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L’art du recrutement

6 minutes
© Marco Noel

Chaque club a son identité, chaque directeur sportif son approche. Qu’il s’agisse de recruter de jeunes talents locaux, d’actionner des leviers à l’étranger ou de parier sur des joueurs dans le creux de la vague, le secret d’un mercato réussi dépend souvent de la stratégie imaginée en amont. Focus sur les méthodes de grosses cylindrées du championnat.

L’identité d’un club se fonde souvent sur la politique mise en place dans la construction d’un effectif. Le FC Victoria Rosport avec son recrutement local et son partenariat avec l’Allemagne voisine ou encore la nouvelle philosophie de la Jeunesse Esch avec son mercato axée sur la jeunesse dorée luxembourgeoise. Certains activent des filières bien spécifiques : ainsi, Arno Bonvini (UNA Strassen) mise en fil rouge sur ses U19 pour les intégrer au fur et à mesure en équipe première, Manou Georgen (F91 Dudelange) utilise intelligemment les contacts de son coach Mika Pinto qui insiste sur le fait que le FCD03 n’est pas le seul club du Grand-Duché à avoir ses connexions au Portugal… Car parmi les clubs habitués à jouer les premiers rôles ces dernières années dans l’élite, certains ont des projets bien définis, à l’image de leur directeur sportif respectif.

La recette Manso

Depuis son arrivée à Differdange avec Pedro Resende en 2022, Remy Manso a initié un recrutement fondé sur l’instinct opportuniste : dénicher des joueurs qui ont performé il y a plus d’une saison et qui ont subi une blessure ou une année blanche ayant fait baisser leur valeur et leur visibilité. Et surtout « attendre le 31 août ! C’est là qu’il y a les meilleures opportunités. » Ce pari semble risqué et a parfois essuyé des plâtres : Federico Andrada ou Joca à l’été 2024, Federico Varela à l’hiver 2025 et Amine Haboubi cette intersaison… Mais il faut bien reconnaître que dans le panier du directeur sportif, les bonnes pioches retiennent davantage l’attention : Jorginho, Leandro, et plus récemment Rafa Pinto ou encore le prometteur Boris Mfoumou. Pour y parvenir, Manso n’hésite pas à se déplacer au Portugal, son pays d’origine : cet été, ce ne sont pas moins de 7 joueurs évoluant au Portugal ou de nationalité portugaise qui ont rejoint les rangs du FCD03, le dernier en date Manuel Namora venant même de première division à Boavista. Depuis peu, le directeur sportif a également étoffé son réseau avec l’Argentine, où Juan Bedouret lui a permis de développer ses contacts, et dernièrement le continent africain. Le plus important pour lui, c’est que le joueur se fonde « dans le groupe. Niveau personnel, caractère, c’est très important. Peu importe que tu aies fait 300 matchs de Bundesliga ou de Premier Liga, c’est pas ça qui va créer l’harmonie dans la maison. » Force est de constater qu’en trois ans à la tête du projet sportif, Remy Manso a vu ses joueurs soulever déjà quatre trophées…

Progrès Project 

© Progrès Niederkorn

Le président du Progrès Niederkorn Thomas Gilgemann le martèle depuis plusieurs saisons, relayé par son directeur sportif et ancien joueur Yannick Bastos : le projet du club est de servir de tremplin vers le monde professionnel. À l’image d’un Olivier Thill revenu au Progrès pour un contrat de trois ans et qui s’est envolé après seulement un mois en Serbie du côté du FK IMT (Belgrade). Le bilan est certes louable à comptabiliser les transferts internationaux (Thill est le 18e en 7 ans). Mais cela implique parfois de se priver de ses meilleurs joueurs, notamment ces deux dernières saisons : après Jarmouni ou Bah, ce sont Burban, Jousselin ou encore Karamoko qui se sont envolés sous d’autres cieux. Niederkorn est d’ailleurs devenu le point de chute de ces joueurs lancés dans le grand bain et qui ont encore à prouver après une expérience mitigée : les retours de Alex Guett Guett ou Bilal Hend l’illustrent parfaitement. 

Parallèlement, le Progrès est entré dans une politique de valorisation des talents locaux et formés au club : lors des 4 premières rencontres, 7 premières licences étaient alignées dans le XI de départ et trois joueurs issus des équipes jeunes figuraient sur la feuille de match. Au cours de ce mercato, ils ne sont pas moins de 5 Luxembourgeois à avoir rejoint le club de l’abeille. Une stratégie capitalisant sur l’avenir et le local pour alimenter le projet et ainsi servir de pouponnière des talents européens.

L’analyse de Romain Ruffier

© crahesphotography

Le gardien du club de la capitale est arrivé à l’été 2024 en endossant un deuxième costume au Racing, celui de Directeur sportif. Il témoigne de ce challenge.

 « Réussir son mercato est très compliqué. Par exemple, pour ma deuxième année, je m’y suis pris tôt : j’ai signé le premier joueur le 15 janvier ! Avec le coach on savait quels profils on n’allait pas pouvoir conserver [ndlr : Yann Mabella, Allan Delferrière, Henri Dupays…], on a donc essayé avant tout de cibler des profils précis et des personnes en qui on a confiance. Mais un joueur qui a performé la saison passée, ça ne veut pas forcément dire qu’il sera bon cette année. Il y a l’adaptation à l’équipe, au coach, à la région aussi. Pour des joueurs comme Dominik Stolz qui connaissent le championnat et le pays, l’adaptation est facile. Mais pour des jeunes ou des joueurs qui viennent de l’étranger, on doit prendre en considération l’aspect JT ou pas, le niveau, l’aspect budgétaire, il y a de nombreux paramètres qu’on ne maîtrise pas. Et on ne peut que espérer que cela se passe bien. Cela a été le cas l’année dernière de William Mazié qui venait de R1, alors que d’autres clubs ont pris des joueurs de Ligue 2 avec qui cela n’a pas forcément marché. » Une question d’alchimie donc, difficile à anticiper, malgré les vidéos, les statistique ou même les entretiens avec des joueurs qui ont côtoyé le profil ciblé. « Certains joueurs mettent parfois longtemps à s’acclimater, et malheureusement en BGL on n’a pas forcément ce temps ! » 

Pas de quoi décourager ce passionné : « Gérer l’aspect budgétaire est très intéressant, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Parfois on peut se laisser prendre par le jeu de l’offre et la demande, mais on ne paie plus la valeur du joueur. Il faut se fixer des limites financières et revoir certains critères sportifs, réfléchir différemment et trouver le bon compromis. Cela demande des débats mais aussi une complicité avec le coach. » 

Marco Noel

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