Avec des départs en cascade à Hesperange, à commencer par le principal investisseur et une fuite des talents, le nouveau directeur sportif des dames a dû s’employer pour construire son effectif autour de Karoline Kohr.
Exit Pauline Hurbain et Amy Thompson, parties rejoindre le projet du FCD03, exit Andreia Machado et Coraline Corplet, passées dans le giron du Racing. Les dames d’Hesperange étaient dépeuplées et il a fallu une sacrée ingéniosité pour tout reconstruire. Dans le rôle du maître d’ouvrage, Michael Phulpin, nouveau directeur sportif de la section féminine, a activé notamment deux réseaux dans lesquels il avait des billes : le Standard de Liège et le FC Metz. Avec à gérer un paramètre méconnu : la plupart des joueuses cadres de notre championnat sont encore en études, quand elles ne sont pas lycéennes, et au bouleversement d’un transfert s’ajoute souvent la difficulté de respecter un cursus universitaire.
Or, pour remplacer Hurbain dans les cages, il fallait du lourd. La mise au placard de Joy Jung par son club du Standard suite à l’arrivée en prêt d’Alyssa Fernandes, internationale française en U19 et doublure au PSG, a probablement facilité les choses. En quelques heures, son agent a réussi à lui trouver non seulement un nouveau projet mais aussi à sécuriser sa poursuite d’études. La gardienne n°2 des Rout Léiwinnen devra rapidement digérer ces changements pour rassurer sa défense dès samedi à Junglinster. Elle retrouvera au Swift une tête connue : la milieu offensive belge Marie Pierson, 20 ans la semaine prochaine, s’est en effet engagée au club fin août après quatre années passées au Standard Femina. Elle y a connu la Super League, gagné une Coupe de Belgique, porté le maillot des Red Flames en U17 et engrangé une expérience précieuse.
Côté voisins français, c’est chez ses amis du FC Metz que Phulpin s’est tourné, avec deux pépites issues des Grenats WU19 : Imène Boutrif, internationale algérienne en U20, et Maïa Diesler, pour qui l’aventure messine avait commencé dès 13 ans chez les U15. Les deux « anciennes » du FC Metz évolueront donc sous la houlette de Pedro Ferreira, nouvellement installé sur le banc.
Le coach de 27 ans venu de l’Etzella Ettelbruck (en Promotion d’Honneur l’an passé) a été contacté par le club avant l’arrivée de Phulpin mais correspond déjà à ses attentes. « Je pense qu’il va apporter beaucoup au groupe avec ses connaissances du foot. » De toute façon, il s’agit surtout pour le directeur sportif d’une « année de restructuration. Comme tous les clubs, quand tu perds des sponsors et de l’argent, tu perds des joueuses. On n’est pas une exception, ça arrive dans beaucoup de clubs. Le pognon, ça tue le sport. Or là je dois composer avec approximativement 50% du budget de l’année passée. Et je suis déjà en train de bosser sur les recrutements à la trêve hivernale et de l’intersaison. »
Une vision à long terme qui l’a obligé à activer des leviers rendus possibles par une double casquette. Car Michael Phulpin, choisi en premier lieu pour créer une deuxième équipe, a accepté le rôle de DS tout en gardant ses activités de scouting pour La RAAL La Louvière. Et il a ainsi accès à un vaste vivier de jeunes talents belges : « La Louvière a pour objectif de monter en Superleague féminine, certaines filles qui ne répondent pas aux exigences de cette ambition sont tout à fait qualifiées pour évoluer en Ligue 1 au Luxembourg. » Déceler la belle opportunité là où on ne la voit pas au premier regard. Comme par exemple après des blessures.
Pour Boutrif, après 6 ans au FC Metz dont 2 années en parallèle au pôle espoir du RC Strasbourg, la joueuse de 18 ans formée à Mont-Saint-Martin s’était engagée en juillet à Rennes au CPB Bréquigny. Le deal a finalement été abandonné, peut-être à cause de la rupture des ligaments croisés dont a été victime l’Algérienne la saison passée. Un mois plus tard en tout cas, elle choisissait le Swift et pouvait poursuivre ses études à Longwy, proche de sa famille et ses amis. Maïa Diesler aussi s’était blessée au niveau du genou, et c’est sans doute la raison pour laquelle elle n’a pas été conservée par les Grenats et a pu s’engager à Hesperange.
Les quatre recrues vont ainsi renforcer un cadre composé de Lena Alves, Olivia Konsbruck et bien sûr Karoline Kohr. « À mon arrivée, Karoline est la première à m’avoir dit qu’elle restait à 100%. C’est important, c’est un sérieux atout pour attirer des filles, et son expérience en Allemagne amène un professionnalisme à l’ensemble du groupe. Avec Lena et Olivia, et Joy dans les buts, on a un recrutement cohérent pour viser le top 4. »
Une ambition mesurée et lucide, à bien regarder la concurrence : « Quand on voit comment le Racing s’est renforcé, le recrutement de Differdange et notre budget réduit de moitié, je pense que si on atteint le top 4, on sera très content la première année. Et si on termine 5e loin devant la zone de relégation, ce sera bien aussi. Quitte à revoir nos ambitions à la hausse la saison prochaine. C’est un projet et une vision à long terme. J’en ai parlé avec le président qui adhère à cette démarche. »
Il ne reste qu’à en voir les résultats sur le terrain : la ligue 1 dames reprend dès samedi à 19h.
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