Le cricket est résolument un sport d’initié. Sorte de base-ball british à la sauce indienne, il réunit les passionnés expatriés et résidents sur les ovales du Grand-duché chaque samedi pour des parties qui peuvent durer plusieurs heures à… plusieurs jours !
Sur l’ovale homologué International Cricket Council (ICC) Pierre Werner à Walferdange en un samedi printanier, l’Optimists Cricket Club 2nd XI affrontait le redoutable onze de l’Heritage sous un soleil radieux et devant une centaine de spectateurs. Les chaises de jardin et les transats étaient de sortie. Pour profiter d’un bain de soleil ? Sans doute, mais surtout pour assister à de très longues heures de jeu. Car le cricket n’est pas un sport pour les impatients.
D’origine médiévale et inspirée de la crosse, inventé en France ou en Angleterre selon les sources, le cricket s’est surtout exporté dans les colonies britanniques à partir du XVIIe siècle : Amérique du Nord puis Cachemire vont y trouver un terreau fertile pour l’expansion d’un sport devenu presque emblème national. L’Inde y voit un moyen de dépasser les divisions sociales et de célébrer des héros venus de tous horizons. Sport de batte (plate) et de balle, il se joue à onze contre onze selon des phases de jeu bien délimitées. À chaque manche, l’équipe du lanceur (ou « bowler ») essaie de marquer des points tandis que deux batteurs, avec casques et jambières, doivent s’échanger leur place autour des deux guichets (éloigné de 20 mètres) au centre du terrain une fois la balle frappée pour réaliser un « run ». Disposés tactiquement partout sur le pitch, neuf coéquipiers du lanceur, les chasseurs, tentent alors d’intercepter la balle au vol. Le dixième, dit « gardien de guichet », est positionné derrière le batteur pour récupérer une balle en cas de lancer réussi qui élimine l’adversaire à la batte. On peut également le sortir du jeu si l’on parvient à « détruire » le guichet en lançant la balle récupérée. Comme au base-ball et son homerun, un bonus de 6 points est accordé si la balle frappée par le batteur sort des limites du terrain (symbolisées par une corde).
Le lanceur est changé toutes les six balles, et une manche est terminée lorsque dix des onze batteurs (ou « batsmen ») ont été éliminés : on échange alors les rôles après une pause bienvenue. Car autant prévenir : une manche peut durer plusieurs heures ! Et selon le type de partie (« first class cricket » pour les professionnels), le jeu se termine soit une fois un temps limité écoulé soit après quatre manches. Pour nos amateurs comme pour la majeure partie des petites nations, deux manches suffisent en «limited overs cricket ». De quoi ne pas dépasser une unique journée pour une rencontre qui se termine généralement en soirée. Une éternité malgré tout ?
C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le cricket est loin d’être médiatisé, encore moins en Europe occidentale. Avec l’immortalisation de scènes de jeu par les peintres Camille Pissarro ou Francis Bacon, il inspire en effet davantage la contemplation que le dépassement de soi et les exploits habituels vantés par la presse écrite. Pourtant, il n’y a qu’à passer quelques heures autour de l’ovale Pierre Werner et son clubhouse pour constater que la convivialité est de mise et que les athlètes sont de vrais compétiteurs autant gentleman (ils doivent respecter « l’esprit du jeu ») que de véritables bon vivants.
Après les Field Sports, deuxième volet de notre dossier « Sports à part » : ces sports méconnus, de niche, ou mal considérés. Peu médiatisés, ils représentent pourtant réunis plus de 14.000 licenciés sur notre sol. Ensemble ils formeraient la troisième grande richesse sportive du pays ! Entre communautés qui ont importé leur passion avec leurs valises et disciplines confidentielles, retrouvez ces sports à part qui font aussi partie intégrante du paysage sportif luxembourgeois.
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