À l’occasion de la Fête nationale, retour sur 25 ans de règne, 25 images marquantes et autant de souvenirs du Grand-Duc Henri de Luxembourg, véritable passionné de sport et premier soutien de nos athlètes.
À l’aube du nouveau millénaire, dix mois après la déclaration d’abdication de son père le Grand-Duc Jean, le Grand-Duc héritier Henri devenait Son Altesse Royale le Grand-Duc de Luxembourg, duc de Nassau, prince de Bourbon-Parme. Déjà dès 1998, il était nommé membre du Comité International Olympique, laissant augurer une longue carrière d’amateur de sport, encore loin d’être terminée malgré l’annonce de son abdication prévue le 3 octobre prochain. En 25 années de règne, le Grand-Duc Henri aura connu treize Olympiades (été et hiver confondues), douze Jeux des Petits États d’Europe, et une médaille paralympique. Nous avons proposé à son Altesse Royale 25 images retraçant les événements marquants pour le sport luxembourgeois entre 2000 et 2025.
Altesse Royale, parmi ces 25 moments forts du sport luxembourgeois, lesquels Vous ont le plus marqué sur un plan personnel ?
SAR le Grand-Duc Henri : « C’était une belle sélection d’images ! Il y en a beaucoup, et forcément c’est difficile d’établir une échelle. Mais il y a deux événements aux Jeux Olympiques qui m’ont beaucoup marqué. C’est la quatrième place de Marie Muller en judo : c’est un moment très fort pour moi parce que j’étais présent et je m’attendais à remettre une médaille à une Luxembourgeoise. Malheureusement, elle n’a obtenu que la quatrième place et c’était vraiment chargé en émotion. Le deuxième moment, c’est l’arrivée de Andy Schleck à Beijing : là de nouveau je m’attendais à une médaille et on l’a ratée de justesse. J’ai remis les médailles mais ce n’était pas à un Luxembourgeois. Ce sont des moments où l’on est tellement pris par le sport, où les émotions – qui sont celles de tout le pays – sont extrêmement fortes. Et j’ajouterais également à Paris aux Jeux paralympiques la médaille de Tom Habscheid : c’était fantastique. J’étais présent et mon épouse a eu la grande joie de lui remettre la médaille. C’est une médaille qui compte autant qu’une médaille olympique. Aux Jeux, Patrizia Van der Weken a aussi fait une course exceptionnelle, et quand on voit ses résultats récents, on constate qu’il y a encore une progression et un espoir important pour cette extraordinaire athlète. On a en ce moment quelques pointures d’exception, sans parler de Jeanne Lehair qui a fait une course incroyable avec sa médaille d’or [ndlr : à Yokohama lors des World Triathlon Championship Series le 17 mai 2025]. J’étais présent à Paris pour sa course olympique, où elle a chuté pour des raisons techniques incroyables qui l’ont forcée à abandonner. Ce sont deux dames qui ont un potentiel énorme, et espérons que pour les prochaines olympiades de Los Angeles, il y aura un résultat positif pour nous. »
De manière plus globale, Vous avez vécu en 25 années de règne des moments sportifs de frustration, mais aussi de joie, voire de doute avec la période COVID, quel est l’événement que Vous retiendriez ?
« Je trouve que les Jeux Olympiques de Paris ont été exceptionnels. Du fait que c’étaient les premiers jeux qui se passaient véritablement en ville, au milieu d’une capitale, au pied de monuments absolument extraordinaires, avec des coulisses incroyables, une population qui était totalement derrière, une ambiance sensationnelle et une organisation parfaite ! Je dois dire que Tony Estanguet a été incroyable, il a mené tout cela d’une façon remarquable. En plus avec une mixité parfaite, et énormément de progrès dans le domaine environnemental… Les Jeux de Paris sont pour l’instant l’événement le plus extraordinaire que j’ai vécu. »
On Vous constate particulièrement ému et investi par certains souvenirs. Quels liens entretenez-Vous avec les sportifs luxembourgeois en dehors des compétitions officielles ?
« J’ai l’occasion heureusement de les rencontrer ici au Luxembourg. Quand je les invite à Berg ou au Palais, ils viennent pour des réceptions, je les vois en tête à tête et j’ai vraiment des moments privilégiés avec eux. Il y a évidemment les moments officiels, comme la remise du trophée du meilleur sportif de l’année, les visites des centres sportifs luxembourgeois. Le Luxembourg est petit, et on a donc plus d’occasions de rencontrer les personnalités notamment sportives, de façon plus informelle et privée que pendant les compétitions. »
Le sport est souvent un vecteur d’unité et de fierté nationale. À Vos yeux, quel rôle a-t-il joué dans la construction de l’identité luxembourgeoise contemporaine ?
