujours tout donner. Mais dans notre situation, ça n’est pas possible, et ça nous pousse tous à être à fond.

Tu es au club depuis 2020. Est-ce que tu te vois continuer l’aventure ici encore longtemps, ou envisages-tu un futur ailleurs ?

C’est ma troisième année ici. J’ai signé un nouveau contrat de deux ans. Je me sens très bien, heureux ici. L’équipe est excellente, on remporte les matchs, cela facilite toujours tout. Je me sens respecté et valorisé par le staff et la direction, mais aussi de la part des supporters. Je ne réfléchis pas trop au futur. Je vais bientôt avoir trente ans, donc il ne me reste pas non plus tant d’années à ce niveau, mais je vais essayer d’y rester le plus longtemps possible. Je suis très heureux ici, mais comme on dit dans le football : on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.

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