Que ce soit en réaction bord terrain, en confidence le soir autour d’un soda ou le lendemain au cours du voyage retour, analyse en chaud et froid du premier match européen de l’année pour les acteurs de Differdange.
Un match de Champions League n’a pas la même saveur que les autres. Même s’il s’agit du tour préliminaire et qu’on regrette de ne jamais y entendre résonner l’hymne européen. Même si c’est au Kosovo et qu’il a fallu une véritable odyssée pour rejoindre Pristina depuis Differdange. Même quand on en repart avec une défaite.
D’autant que certains ont un goût amer dans la bouche quand vient le temps de l’analyse et qu’il s’agit de revenir sur une rencontre au cours de laquelle les Differdangeois auront longtemps tenu le match nul. Une partie où ils se sont sans doute montrés trop timorés la première demi-heure, où ils auraient dû entreprendre davantage offensivement. Kevin D’Anzico toujours aussi exigeant avec lui-même témoignait avant de remonter dans le bus : « On ne peut pas se cacher, on encaisse un but bêtement et surtout, on doit mieux construire pour porter le danger vers l’avant. » Le défenseur central de 24 ans a d’ailleurs eu l’occasion la plus manifeste côté FCD03, d’une tête smashée repoussée par miracle par le portier kosovar (81’).
De leur côté, Dylan Lempereur et Théo Brusco, s’ils éprouvent la même « frustration », se disent satisfaits de la performance collective face à une équipe « qui a gagné tous ses matchs à domicile ». Alors que le latéral gauche insiste sur l’objectif de la victoire la semaine prochaine et la récupération, le défenseur central quant à lui souligne que « on savait que ce ne serait pas facile. On a répondu présent même si on a mis 20 bonnes minutes à se mettre dedans. »
Ce sentiment de frustration, voire cet aspect rageant, sont surtout dûs au déroulé du match, comme l’analyse Brusco : « Au fil du match, on commençait à faire des belles choses, à se réquilibrer et se livrer un peu plus. Et au moment où on allait passer devant, on se prend ce but malchanceux, qui passe entre les jambes… » Une question de momentum donc, car le FCD03 était en train de prendre l’ascendant psychologique sur une équipe qui les avait manifestement sous-estimés.
Et se sont faits cueillir sur une phase de transition par un centre en apparence anodin qui a surpris tout le monde, y compris le Kosovar à sa réception. Or D’Anzico était monté créer le surnombre en phase offensive et le trou n’a pas été comblé par ses coéquipiers. Et comme des dominos cet unique instant d’inattention collective a conduit à un but venu de nulle part. Théo Brusco est fataliste et préfère en rire : « on a l’habitude à Differdange, on n’est pas aidé à chaque fois ! Mais on sait aussi que chez nous ça fait des années qu’on n’a pas perdu. »
Et ce fut le discours du coach Pedro Silva fier de ses joueurs à la fin du match comme du président Fabrizio Bei le lendemain : « Il faut rester confiant ! De toute façon, que ce soit 0-0 ou 1-0, la conséquence est la même : on doit gagner à la maison. » Mais pour tous les acteurs du soir, une réflexion est systématiquement revenue dans les discussions ou confidences : avec Leandro Borges dans l’entre-jeu mardi, tout changera. Théo Brusco l’assure : « quand ils vont voir arriver Leo, ils sauront ce que c’est le meilleur joueur de BGL ! »
Et la roue tournera enfin dans le bon sens. Le retour du roi Leo, attendu comme le messie dans un milieu créé de toutes pièces et dans l’urgence (avec les départs conjugués de Diogo Silva et Guillaume Trani ajoutés à la blessure de Ludo Rauch) devrait porter ses fruits. Non seulement à la récupération des longs ballons des kosovars, mais aussi dans la projection vers l’avant. Car construire demande des automatismes, même pour des joueurs de la qualité de Bruninho, Jakobi et Pinto.
Pour Dylan Lempereur, il ne faut pas laisser la défaite masquer les points positifs – et ils sont nombreux. Tous saluent la technique d’un Boris Mfoumou (que certains auraient souhaité voir entrer avant l’heure de jeu) ou l’engagement de Rafa Pinto. Or, qu’il s’agisse des jolies promesses de ces recrues encore à court de forme ou des assurances tout risque de la ligne défensive, « il reste une semaine pour tout travailler, car on a parfois manqué de lucidité pour récupérer le ballon. On a beaucoup pressé mais souvent mal. On a quand même fait un bon match. Maintenant on va avoir une semaine pour bien récupérer et travailler le positionnement défensif. Mais finalement on a très peu concédé, et à part ce but, on a bien défendu. On peut faire plein de choses en une semaine. »
Une semaine pour changer le cours de cette double confrontation et embarquer pour Copenhague la semaine suivante. Une semaine pour passer ce diable de premier tour et se garantir un parcours tout tracé vers la Conference League. Voire rêver plus haut.
De notre envoyé spécial, en transit à Zurich
Mental Médias SARL
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