« Quand on voit la façon dont les supporters luxembourgeois se manifestent dans tous les sports… Je prendrais volontiers l’exemple des Jeux des Petits États Européens. Malheureusement cette année je ne pouvais pas y être, mais mon fis Félix était présent à Andorre : nous sommes véritablement le seul pays où il y a un déplacement de population dans le pays organisateur. Et ceux qui font le plus de bruit sont les Luxembourgeois : ils sont là avec leurs drapeaux, le Roude Léiw qui est toujours très présent. Il y a une fierté nationale qui se manifeste : on voit que les Luxembourgeois sont tous derrière leurs sportifs. Nous sommes une population très attachée au sport. On ne fait pas toujours du sport, mais au moins on suit les performances sportives. Il suffit de regarder les journaux aussi. La partie consacrée au sport dans tous les journaux, pas seulement le vôtre, est exceptionnelle. On est très fiers de nos sportifs qui sont des ambassadeurs extraordinaires pour faire connaître notre pays. À l’époque où les deux frères Schleck étaient de toutes les courses, c’était une chose incroyable. Lorsque j’étais en Australie, tout le monde connaissait les frères Schleck et savait qu’ils étaient luxembourgeois. C’est un peu une façon de faire la promotion de notre pays. »
L’émotion dépasse parfois le cadre du sport pour toucher quelque chose de plus profond : la solidarité, l’inclusion, le dépassement de soi. Nos athlètes sont également des inspirations qui entrent dans l’histoire du pays ?
« Absolument, ce sont des personnes hors du commun qui se dépassent complètement, et c’est aussi une manière de modèle d’inclusion, à l’exemple du sport paralympique, et de mixité des populations : on pense tout de suite à Ni Xian Li qui a fait une carrière extraordinaire au Luxembourg, en participant à six Jeux Olympiques, et espérons-le participera encore à ceux de Los Angeles ! On voit que cette fierté va au-delà des Luxembourgeois mais appartient aussi à ceux qui sont venus au Luxembourg, aux résidents. Dans les sports d’équipe comme le football, c’est vraiment une façon d’intégrer cette population qui me tient extrêmement à cœur dans cette mixité chez nous. »
En regardant vers l’avenir, quelles disciplines ou quelles générations de sportifs luxembourgeois Vous semblent particulièrement prometteuses ou inspirantes ?
« On a parlé du triathlon et du 100m… En cyclisme, il y a des sportifs qui émergent, nous avons toujours eu cette tradition du vélo à Luxembourg. Finalement ici, il y a un petit réservoir, nous ne sommes que 650.000 personnes : il faut produire les grands sportifs et la concurrence est grande ! (Rire) Je crois que tout à coup il y a une personnalité qui se détache et qui a un don particulier. Ce don, on doit le développer le plus possible et nous avons toutes les infrastructures pour le sport d’élite : je pense que dans le futur, on aura encore davantage de sportifs qui pourront se détacher et faire des résultats remarquables. »
Les sports d’hiver et le ski en particulier ont toujours eu une place presque sentimentale pour Vous : le Grand-Duché peut-il espérer de nouveaux exploits comme ceux de Marc Girardelli ?
« C’est un ami que j’ai beaucoup côtoyé à l’époque. Il a eu plusieurs médailles aux Jeux, c’est un athlète formidable. Les circonstances ont fait qu’il est venu frapper à la porte de la fédération luxembourgeoise de ski, parce qu’il avait été refusé dans sa propre fédération autrichienne. On a eu cette chance de pouvoir l’accueillir. Mais notre pays est plat ! Notre géographie est ainsi, mais cela n’empêche pas que nous avons quand même Mathieu Osch et Gwyneth Ten Raa qui font des résultats. Pourquoi pas quelqu’un en patinage artistique ou en ski de fond ? Je crois que ce qui est important dans les Jeux Olympiques, comme le baron de Coubertin l’a dit, c’est de participer. Si nous pouvons faire un résultat, c’est un plus. »
Quel pourrait être Votre dernier souhait sportif avant la cérémonie de passation avec Son Altesse Royale le Grand-Duc Héritier Guillaume ?
« J’aurai encore plus de temps à consacrer aux Jeux Olympiques quand j’aurai passé la main à mon fils. La passation se fera le 3 octobre mais je continue dans le sport. La limite d’âge au Comité Olympique est de 80 ans, j’ai encore 10 ans devant moi, ce qui n’est pas mal ! (Rires) Je vais donc continuer à supporter les sportifs luxembourgeois dans tous les domaines. Ce que j’aimerais beaucoup voir, c’est que les jeunes s’investissent encore plus dans le sport et laissent leur tablette ou leur smartphone parfois de côté. Il faut vraiment se rendre compte que l’activité physique allonge la durée de vie d’une façon qualitative : grâce au sport, on vit plus longtemps en bonne santé. Il faut vraiment le redire, dans les écoles notamment : les enfants dès le plus jeune âge doivent faire du sport. »
Propos recueillis par Marco Noel
Mental Médias SARL
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