Au Grand-Duché, rares sont les joueurs pouvant se targuer d’être des internationaux en activité. Parmi eux, la plupart défendent les couleurs de pays à la renommée modeste sur l’échiquier du football mondial. Mais parmi ces quelques internationaux qui évoluaient au Grand-Duché la saison passée, l’un d’entre eux a réussi la prouesse de se qualifier avec son pays pour la Coupe du Monde 2026. Oui oui, vous avez bien lu, on parle là de LA compétition que chaque gamin commençant à taper ses premiers ballons à l’école de football rêve de disputer. Et pour trouver ce joueur, inutile de chercher en BGL Ligue. Exit les Kevin D’Anzico, Yann Mabella et autre Jodel Dossou, pourtant parmi les CV les plus ronflants parmi les internationaux ayant évolué au pays lors de l’exercice 2024-2025. C’est du côté du Rumelange qu’il faut aller chercher, pour trouver trace d’Ahmad Assaf. Ce joueur polyvalent de 25 ans, capable d’évoluer aussi bien derrière qu’au milieu mais dont le poste de prédilection reste selon ses propres termes celui « de latéral moderne, à savoir un latéral avec beaucoup de volume de jeu et capable d’apporter offensivement » n’est plus vraiment un joueur comme les autres depuis quelques semaines.
Les suiveurs les plus assidus n’auront pas forcément retenu le passage de ce joueur au Luxembourg, et pour cause : avec cinq rencontres disputées à l’USR sur la saison passée, Ahmad n’aura pas forcément marqué les esprits. C’est pourtant bel et bien durant sa période rumelangeoise (entre février et mai 2025) qu’il aura réalisé ce qui n’était encore qu’un doux rêve quelques mois auparavant : réussir à être appelé par l’équipe nationale de Jordanie, l’un des deux pays de ce binational germano-jordanien. Même s’il n’avait jamais mis les pieds au Luxembourg, le joueur n’aura pas été dépaysé « dans un pays qui ressemble beaucoup à ce que j’ai connu en Allemagne, aussi bien d’un point de vue culturel que footballistique. »
Et cette arrivée à Rumelange s’est en partie décidée par la flexibilité qu’a montré le club avec son joueur, lui permettant d’aller à des camps de sélection organisés par la fédération Jordanienne hors des dates FIFA en janvier, pour passer des tests et tenter d’être appelé par l’équipe nationale pour les prochaines échéances. Les clubs ne sont pas tenus de libérer les joueurs pour des déplacements hors dates FIFA mais le joueur avait eu la parole de ses dirigeants qui ont tenu promesse le moment venu. Un moment dont aura profité Ahmad pour crever l’écran, au point d’être le seul joueur digne d’interêt selon les observateurs en charge de trouver une potentielle perle rare pour l’équipe nationale.
De quoi être appelé pour des essais lors d’amicaux. Là encore, le joueur de couloir va faire ses preuves, au point de recevoir sa première convocation sur la trêve de mars pour les rencontres qualificatives pour le Mondial. « J’ai été convoqué pour la première fois en mars pour les rencontres contre la Palestine et la Corée du Sud. Je pense que c’était une bonne chose pour moi d’être ne serait-ce que sur le banc lors de mon premier rassemblement avec l’équipe nationale, car même si je ne suis pas entré en jeu, cela m’a permis de voir ce qu’était le très haut niveau, avec des joueurs comme Heung Min Son en face de moi. »
Même s’il n’entre pas en jeu, le néo-international a gagné sa place dans le groupe entraîné par Jamal Sellami, qui va de nouveau faire appel à lui pour les matchs décisifs de juin. La génération dorée de la Jordanie, finaliste de la dernière coupe d’Asie et emmené par son leader Mousa Al Tamari qui évolue au Stade Rennais, a rendez-vous avec son histoire. Une victoire contre Oman combinée à une défaite de l’Irak face à la Corée du Sud offrant la première qualification à un mondial de l’histoire du pays. Mais avant cela, il y a un amical contre l’Arabie Saoudite quelques jours avant pour se mettre en jambes.
Et Ahmad va voir une opportunité en or se présenter à lui : « lors de l’amical fin mai contre l’Arabie Saoudite, notre capitaine Ehsan Haddad se blesse et je dois le remplacer à la mi-temps. Je fais mon match et derrière, le staff vient me voir pour me dire « Ahmad, le match le plus important de notre histoire arrive, et tu vas le démarrer en tant que titulaire. » Évidemment, j’adore mon capitaine et j’espère qu’il sera de retour très rapidement, mais j’ai saisi cette chance et je pense que j’ai fait de bons matchs lors des deux rencontres que j’ai disputées. C’est comme ça que j’ai participé à écrire l’histoire du pays. »
Car la suite va tout simplement se dérouler comme dans un rêve : un succès 3-0 grâce à un triplé d’Ali Olwan face à Oman, combiné à une défaite de l’Irak face à la Corée du Sud envoie Al Tamari et ses partenaires au septième ciel. Ahmad Assaf jouera 73 minutes de la rencontre avec le numéro 17 sur le dos. Les Nashama (Les courageux en arabe) valident donc leur billet et seront en Amérique à l’été 2026 pour disputer le premier mondial de leur histoire.
Le latéral aura été au bon endroit au bon moment, tant et si bien qu’il peine encore à réaliser ce qui lui est arrivé sur ces derniers mois : « Pour être honnête, je ne réalise même pas encore ce qui m’est arrivé. Les premières sélections, la qualification… J’ai l’impression d’être dans un rêve et que je vais bientôt me réveiller. Les joueurs, les membres du staff… Tous m’ont accueilli comme un membre de leur famille, et je leur suis extrêmement reconnaissant, ils m’ont mis en confiance et dans ces moments là, quand tu sens que les gens sont là pour te pousser, tu es capable de donner tout ce que tu as sur le terrain. Ce sont évidemment des sensations et des émotions exceptionnelles, entre Amman et le moment où je suis revenu à Berlin, les gens n’arrêtaient pas de me parler de ça, c’est complètement fou ! »
Forcément, cet exploit historique auquel il a pleinement pris part en disputant les deux dernières rencontres de qualification dont celle décisive à Oman l’ont fait changer de statut, les sollicitations des clubs arrivant des quatre coins du monde. Le joueur ne se précipite pour autant pas dans son choix, même si des touches en Asie sont les pistes les plus chaudes en ce moment. Ahmad fera de toute façon son choix en fonction du club qui lui offrira les meilleures garanties en terme de temps de jeu et de préparation idéale pour le mondial qui arrive dans un peu moins d’un an. « Je prends mon temps pour choisir, je veux aller dans l’équipe qui me permettra de me préparer le mieux possible pour la Coupe du monde. Disputer une coupe du monde est le rêve de chaque enfant, de chaque joueur de football, encore plus quand il s’agit de la première de l’histoire de son pays. »
Quand l’opportunité d’une vie se présente, mieux vaut savoir en profiter.
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