Si Dudelange, Hostert et Bettembourg ont réussi leur examen au rattrapage pour obtenir une licence européenne et avoir le droit de disputer une compétition internationale, la décision de l’instance d’appel de la FLF interroge sur la situation du Progrès Niederkorn.
Le communiqué de la FLF est tombé : il annonce que « les 4 clubs suivants F91 Dudelange, FC Progrès Niederkorn, US Hostert et SC Bettembourg ont obtenu une licence UEFA pour la saison européenne à venir (2025/2026). Pour le club FC Progrès Niederkorn, l’instance d’appel a confirmé la décision de la première instance de révoquer avec effet immédiat la licence UEFA accordée l’année passée (16 mai 2024). »
Traduction : soupir de soulagement pour Gerry Schintgen (F91). Même son de cloche mais à moins fort impact pour Jacques Wolter (USH) et Patrick Hutmacher (SCB). Et pour Thomas Gilgemann (Progrès) ? La situation est plus complexe qu’elle en a l’air. La licence est accordée pour la saison prochaine. La FLF précise : « Pour la saison UEFA 2025/2026, le club FC Progrès Niederkorn a présenté le 14 mai 2025 un audit sur les états financiers clos le 31 décembre 2024 qui correspond à nouveau aux critères obligatoires de l’UEFA. » Ainsi, les Jaune et Noir s’ils gagnent leur place sur le podium sportivement pourront goûter à nouveau aux joies de la compétition européenne. Grâce notamment à une politique de gestion économique rigoureuse qui a permis à Niederkorn selon son plan comptable rendu public d’amortir plus de 300.000€ de capitaux propres et de réduire la dette de 88% (désormais à hauteur de 30.496€). Célébration du côté de Jos Haupert? Pas vraiment.
Car la licence de l’an passé a été « révoquée avec effet immédiat », celle-là même qui avait pourtant permis au vainqueur de Coupe de disputer le 2e tour de la Conference League. Comment est-ce possible ? D’après Thomas Gilgemann, le bailleur de licence (la FLF) reproche au Progrès de ne pas l’avoir informé par écrit d’une facture entrante et de son règlement immédiat « par une note de crédit et l’enregistrement d’une déduction de dette début mai 2024 (sic) ». En effet, la lettre d’affirmation du président en date du 16 mai 2024 ne mentionnait pas ces fonds, et même s’ils n’avaient aucune incidence sur l’exercice comptable 2023, le règlement exigeait qu’on les communique, dans un objectif de transparence.
En résumé, la facture entrante après l’audit financier, même annulée par une note de frais et n’influant pas sur le bilan, aurait dû être transmise en vertu de l’article 4.4 sur les Responsabilités générales du candidat à la licence, alinéa 3 : « Tout événement survenant après la soumission du dossier de candidature au bailleur de licence et représentant un changement important par rapport aux informations communiquées antérieurement doit être notifié sans délai et par écrit » du Manuel national sur l’octroi de licence au club émanant de la FLF.
Le communiqué de ce jour ajoute : « L’UEFA sera informée de la décision de l’instance d’appel et décidera quant aux suites éventuelles concernant le retrait de la licence pour la saison UEFA 2024/2025.» Quelles sanctions? Financières? Ce serait un coup dur pour le club en pleine ambition d’expansion. Le rapport d’audit du club indique néanmoins un « risque potentiel mise en cause des subventions perçues par l’Association de la part de l’UEFA au titre de l’exercice 2023, pouvant donner lieu, le cas échéant, à une demande de remboursement ». On parle de 525.000€… Interdiction de compétition l’an prochain ? C’est un risque selon les statuts de l’UEFA. Le serpent se mordrait la queue et on se retrouverait dans une situation où un club a joué une compétition à la place d’un autre (en l’occurence le Victoria Rosport) et laisserait sa place potentiellement méritée en 2026.
Simple avertissement alors ? C’est sans doute l’issue la plus probable. Les paris sont ouverts mais Thomas Gilgemann compte bien s’éviter ce genre de désagréments en allant « au CLAS [ndlr Commission Luxembourgeoise d’Arbitrage pour le Sport] avec des arguments justifiés et justifiables », voire au Tribunal Arbitral du Sport (Court of Arbitration for Sport, ou CAS) à Lausanne en cas de rejet de sa demande. Et comme la démarche est suspensive de toute sanction, le club pourrait sans rougir participer à une campagne européenne cet été. « Encore faut-il se qualifier sur le terrain, car pour l’instant on n’est que 5e. Il faut maintenant qu’on gagne nos deux derniers matchs. »
L’octroi en appel d’une licence UEFA au F91 Dudelange a également une incidence : avec le verdict des demi-finales de coupe hier (F91 et FCD03) qualifiés, il y a de grandes chances que la 4e place du championnat soit qualificative pour l’UEFA Conference League. Entre Strassen, Dudelange, le Racing et le Progrès, il y aura donc forcément un déçu. Mais le destin se jouera cette année balle au pied.
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