Les fans de sports automobile connaissent Gil Linster : le pilote Luxembourgeois qui a tracé son chemin vers l’Amérique du Nord pour concourir en NASCAR. Depuis cette saison, il a désormais sa contrepartie : Marco Chang. Canadien, le joueur de Berbourg a connu un itinéraire totalement hors du commun depuis Toronto à la poursuite de son rêve. Entretien.
DRIBBLE! : Quels ont été tes débuts dans le football ?
Marco CHANG : Franchement, ça n’a pas été simple pour moi au départ. J’ai commencé assez tard : je n’avais jamais touché un ballon avant l’âge de dix ans. En grandissant au Canada, il n’existait pas vraiment de parcours clair vers le haut niveau, ce qui compliquait encore les choses. J’aimais ce sport, je travaillais dur et j’étais ambitieux, mais le plus grand défi a toujours été de trouver le chemin pour transformer mon rêve de devenir professionnel en réalité.
Et c’est à ce moment que tu as rejoint Richmond Hill ?
J’ai intégré le Richmond Hill Soccer Club dès l’enfance. Même si je suis né à Toronto, j’ai grandi là-bas, en Ontario, et c’était le club local. J’y ai passé la plus grande partie de ma formation avant de rejoindre le Vaughan Soccer Club lors de ma dernière année. En Amérique du Nord, les parcours ne sont pas aussi structurés qu’en Europe, où les joueurs progressent dans les académies des U12 jusqu’aux U19.
Pour moi, la suite logique après l’Ontario était de partir aux États-Unis afin d’obtenir une bourse et de m’engager dans les championnats universitaires. J’ai en fait joué pour trois universités différentes. J’ai commencé à West Liberty University, une école de Division II, lors de ma première année. À l’époque, je n’avais pas les contacts nécessaires pour entrer en Division I et, quand j’ai essayé, la plupart des bourses étaient déjà attribuées. West Liberty m’a proposé une bourse complète, alors j’ai saisi l’opportunité.Après, j’ai été transféré au Louisburg College, en Caroline du Nord, un junior college classé au niveau national, où j’ai joué pendant un an et demi.
Ensuite, j’ai rejoint La Salle University, en NCAA Division I, à Philadelphie. Après avoir obtenu mon diplôme à La Salle, j’ai évolué avec The Villages SC en Floride, dans l’USL2 League, le meilleur championnat au niveau amateur, voire semi-professionnel. Le problème de l’USL2, c’est qu’il ne dure que deux mois, l’été. Après, les joueurs retournent à l’université ou attendent la saison suivante.Grâce à une relation, j’ai ensuite rejoint Battle Born FC, qui devait construire son propre stade et passer professionnel. J’y ai joué un an, mais malheureusement, à cause de la politique et de nombreux contretemps, le projet a complètement échoué.
C’est ce qui a motivé ton départ en Europe ?
Oui. J’avais déjà créé pas mal de connexions, et une agent, après avoir vu mes vidéos, était convaincue que je pouvais aller plus loin. C’est elle qui m’a mis en relation avec le Dynamo Schwerin, un club d’Oberliga [ndlr : cinquième division allemande]. Je suis rentré chez moi pour régler les démarches de visa, mais elles ont pris du retard. Quand je suis enfin arrivé à Schwerin, j’avais manqué toute la pré-saison, et l’entraîneur principal était absent. Seul l’adjoint était là.
Je pensais avoir bien joué au cours du premier match, mais ils m’ont refusé parce que j’étais « trop petit ». Heureusement, le coordinateur du club est intervenu et m’a trouvé une place à Berßel, la seule équipe capable de m’offrir à la fois un logement et un salaire pour m’installer en Allemagne. J’y ai donc joué en Landesklasse [ndlr : huitième division] pendant environ quatre mois.
Parce qu’ensuite, Wilhelmshaven t’a emmené jusqu’en Oberliga…
J’ai toujours su, au fond de moi, que j’avais le niveau pour jouer en Oberliga. Heureusement, Wilhelmshaven a cru en moi. Ils ont payé l’indemnité de transfert et je les ai rejoints en janvier dernier. Dès mon deuxième match, j’ai vécu le derby contre Oldenburg : un scénario rêvé.
J’ai marqué dès la quatrième minute et inscrit le but de la victoire. Ce moment a été immense pour moi : la preuve que j’avais ma place en Oberliga. C’était un sentiment extraordinaire… Un peu moins intense que celui de mon premier match avec Berbourg, quand même .
Comment as-tu atterri chez nous ?
En fait, je suis venu au Luxembourg grâce à un agent, Deniz, qui représentait déjà un autre joueur du club. Notre entraîneur, Josef Cinar, lui a demandé de lui conseiller un milieu capable de jouer des deux pieds et de contrôler le jeu. Deniz m’a alors dit : « Marco, je pense que c’est pour toi. Tu devrais tenter ta chance et voir ce qu’il en ressort. »
Que penses-tu du niveau ?
Pour être honnête, j’ai été un peu surpris ! L’Oberliga, une ligue considérée comme solide, surtout pour les suiveurs d’Amérique du Nord. Donc, quand j’ai annoncé que je rejoignais la deuxième division luxembourgeoise, beaucoup m’ont dit : « Marco, tu fais deux pas en arrière dans ta carrière. Ce n’est pas un bon choix. » Mais une fois sur place, j’ai eu un ressenti totalement différent. L’intensité était là, la tactique était là, la qualité technique aussi. J’ai été réellement impressionné par le niveau de la Promotion d’Honneur.
Parlez-vous ouvertement des objectifs de la saison ?
Ce n’est pas seulement l’équipe : tout le club, et même toute la ville, est tourné vers la montée en BGL. Si vous assistiez à nos entraînements, à notre préparation tactique, si vous voyiez notre mentalité et l’intensité que nous mettons, vous comprendriez tout de suite notre sérieux. Notre objectif est clair : accéder à la BGL Ligue tout en offrant du spectacle à nos supporters.
Et tes ambitions personnelles ?
Personnellement, j’ai toujours voulu jouer au plus haut niveau possible. En venant du Canada, mon chemin a été plus compliqué, car le football n’y est pas considéré comme un sport de premier plan, et gravir les échelons pour arriver en Europe a été un vrai défi. Mais depuis l’enfance, c’est mon rêve. Aujourd’hui, je vois cette étape de ma carrière comme un tremplin, l’occasion de me prouver et, je l’espère, d’accéder à des niveaux encore supérieurs !
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