C’est une tâche difficile voire impossible qui attendait l’ingénieur Strasser : reprendre une équipe en fin de cycle, plongée malgré elle au cœur d’affaires extra-sportives, le tout quinze jours avant une campagne de qualification pour une compétition majeure. Après quatre matchs et autant de défaites, bilan sur les forces et faiblesses d’une sélection en chantier.
En acceptant le challenge (et le rêve) de prendre les rênes de l’équipe nationale en août, Jeff Strasser savait qu’il aurait à se retrousser les manches. Priorité : éteindre l’incendie en se recentrant sur le terrain et miser sur la continuité. Dès sa première conférence de presse, il assurait : « Il n’y aura pas de révolution. On a une belle ossature avec beaucoup de joueurs évoluant dans de bons clubs à l’étranger. Ça restera la base de joueurs pour les mois à venir. J’aimerais pouvoir continuer à développer l’équipe nationale dans le sillage de ce que Luc a fait. »
Mais le sort en a décidé autrement : les blessures de Mica Pinto, Vincent Thill, puis en cours de stage de Kiki Martins ou Yvandro Borges, les expulsions de Seid Korac puis Dirk Carlson ou la suspension de Danel Sinani ont obligé le sélectionneur à rebattre les cartes qu’il croyait avoir en main. D’autant que le boycott de Gerson Rodrigues et la défection de la pépite Madjo sont des contraintes dont il se serait bien passé pour imprimer sa patte. Strasser appelle alors en renfort Oli Thill et Kenan Avdusinovic, prouvant qu’il est loin d’être hermétique aux talents évoluant en BGL Ligue. On voit même se dessiner les prémices d’une empreinte tactique, notamment dans la double confrontation face aux Slovaques. Il applique un jeu de possession, cher à son adjoint Dan Huet. Mais le bilan comptable reste sombre. La défaite à domicile contre l’Irlande du Nord (1-3) sur trois erreurs individuelles est lourde à digérer. D’autant que trois jours plus tard, la Slovaquie ruine tout le travail tactique d’un but à la dernière minute sur un ballon mal dégagé par Moris.
Les faits de jeu ne tournent en effet pas en sa faveur. Entre les décisions arbitrales (derrière lesquelles Strasser ne se réfugie jamais, il faut le souligner, même quand elles le font sortir de ses gonds) ou la malchance devant les cages, la pièce ne semble jamais retomber du bon côté. D’autant que les entames de matchs des Rout Léiwen face aux Nord-Irlandais et aux Allemands ne donnent guère de certitudes et que l’efficacité offensive fait cruellement défaut. De quoi voir le verre à moitié plein : « On ne parlerait pas d’efficacité si on ne se créait pas autant d’occasions », souligne le coach à notre micro. Mais de poursuivre : « Quand on se crée autant d’occasions de but, il faut marquer. Et cela à voir à un moment donné avec la qualité du dernier geste ou du joueur en lui-même et une certaine concurrence, élevée ou non. » Entre les lignes, on devine que l’architecte se mue en contremaître et qu’il doit faire avec le matériau à sa disposition.
Aiman Dardari est sans doute le Lion rouge le plus en veine en sélection. Auteur de l’unique but luxembourgeois de la campagne à ce jour, il apporte une fraîcheur et une explosivité qui manquaient à la pointe de l’attaque. Bien que la finition laisse encore à désirer, il gagne sinon ses galons de titulaire, du moins des points précieux en face de Curci et Muratovic, inexistants. En défense, c’est Mahmutovic qui a tiré son épingle du jeu, avec des prestations prometteuses, voire XXL à Trnava. Certains cadres se sont aussi montrés à la hauteur des enjeux d’une phase de qualification pour la Coupe du monde, à l’image de Danel Sinani, malheureux devant le but (avec trois frappes sur les montants) mais excellent en pivot, ou Laurent Jans, héroïque lors du premier match contre les Slovaques et capitaine courage dans la tempête. Mathias Olesen a livré quatre prestations scolaires, avec un énorme volume de jeu mais sans véritablement peser sur l’animation offensive.
Leo Barreiro, placé en 10 par Strasser à l’image du rôle que Mourinho se plaît à lui offrir, a été notamment auteur d’une excellente entame de match en Slovaquie. Mais après une petite demi-heure, il s’est complètement éteint, à l’instar de son match en Allemagne où il n’a pas pu exister. Christopher Martins revenu lors du deuxième stage a quant à lui joué les pompiers de service en charnière centrale quand Carlson a laissé ses coéquipiers à 10, ne pouvant réellement montrer sa palette technique, avec un manque dans la finition face aux cages slovaques. Anthony Moris enfin, après des hésitations sur la suite de sa carrière internationale, était branché sur courant alternatif : bien que seigneur face à l’armada allemande, il a concédé 10 buts en 4 matchs (dont 2 pénaltys) et certains lui sont directement imputables.
Korac a littéralement disjoncté contre les Nord-Irlandais, responsable d’un pénalty et coupable d’un mauvais geste sur Reid qui lui a valu un carton rouge… Son retour dans le XI contre l’Allemagne ne l’a pas mis en valeur mais c’est surtout Eric Veiga qui a tremblé face à la Mannschaft : après l’expulsion de Carlson, les Rout Léiwen ont encaissé deux buts sur lesquels il n’est pas tout blanc. Au même titre que Tomás Moreira, peu en veine à Sinsheim et resté sur le banc à Trnava. Selimovic enfin, auteur de deux entrées à oublier, notamment en Slovaquie avec un carton jaune orangé reçu sur sa première intervention et une deuxième ruade oubliée par l’arbitre, n’aura guère convaincu.
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