Matthieu Osch, slalom vers Pékin

Le skieur de 22 ans entrevoit sa deuxième olympiade hivernale quatre ans après Pyeongchang. L’aboutissement d’un hiver qui promet d’être chargé pour le jeune luxembourgeois.

C’est toujours à Innsbruck que vit et s’entraîne Matthieu Osch. Dans la capitale tyrolienne, le skieur luxembourgeois s’épanouit toujours autant, et entends bien poursuivre dans la lancée de son hiver précédent qui l’avait vu briller lors des championnats du monde de ski à Cortina d’Ampezzo. Avec une 28e place en slalom et une 31e sur le géant, Matthieu Osch a dépassé ses propres attentes en Italie en février dernier. « J’ai beaucoup aimé cette piste de Cortina. C’était vraiment dur mais j’ai trouvais qu’il y avait un peu de tout dedans, du mur, du plat, ça pendait vers la gauche vers la droite, c’était une piste assez intéressante ». De quoi être ambitieux alors que la saison hivernale va reprendre ses droits: « Les Mondiaux ont été certainement le plus grand exploit de ma carrière jusqu’ici, c’était chouette de pouvoir faire de belles performances sur un grand événement comme celui-ci. Ça va m’aider pour les prochains ou je participerai dans le futur, je saurais mieux comment aborder tout cela et c’est certainement positif » explique Matthieu Osch.

C’est en Finlande, dans la plus grande station de sports d’hiver du pays à Levi, qu’a débuté du 25 au 28 novembre la campagne du skieur de la FLS . Une première étape pour Matthieu Osch, afin de récolter un maximum de points et ainsi valider sa qualification olympique auprès du COSL. « En décembre il y a également les Jeux d’hiver universitaires à Saint-Moritz, ce sera un grand événement, qui a été reporté de février à décembre 2021. Pour les Jeux olympiques, le COSL attends de voir mes prochains résultats, et je devrais avoir une réponse au plus tard au début du mois de janvier ». Dans cette optique, notre skieur numéro un ne devrait donc pas chômer cet hiver, même si tout n’est pas encore défini à 100%: « Il faut rester flexible, tout dépendra des courses et du circuit, et il faut voir quelles stations auront la possibilité d’organiser des courses etc ».

Une structure cosmopolite

Rester flexible un hiver de plus, car la crise sanitaire ne permet pas encore une sérénité totale. D’ailleurs la situation en Autriche s’est rapidement dégradée au cours du mois de novembre: « C’est assez compliqué, enfin pour les gens vaccinés ça va, je suis encore assez avantagé pour le moment. Parce que pour faire des activités comme aller au cinéma ou au restaurant c’est uniquement pour les gens vaccinés ou guéris. Pour le moment il y a un confinement pour les gens non-vaccinés. Ils sont assez stricts ici, les gens chiffres montent très fortement et il y a certaines cliniques ou les soins intensifs sont au maximum. C’est assez sérieux mais on espère que ça ne va pas trop toucher notre sport, on parle de plus de restrictions mais rien de concret, espérons que cela reste comme ça parce que pour le moment on peut s’entraîner comme on veut ». 

En Autriche, c’est auprès de la structure Ski and Speed que Matthieu s’entraîne dans la capitale du Tyrol. « J’aime bien cette région. Je connais bien et il y a beaucoup de possibilités différentes pour skier, qui ne sont pas très éloignées les unes des autres. Et Innsbruck est une chouette ville, où tu as la vie de la ville et tu es dans la montagne, c’est ce que je trouve assez chouette dans le Tyrol ».Un groupe cosmopolite où il s’épanouit pleinement: « Il y a des Hongrois, un Suisse, un Grec, un Allemand, un Autrichien… Un peu de toutes les nationalités. Certains vivent dans la région, moi je suis assez indépendant même si avec un autre skieur qui vit à Innsbruck comme moi on fait du co-voiturage ensemble. Il y a toujours cet esprit de communauté entre skieurs c’est important aussi ». 

