Dominique Hartmann : « Mes chevaux m’offrent beaucoup de possibilités »

La rédaction a rencontré Dominique Hartmann, cavalier de saut d’obstacles luxembourgeois très ambitieux : son arrivée dans le milieu hippique, les moments marquants de sa carrière, et son quotidien partagé entre cheval et doctorat.

Dominique Hartmann est né à Bâle en Suisse. À 33 ans, ce juriste dans le domaine de la santé/médecine est également un cavalier de saut d’obstacles passionné. 

Quand as-tu commencé à monter à cheval ?

Dominique : J’ai commencé l’équitation à l’âge de huit ou neuf ans. Au début, j’ai monté tous les dimanches au centre équestre « écuries LEFEBVRE » chez Angie jusqu’à ce que j’ai reçu mes premiers poneys Aliocha et Jumper.

Comment as-tu choisi ce sport ?

J’ai commencé l’équitation grâce à une drôle d’histoire. J’ai essayé plusieurs sports proposés dans ma commune, du foot au basket, rien ne m’a vraiment plu. À un moment, une amie à l’école s’est vantée que monter à cheval était son fort. Elle n’arrêtait pas de se vanter, jusqu’au point où j’ai été tellement énervé que je me suis dit que l’équitation ne devait pas être si compliquée, et que j’allais lui montrer qu’elle n’était pas une star et que je pouvais être meilleur qu’elle. Et c’est comme cela que j’ai découvert l’équitation, qui continue de me faire vibrer encore aujourd’hui. D’ailleurs, la camarade d’école en question ne monte plus aujourd’hui !

« J’ai commencé l’équitation grâce à une drôle d’histoire. »

Après avoir passé mon bac ici au Luxembourg, j’ai poursuivi des études de droit en Suisse. Actuellement, je suis inscrit à l’université de Berne, également en Suisse, pour faire mon doctorat. Cette dernière étape se montre un peu plus difficile que prévu, mais je suis certain que je vais y arriver. Il faut juste avoir beaucoup de patience, ce qui n’est malheureusement pas un de mes points forts. Mais personne n’est parfait ! 

Peux-tu nous présenter tes chevaux ?

Actuellement, j’ai quatre chevaux, dont trois qui concourent. La quatrième est une grande jument de Radco D’Houtveld x Aramis de la Cense, une vraie Belge : Bajahn Hero, ma « Queen B », née en 2007 ! On ne devrait pas avoir de préférence, mais je dois bien le reconnaitre, elle est ma préférée. Pour l’instant, je ne concours pas avec elle, on a d’autres projets. C’est une vraie jument à caractère indomptable, mais avec un cœur de lion. Elle me donne l’impression que rien n’est impossible. Les trois autres mousquetaires sont Anton, un hongre par Action Breaker x Glorial de 2012 ; Lexus VD Helle, également un hongre par Lissaro x Feuerglanz de 2009 ; ainsi qu’une jument alezane, Loopine par Ludwigs AS x Quidam’s Rubin aussi de 2009. Chaque cheval a forcément ses propres spécificités. Anton n’aime par exemple pas trop travailler à la maison, car il sait qu’il est déjà presque parfait. C’est un vrai cheval de concours, une star qui ne travaille que sur scène, sous les yeux d’un grand public. Loopine par contre est toujours très motivée et très appliquée. C’est une jument qui veut plaire à son cavalier et qui ne dit jamais non. C’est un trait de caractère que j’apprécie et respecte énormément. Elle est très sensible et a beaucoup progressé depuis que je l’ai, ce qui rend notre relation assez spéciale.  Mon Lexus est un amour de cheval, toujours gentil et doux, mais également très fier, ce qui peut compliquer mon travail de temps à autre. Il faut parfois le convaincre du bien fondé de notre travail ensemble, mais j’aime relever ces challenges avec lui. Les quatre font un mélange exceptionnel, des caractères qui enrichissent ma vie quotidienne aussi en dehors des terrains de concours.

« Chaque cheval a forcément ses propres spécificités. »

Quels ont été tes plus grands succès équestres jusqu’à présent ?

