Strassen 3-2 Wiltz : l’analyse tactique

Soyons honnêtes, il y’a 7 ou 8 ans, jamais on n’aurait imaginé assister à un Strassen-Wiltz aussi intéressant en BGL Ligue. Au-delà d’un match haletant, tendu mais aussi très joueur, on a vraiment pu profiter du fruit du travail de structuration et de progression de ces deux clubs au fil des saisons.

Cette rencontre a opposé deux équipes assez proches dans la hauteur et la structure de leur bloc respectif. Mais, ce qui a rendu le scénario de ce match intéressant pour nous, observateurs et supporters, c’est que les joueurs ont toujours eu la volonté de produire du jeu et, pour cela, se sont mis au niveau techniquement. Le FC Wiltz est venu avec un plan de jeu bien net et a posé des problèmes à l’UNA Strassen. Il a d’ailleurs eu des phases de temps forts plus nombreux que son adversaire.

Du côté de l’UNA, tout n’a pas été parfait dans sa gestion du match. Mais les hommes de Christian Lutz ont réussi à être efficaces défensivement dans les temps forts wiltzois, à s’adapter offensivement en seconde période pour re-poser des problèmes à un bloc adverse bien en place et marquer le 3èmebut.

Strassen a eu la bonne idée de remporter un match qui lui permet d’affirmer sa place sur le podium et de garder une « sécurité » de 5 points sur la 4ème place. Wiltz a montré de belles choses qui doivent lui permettre de regarder vers l’avant et non vers l’arrière.

 

La clé tactique du FC Wiltz : Réussir sa 1ère relance verticale.

Le coach Vandenbroeck proposait, au coup d’envoi, un système en 4-2-3-1.

Face au 4-1-4-1 adverse, cette formation devait permettre d’assurer une sécurité défensive axiale face aux deux milieux offensifs strassenois, Valente et Rouffignac.

Offensivement, au début du match, on observait les appels d’Osmanovic entre les lignes afin d’offrir cette fameuse solution de relance verticale qui permettait de faire le lien entre la ligne défensive et offensive.

Rapidement, on a pu se rendre compte que cette seule solution ne suffirait pas face à un bloc strassenois médian bas et avec des lignes compactes. On pouvait d’ailleurs voir Chris Philipps, identifié comme le relanceur principal de son équipe, multiplier les touches de balles en cherchant une solution de passe. Le défenseur wiltzois gardant l’ambition de ne pas balancer le ballon, il était obligé d’effectuer ses relances vers ses joueurs de côté. Ces zones de jeu étant bien occupées par Strassen, le FC Wiltz avait beaucoup de mal à enchainer et perdaient de nombreux ballons qui permettaient aux joueurs de l’UNA de faire ce qu’ils savent bien faire : les transitions offensives rapides.

Face notamment à un Nicolas Perez toujours dans l’anticipation avec des appels justes, la défense wiltzoise a souvent été en difficulté lorsque le ballon était perdu dans leur milieu de terrain. On a notamment pu identifier une distance trop importante entre les défenseurs centraux Philipps et Cetinkaya lorsque le 1er nommé se décalait sur un côté pour relancer le ballon. Cet espace était, à chaque fois, pris par les appels de Perez. Ce dernier, à la suite de cet appel, obtiendra le coup-franc qui amènera le pénalty du 1-0 (6ème, Perez, SP). Bloqués dans la 1ère relance, les Wiltzois ont su s’adapter enamenant de la présence et des appels entre les lignes autour de la sentinelle de Strassen, Bacconier.Lorsque Chris Philipps portait le ballon, on ne voyait plus, seulement, qu’un joueur entre les lignes, Osmanovic, mais trois :

• Osmanovic

• Ibrahimovic, avant-centre en décrochage

• Schroeder, milieu défensif qui montait d’un cran à hauteur d’Osmanovic

Cette densité dans l’axe du terrain forçait notamment les ailiers de l’UNA, Weirich et Cossou, à rentrer dans l’axe pour aider leurs coéquipiers. Ces déplacements libéraient et facilitaient la participation offensive des défenseurs latéraux. En conclusion, Chris Philipps se voyait offrir de nombreuses options de 1ère relance. Lorsque ce dernier trouvait un joueur démarqué, ses coéquipiers mettaient assez de qualité technique pour enchainer, créer des décalages et amener le ballon proche du but de Ozcan.

Mettre en retard le bloc défensif adverse permet d’obtenir des actions franches mais aussi des coups de pieds arrêtés. C’est sur ce type d’action que le FC Wiltz marquera ses deux buts (1-1, Ibrahimovic, 13ème + 2-2, Cetinkaya, 49ème). Défensivement, le FC Wiltz a mis de l’intensité et le cœur qu’on lui connait. Malheureusement pour eux, ils perdront un match dans lequel ils ont eu plus de temps forts que leur adversaire en encaissant 2 buts sur 3 évitables.

