Après cette première campagne de l’ère Jeff Strasser, le constat semble assez clair : les Rout Léiwen n’ont pas démérité, mais le manque d’efficacité dans la zone de vérité aura clairement fait défaut. Que faire pour inverser la tendance ?
Dan Huet, présent en conférence de presse d’après-match du fait de la suspension de Jeff Strasser, l’a évoqué sans détour : le match de lundi en Irlande du Nord était le fil rouge de la campagne de qualification. Une équipe volontaire, qui se crée des situations sans parvenir à les concrétiser, et pour laquelle la pièce arbitrale tombe rarement du bon côté.
« Les décisions litigieuses sont rarement en notre faveur » Jeff Strasser
Au lendemain de la rencontre, Jeff Strasser n’a pas voulu polémiquer au moment d’évoquer la VAR et tout ce qu’elle représente, se contentant simplement d’évoquer des décisions litigieuses rarement en la faveur du Grand-Duché sur ces dernières années. Son prédécesseur Luc Holtz s’en plaignait déjà, à raison. Même si cet argument ne doit pas permettre de tout justifier au niveau comptable, il est impossible de nier que les Rout Léiwen ne sont pas vernis depuis un moment quand vient le moment de parler arbitrage.
Passée cette mise au point nécessaire, le technicien est revenu de manière un peu plus globale sur la campagne de qualification. Comme bon nombre d’observateurs, Strasser pense que celle-ci n’aurait pas dû se terminer avec un compteur vierge de point, déclarant que « tout dépendait d’où on mettait le curseur, mais que même les plus pessimistes pouvaient trouver 2-3 points supplémentaires à la campagne si tout s’était déroulé de manière un peu plus rationnel. »
Certains exploits individuels permettent parfois de tirer l’équipe d’un piège qui se profile et dans lequel l’équipe nationale semble invariablement être tombé bien malgré elle, ces derniers matchs. Avec un seul but inscrit en six rencontres, le manque d’un buteur référencé ne peut pas être occulté puisqu’il fait cruellement défaut. Un numéro 9 aguerri aurait probablement permis de « rationaliser » un peu plus ces qualifications, voire de faire oublier certaines décisions contraires en inscrivant quelques buts supplémentaires à des moments clés des rencontres. Avec des xG de 4,05 en leur faveur pour un seul but inscrit en réalité, la logique est implacable : le manque se fait ressentir. Le choix anglais de Madjo, la mise au ban de Gerson Rodrigues ou encore la situation physique délicate de certains éléments offensifs importants des dernières campagnes (Yvandro Borges, Vincent Thill) pèse forcément dans la balance.
Frustrant, tant l’impression laissée par l’équipe sur cette campagne est celle d’un groupe qui n’aura jamais lâché, se sera toujours battu, et aura eu des opportunités de faire basculer les rencontres dans son sens sur cinq des six confrontations disputées. D’un point de vue du jeu, l’équipe ne semble pas avoir régressé comparé à la campagne de Nations League de l’année passée qui avait vu les lions rouges terminer avec trois points, dans un groupe composé de l’Irlande du Nord, la Bulgarie et la Biélorussie.
Si le contenu doit être mis en avant, la sélection et ses décideurs ne pourra éternellement se satisfaire du jeu produit si ce dernier n’est pas suivi d’un minimum de résultats. Jeff Strasser lui-même l’évoque sans détour : « le football est un sport de résultat ». Comprenez : il va falloir commencer à gagner des matchs, et rapidement. Si l’indulgence pouvait être évoquée au vue de la qualité des adversaires affrontés et du contenu fourni, les prochaines échéances verront forcément la pression s’accentuer sur un groupe qui n’a gagné que deux matchs sur ces deux dernières années calendaire.
Le barrage de Nations League face à Malte fera en ce sens office de premier juge de paix.
Un maintien au terme d’une double confrontation maitrisée permettrait de donner le crédit nécessaire à ce qu’essaie de mettre en place le technicien, et à l’équipe nationale de continuer d’affronter des équipes d’un niveau correct, afin de continuer à progresser. A contrario, une descente en Ligue D, le plus bas échelon de la compétition, serait un véritable retour en arrière pour une équipe qui avait terminé avec 17 points au compteur lors de sa campagne de qualification à l’Euro 2024.
Passée l’heure des regrets, viendra dans les prochains mois l’heure de véritablement lancer ce mandat Strasser avec des résultats concrets, aussi bien sur le terrain qu’au tableau d’affichage. C’est à ce prix que Strasser et son équipe seront jugés, et le nouvel homme fort de la sélection ne le sait que trop bien.
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