C’est très relatif. Si on parle de succès matériel, c’est inévitablement la 4e place au Helvetia Cup organisé lors du 5* à Bâle avec Bajahn. C’est un classement qui vaut pour moi bien plus qu’une victoire sur n’importe quel concours. Sur le plan immatériel, je dirais le fait d’avoir réussi à faire évoluer tous mes chevaux par moi-même. Je les ai quasiment tous achetés jeunes, et ils ont pu évoluer à mes côtés. Je n’ai pas eu des chevaux directement prêts, j’ai dû travailler avec eux pour obtenir le résultat que j’espérais d’eux. Le fait d’avoir également réussi à remettre un cheval en route, avec du soutien, sur des grosses épreuves alors que cela semblait fortement compromis, me donne également beaucoup de fierté. Après, il faut évidemment s’armer de patience, mais cela en vaut la peine, et les chevaux vous le rendent bien.

Quels sont les entraîneurs qui t’ont le plus influencé en matière d’équitation ?

J’ai beaucoup appris avec chacun d’entre eux. Cependant, celui qui m’a le plus marqué reste mon entraîneur actuel, Lamine Kheddache. J’ai complètement dû changer ma vision des choses. Étant un perfectionniste, j’ai tendance à m’acharner sur mes défauts et ceux de mes chevaux. Je suis en train d’apprendre que la perfection n’existe pas. Il y a des jours où j’ai vraiment du mal, parce que je veux être productif et absolument voir un résultat visible, au lieu d’avoir de la patience et de me rendre compte de ce qu’on a déjà appris et accompli par exemple. Finalement, cela fonctionne bien de cette manière et mes chevaux m’offrent énormément de possibilités. Il ne faut juste pas avoir les yeux plus gros que le ventre, et savoir s’ajuster et être patient avec eux.

Quels sont les cavaliers de saut d’obstacles connus qui t’inspirent le plus et pourquoi ?

Étant petit, j’étais toujours fan de Marcus Ehning et de Christian Ahlmann, d’ailleurs, je le suis encore. Ils sont d’une grande précision et l’exécution est toujours visuellement très réussie. Aujourd’hui, j’apprécie fortement l’équitation de Niels Bruynseels, de Jerôme Guéry et de Scott Brash. Ce qui me passionne chez eux, c’est cette façon de monter de manière incroyablement fine et légère. C’est comme s’ils se baladaient en piste, ne forçant jamais. Tout parait facile, alors que ce n’est évidemment pas le cas, et c’est pour moi la marque des grands champions. Inévitablement, il y a aussi une cavalière qui me fascine : Edwina Tops-Alexander. Elle a ce je-ne-sais-quoi que je n’arrive pas à décrire, mais qui me fait rêver. Si elle est sur un concours, je vais forcément la soutenir et suivre ses tours.

Quels sont tes objectifs pour la prochaine saison de compétition ? Y-a-t-il des concours internationaux auxquels tu veux absolument participer ? 

Les objectifs que je me suis fixé pour la saison de 2024 sont relativement clairs : maintenir la motivation de mes chevaux. J’aimerais bien les faire tourner sur des belles épreuves 1m40, de toute évidence en gardant dans un coin de la tête mon planning professionnel qui est également très chronophage. J’aimerais également participer à une épreuve de ranking (145) pour me faire plaisir sur un beau concours.

Sur quels terrains de concours pourrait-on te croiser prochainement ?

J’habite au Sud du Luxembourg, mais je suis basé avec mes chevaux en Belgique de l’Est. Il est donc plus facile pour moi de participer à des concours en Belgique. Cependant, j’essaie aussi de me rapprocher de nouveau du Luxembourg, mais ce n’est pas toujours évident quand on prend en compte toutes les contraintes logistiques pour pouvoir concourir au Grand-Duché. Mais je vais faire en sorte d’y parvenir. Vous allez certainement me croiser dans les Flandres. J’ai une faiblesse pour les concours flamands.

Tania Wirth-Lahr

Dernières nouvelles