 

La clé tactique de l’UNA Strassen : La hauteur de ligne de récupération du ballon.

Christian Lutz proposait donc un système en 4-1-4-1.

La bonne saison de l’UNA, et sa seconde place au classement, modifie forcément le comportement de ses adversaires.

Contrairement au déplacement sur le terrain du Swift, que nous avions analysé en Septembre, Strassen va de plus en plus souvent se retrouver face à des équipes évoluant en bloc bas et avoir l’obligation de faire le jeu.

Nous avions mis en avant la capacité des hommes de Lutz à rapidement, et efficacement, se projeter vers l’avant et contrer l’adversaire. Hier, les joueurs de l’UNA ont réussi à vite se projeter vers l’avant lorsqu’ils récupéraient le ballon haut sur le terrain, dans le camp de Wiltz. En une à deux passes de qualité, bonifiées par les appels intelligents de Perez, les joueurs de Lutz amenaient le danger dans la surface de Schon quasiment à chaque fois. Mis en difficulté par ce qu’a mis en place Wiltz, ce que nous avons évoqué dans le chapitre précédent, Strassen a eu de longs temps faibles et a reculé son bloc.

On entendait le coach et le capitaine demander à leurs joueurs de remonter, mais on voyait bien que personne n’avait envie de prendre ce type de risque. Avec un bloc plus bas, la ligne de récupération de balle était donc également bien plus basse. Les transitions offensives rapides, les contres, n’étaient donc plus possibles car, face au contre-pressing wiltzois, les joueurs de l’UNA ne pouvaient plus relancer proprement le ballon. Dans ces moments compliqués, il est important de mettre en lumière le travail de Nicolas Perez qui a réussi à obtenir de nombreuses fautes sur des ballons aériens. Ces fautes permettaient à son équipe de récupérer et, surtout, de remonter un bloc ne faisant que subir au meilleur des temps forts du FC Wiltz.

Comment l’UNA Strassen a-t-il réussi à regagner en possession de balle, faire reculer le FC Wiltz et donc remonter sa ligne de récupération de balle ? Après la 60ème minute, l’UNA Strassen a changé sa disposition tactique en phase de préparation de relance défensive. On observait la sentinelle Bacconnier redescendre à hauteur de Bernardelli et Siebenaler pour former une ligne de 3 défenseurs. Ce placement permettait notamment aux 2 défenseurs latéraux, Stulin et Agovic, de se placer beaucoup plus haut et donc d’accroitre leur participation offensive.

Le nouveau placement de ces deux joueurs forçait donc les ailiers du FC Wiltz à re-travailler défensivement. A partir de ce moment, les joueurs de Strassen ont retrouvé la possession du ballon et ont donc fait reculer le bloc du FC Wiltz après avoir créé quelques occasions dans le jeu.

Si nous avons mis en lumière la qualité technique des joueurs de Wiltz, nous pouvons en faire de même avec ceux de Strassen qui ont réussi de beaux enchainements de passes courtes.

Le second but en est d’ailleurs l’exemple parfait avec une phase de jeu en passes courtes et des déplacements justes de l’ensemble des joueurs concernés par l’action. (2-1, 20èmeAgovic)

Ayant fait reculer le bloc adverse, les joueurs de l’UNA réussissaient de nouveau à récupérer le ballon plus haut.

L’origine du 3ème but est d’ailleurs une récupération de balle proche du but de Ralph Schon, fruit d’un contre-pressing du joueur ayant perdu le ballon quelques secondes plus tôt. (3-2, Perez, 77ème).

Après ce but, et pendant les 10 dernières minutes du match, on a retrouvé le Strassen que l’on connait, fort en contre, face à un FC Wiltz prenant tous les risques.

Cette période permettra également de mettre en lumière certaines limites de l’UNA Strassen dans la gestion de son match.

Déjà punis en encaissant deux fautes de marquage, sur coups de pied arrêtés, à des moments clés que sont : 

• 1-1 : Dans les 5 minutes suivant leur ouverture du score

• 2-2 : Dans les 5 minutes suivant la reprise de la 2ème mi-temps

On a été surpris de voir les joueurs de l’UNA continuer à jouer tous les coups à fond, dans les dix dernières minutes, et sembler chercher à tout prix à tuer le match en continuant à se projeter à 5 ou 6 joueurs.

L’exemple qui vient illustrer ces prises de risques est le contre du FC Wiltz, à la 88ème, lancé par une 1ère relance éliminant d’un coup… 6 Rouges et Noirs restés dans les 30 mètres adverses.

On a pu observer de nombreuses fois les défenseurs et le gardien de Strassen supplier leurs attaquants de travailler défensivement.

Si cela n’a pas porté préjudice hier, il est clair que la gestion du rythme des matchs, des comportements selon le score, sera un vrai axe de travail pour le staff et les joueurs de l’UNA.

Cela permettra d’apporter une régularité qui sera essentielle dans la course au podium.

 

Thomas Fullenwarth

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