Rout Léiwen : 0 point, pourquoi ce ne serait pas si grave ?

6 minutes
©Gerry Schmit - sportspress.lu

Zéro point en 4 rencontres, et la possibilité dans tous les esprits de repartir bredouilles de cette campagne des European Qualifiers pour la Coupe du Monde 2026. Pourtant, il existe bien des raisons de pondérer ce résultat comptable. En voici 5 qui chacune suffit à ne pas tomber vent debout sur la sélection. 0 point : et alors ?

1

Parce que le Président de la FLF le craignait dès le tirage au sort

Le jour du tirage du groupe A, quand les noms de la Slovaquie, de l’Irlande du Nord et le billet du vainqueur de la demi-finale Allemagne-Italie en Nations League sont sortis des boules, Paul Philipp faisait grise mine. Les adversaires étaient coriaces, avec un géant à affronter. Un tirage qui laissait bien peu de marge de manœuvre au sélectionneur (à l’époque Luc Holtz), condamné à capitaliser des points dès le premier rassemblement en septembre et la double réception au stade national. Les matchs amicaux de mars (Suède et Suisse) restaient anecdotiques avant la tourmente du mois de juin. Et son successeur aurait la lourde tâche d’essuyer les plâtres dès son arrivée, avec l’ogre allemand en épouvantail. Finalement, après les deux défaites à domicile contre les Nord-Irlandais et les Slovaques, la perspective du zéro pointé se dessinait inexorablement. Sauf miracle, les points seraient probablement un objectif inaccessible, rendant le reste de la campagne forcément moins exaltante.

2

Parce que la campagne de 2023 était trompeuse

Il faut parfois apprendre à tourner la page, voire à la relire autrement. La campagne des Éliminatoires pour l’Euro 2024 était un magnifique chapitre de l’histoire de notre sélection, où nous n’avons jamais été aussi proches de nous qualifier pour une compétition internationale. Les victoires en Bosnie et au Liechtenstein ont encadré de beaux résultats à domicile. Mais il ne faudrait pas oublier qu’avant le barrage perdu face aux Géorgiens (2-0) et outre les fessées portugaises (0-6 et 9-0), les Rout Léiwen n’ont gagné aucune de leurs rencontres face à la Slovaquie. Et ont perdu leur unique match amical face à… Malte (0-1). Alors pourquoi la nostalgie de cet « âge d’or » ? L’équipe nationale est peut-être là où elle doit être, plutôt que là où les esprits optimistes l’attendaient. En perdant le meilleur buteur de l’histoire de la sélection, évincé pour ses affaires extra-sportives autant que pour avoir refusé de présenter les excuses publiques demandées par la fédération, les Lions se retrouvaient orphelins. D’autant que certains cadres sont sortis des radars, volontairement (Maxime Chanot) ou non (Vincent Thill, Mica Pinto). Jeff Strasser et son groupe ont un nouveau tome de la sélection à écrire, et l’histoire sera à coup sûr différente.

3

Parce que les dieux du football n’étaient pas avec nous

Jeff Strasser l’a asséné fataliste au sortir du hold-up des Slovaques au stade de Luxembourg (0-1) : « Sortir d’un match comme ça sans point, c’est plus que de la malchance. Les dieux du football n’étaient pas de notre côté. » En effet, se prendre un but à la dernière minute sur le seul tir cadré de l’adversaire après que Sinani a frappé deux fois les montants, c’est rageant. D’autant que les multiples interprétations du corps arbitral secondé par la VAR n’ont pas tourné en notre faveur lors des dernières rencontres. Korac touche le ballon de la main en tombant lors d’une bousculade avec un Nord-Irlandais : pénalty. Le même au duel trébuche sur son vis-à-vis en reculant : jaune-rouge. Carlson a le mauvais réflexe dans sa surface et décolle le bras du corps : pénalty et expulsion. Des suspensions en pagaille qui ont contraint le sélectionneur à bricoler, sans parler des blessures qui se sont enchaînées : Vincent Thill, Kiki Martins, Yvandro Borges, Enes Mahmutovic… La pièce est systématiquement retombée du mauvais côté cette année.

4

Parce que seul le barrage contre Malte en mars 2026 compte

Si l’on doit se sortir de la tête que le Luxembourg peut rivaliser avec des Slovaques, des Slovènes ou des Géorgiens huitièmes-de-finalistes du dernier Euro, sa place reste néanmoins en Ligue C. La campagne de Nations League et ses trois nuls pour trois défaites dans un groupe très homogène était un échec pour le groupe de Luc Holtz : il s’agira pour Jeff Strasser de remettre les pendules à l’heure et prouver que la sélection a durablement grandi pour ne pas rester dans le bas du panier aux côtés d’Andorre, Gibraltar, la Lituanie, l’Azerbaïdjan ou du Liechtenstein en ligue D. Et Malte, vainqueur de notre dernière confrontation en 2023 et de la Moldavie l’an passé, n’est pas sur la même dynamique que nous. Ces barrages sont pour les Maltais l’occasion inespérée de grimper l’échelon supérieur de la Ligue des Nations. Ses nuls face à la Biélorussie (0-0) et la Slovénie (2-2) en 2024 les placent à notre niveau. Le sélectionneur peut largement s’attirer le bénéfice du doute sur la campagne vers le Mondial 2026 : la qualification n’a jamais été un objectif. Mais face à Malte, il faudra montrer plus que du contenu intéressant : la victoire finale est obligatoire.

5

Parce que Jeff Strasser n’en est qu’à ses débuts

On a toujours tendance à avoir la mémoire courte quand il s’agit de tomber à bras raccourcis sur les responsables. Pourtant, il ne faut pas oublier que Jeff Strasser a été nommé à la tête de la sélection deux petites semaines avant le premier match en septembre, au milieu d’un maelström sans nom autour de la fédération. Son prédécesseur a jeté l’éponge, attaqué de toutes parts après une campagne ratée et la gestion chaotique des cas individuels. Les sorties de Chanot sur l’amateurisme d’une fédération attentiste et d’un coach qui avait fait son temps, les fautes de communication des instances, jusqu’aux dérapages médiatiques sur l’affaire Gerson Rodrigues, tout a sorti la sélection du cadre sportif pour l’emmener sur une pente politique et sociétale très glissante. C’est dans ce contexte que Strasser a été intronisé le 20 août. Il y a seulement 3 mois. Trois rassemblements, soit trois semaines de stage pour connaître l’effectif, imprimer son idée de jeu.

« Celui qui dit qu’il n’apprend plus rien est déjà en train de régresser. » (Strasser)

Or huit jours après son arrivée, avec la contrainte d’un Gerson non-sélectionnable sur décision de la FLF, un premier tsunami à gérer : Brian Madjo refuse d’honorer la convocation et choisit l’Angleterre. Être sélectionneur national ne s’invente pas. En point presse hier, Jeff Strasser se confiait : « On peut avoir une grande expérience comme joueur ou comme coach, la fonction de sélectionneur est totalement différente. On a certaines idées en tête et le quotidien te montre autre chose. Donc tu apprends tous les jours. Celui qui dit qu’il n’apprend plus rien est déjà en train de régresser. Il y a toujours des choses à apprendre ou à gérer différemment. »

À nous d’apprendre encore de cette sélection, dès vendredi face à l’Allemagne, et sans la pression des points.

Marco Noel

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