Les Rout Léiwen ont rapidement laissé l’Allemagne derrière eux pour se projeter vers la Slovaquie. En quête des premiers points en European Qualifiers pour le Mondial 2026, les têtes semblent encore tournées vers le passé à en oublier de mordre. Morceaux choisis depuis le coup de sifflet final.
Le Président de la FLF Paul Philipp l’a confié au lendemain de la défaite 4-0 en Allemagne : « Il ne faut pas se cacher derrière le carton rouge« . Pourtant, tout le monde en parle au cours du voyage qui emmène la délégation de Sinsheim à Bratislava samedi. D’Alex Krüger, responsable arbitrage, qui explique que la règle a été appliquée à la lettre même si c’est une question d’interprétation, à Jeff Strasser qui a trouvé « le pénalty largement justifié mais l’expulsion sévère » et qui « aimerai[t] comprendre les règles qui évoluent sans arrêt, y compris au sein d’une même compétition« . Pour rappel, en septembre Seid Korac avait reçu seulement un avertissement en touchant le ballon de la main en position de dernier défenseur à la lutte avec un Britannique. Dans le staff aussi, on ne comprend pas cette interprétation de la loi XII, et certains expliquent que d’anciens arbitres internationaux voire des responsables des arbitres de grandes nations invalidaient ce carton rouge, à l’instar de l’ex-star allemande désormais consultant Bastian Schweinsteiger.
Si l’expulsion de Carlson à 70 minutes du terme fait autant parler, ce n’est pas tant pour son influence sur le résultat final que pour son absence demain à Trnava. Le sélectionneur le concédait en conférence de presse d’après-match : « On a eu du mal à rentrer dedans les 20 premières minutes« . Un constat partagé par le président qui regrette les nombreuses situations de la Mannschaft en début de match. Encore la question des entames de période, à l’image du cauchemar à domicile contre l’Irlande du Nord en match d’ouverture de ces European Qualifiers. « En deuxième mi-temps, je retiendrai que ça ne doit pas arriver » relève Strasser. Car le tacle de Veiga, fraîchement entré à la place de Bohnert au retour des vestiaires, engage au débat.
Même si un brillant Gnabry bénéficie d’un contre favorable, qui prouve une fois de plus que le sort se joue des Rout Léiwen, le défenseur de Flamurtari n’aurait-il pas pu se montrer plus dur sur l’homme à défaut d’être précis ? De même, le cafouillage dans la surface du même Veiga mais aussi d’un Moreira sans repère n’est-il pas symptomatique d’un manque de… grinta ? De ce vice dont on accuse souvent (à raison) nos adversaires et qui nous fait cruellement défaut dans les rencontres à enjeux ? D’ailleurs la zone mixte à Sinsheim voyait défiler des visages abattus et dépités, à l’image de Dardari, Dzogovic et Oli Thill. Ils avaient pourtant avec eux près de 2500 supporters, les plus bruyants de la PreZero Arena. « Le meilleur luxembourgeois au stade c’était les supporters. Ils ont parfaitement joué leur rôle de… onzième homme » rappelle Paul Philipp, alors que Strasser soulignait dès la fin de rencontre leur « soutien sans faille, ils méritent un immense merci et on aurait aimé leur apporter un meilleur résultat« .
Alors où sont nos Lions, ceux qui rugissent et n’hésitent pas à mordre ? Dans le staff technique de Jeff Strasser, on l’admet : « on est trop gentil« . Et il ne faudra pas l’être face à cette Slovaquie qui nous avait privé d’Euro il y a 2 ans et qui nous a volé un précieux point à la maison le mois dernier. Même quand l’avion est cloué au sol pour des problèmes logistiques, les joueurs ne bronchent pas. On sent une certaine… inertie. Bien sûr que nous sommes heureux de ne pas les voir jouer les divas ! Que nos garçons soient courtois, bien éduqués, calmes et affables, c’est une fierté. Mais cela transpire parfois sur le terrain, où l’on aimerait ne plus les voir faire de politesses aux pros en face. Car désormais, ils le sont tous (ou presque), pros. Certains jouent même les premiers rôles en Bundesliga ou un Liga Portugal. D’autres arpentent chaque semaine les terrains de championnats nationaux réputés engagés… Il est loin de temps où Jeff Strasser était le seul joueur évoluant à l’étranger en sélection. On peut invoquer l’arbitrage (parfois contestable) ou le sort (trop souvent défavorable), mais la chance ne sourit-elle pas qu’aux audacieux ?
En l’état, Jeff Strasser dispose de toutes les forces possibles dans sa liste. Oui Yvandro blessé est reparti et Dirk suspendu fait le voyage à blanc, mais demain à Trnava, il aura avec lui un Dardari qui ne cesse de monter en puissance et surtout retrouvera Sinani, un artiste capable de garder le ballon plus de quelques secondes ou de faire avancer tout le bloc. Le discours descendant va désormais être crucial, car on ne change pas des agneaux en lions d’un claquement de doigts. Strasser soulignait après le match vendredi : « J’ai aimé la mentalité de l’équipe, on a essayé de faire le mieux possible. Oui on aurait pu faire mieux mais le résultat aurait pu être pire. » On ne peut certes que lui donner raison. Et après le 2-0 au bout de 20 minutes, on aurait signé immédiatement pour que la mise ne soit que doublée en fin de match, qui plus est à dix contre onze. Mais les Rout Léiwen sont derniers de leur groupe, avec 0 point et un seul but marqué. Un classement qui ressemble à s’y méprendre à celui de Nations League en 2024 et qui était resté le même à la fin des débats. En interne, on commence à craindre ce scénario.
Et le public réclame de voir des Lions enragés. On ne crie pas « Roude Léiw, huel se! » pour la galerie. Seid Korac, qui semblait pourtant avoir incarné ce rôle à la perfection, semble moins combattif et affamé dernièrement. Dans les duels, on le voyait plus souvent derrière l’attaquant à le maintenir à distance que partir à la lutte. Échaudé par son expulsion avant l’automne ? Leo Barreiro semblait avoir pris goût au sang, en recardant un journaliste allemand en conférence d’avant-match et en assumant un rôle de leader. Mais sur le terrain, on l’a vu perdre un nombre de ballons inhabituel et subir le scénario de la rencontre. Quant à Kiki Martins, repositionné en charnière centrale pendant 45 minutes entre l’exclusion de Carlson et l’entrée de Selimovic, il n’a guère eu l’occasion d’insuffler quoi que ce soit dans les rangs de lions recroquevillés. Qui va sonner la révolte ?
« Perdre contre l’Allemagne, c’est OK« , nous confiait Paul Philipp hier. C’est la réaction qui va compter.
De notre envoyé spécial en Slovaquie
Mental Médias SARL
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