Une neige différente

Selon toute vraisemblance, Matthieu Osch devrait donc connaître sa deuxième olympiade asiatique d’affilée. Des conditions géographiques qui forcément ont leur caractéristiques propres, notamment au niveau de la qualité de la neige que les skieurs trouveront sous leurs spatules lors des JO de Pékin: « La neige est différente car le climat est différent! Je ne sais pas si il y a beaucoup de précipitations neigeuses là-bas, je pense que ce sera beaucoup de neige artificielle. Il fait très froid là-bas mais tout de même assez humide, ce sera une neige assez spéciale, comme en Corée en fait. Comme nous étions pas loin de la mer elle était assez humide. Ce sera un peu plus sec à Pékin, mais c’est une neige qui rend certains le fait qu’il me faudra quelques jours d’adaptation, c’est un terrain assez inconnu ». 

Autre inconnue, la situation sanitaire en Chine, où à la mi-novembre lors des épreuves-test organisées à Pékin, trois sportifs étrangers ont été détecté positif au Covid et placés à l’isolement. A l’approche des JO, le pays va en tout cas accroître ses mesures de prévention. Les athlètes étrangers devront avoir été vaccinés avant d’entrer en Chine ou bien se soumettre à une quarantaine de trois semaines. Tous feront l’objet de dépistages quotidiens et ne pourront sortir d’une «bulle» sanitaire comprenant le village olympique et les sites d’épreuves. 

Les épreuves de vitesse, l’apanage des grandes nations

Spécialisé dans le géant et le slalom, Matthieu Osch explique pourquoi il est plus difficile pour les représentants des petites nations de se lancer dans les disciplines de vitesse comme la descente par exemple: « Le problème de la descente et du Super-G c’est que pour pouvoir s’entraîner il faut avoir une piste déjà assez longue et large et sécurisée avec des filets etc. Et c’est pas facile de trouver une piste comme ça. Et c’est souvent les grandes équipes qui ont les moyens de faire ça comme l’Autriche, la Suisse, l’Allemagne… Du coup moi qui venait du Luxembourg, cela ne me laissait pas vraiment le choix. J’ai commencé à skier à Amnéville, et après beaucoup dans les Alpes. J’ai fait beaucoup de slalom et c’est la discipline où je suis le meilleur »

Autre sujet d’actualité, le réchauffement climatique et son impact sur le ski, un sport qui devrait logiquement pâtir de l’accroissement des températures dans les années à venir, une problématique que Matthieu Osch prend très au sérieux: « J’ai 22 ans, je suis pas très âgé, mais déjà depuis que je skie sur les glaciers je vois une énorme différence. C’est dingue que quelqu’un d’assez jeune comme moi je vois cette évolution. A mon avis le ski d’été sur les glaciers comme on le connait, cela ne va plus durer longtemps. Le ski indoor malheureusement sera le futur. Enfin malheureusement ou heureusement… cela dépend des gens si on aime ou pas. Ou bien il faudra faire le voyage dans l’hémisphère sud. Pour l’hiver j’ai trouvé que les dernières années cela pouvait encore aller. Mais sans canon à neige ce sera difficile. Donc pour le moment ça va mais c’est sûr que c’est un sport menacé, même si j’espère que ça puisse durer mais c’est difficile à dire ». 

Hirscher et Pinturault, exemples à suivre

Ils sont nombreux a avoir fait les beaux jours du ski alpin depuis une vingtaine d’années. De Hermann Maier au début des années 2000, à l’Américain Bode Miller, de l’école suisse avec Didier Cuche, Carlo Janka, ou encore Beat Feuz, jusqu’à la domination de Marcel Hirscher, vainqueur de huit gros globes de cristal consécutifs, des exploits qui en font forcément une réference pour la génération de skieurs dont fait partie Matthieu Osch: « Bien sûr j’aimais beaucoup Marcel Hirscher qui a arrêté maintenant. J’apprécie aussi Alexis Pinturault parce que je trouve qu’au niveau technique c’est vraiment un modèle. Je pense que c’est un très bon athlète » déclare Matthieu Osch au sujet du Savoyard, qui a remporté à 30 ans en 2021 son premier gros globe de cristal en Coupe du monde. L’expérience, atout indéniable dans le ski alpin de haut niveau? « Dans les disciplines techniques un peu moins je pense, par contre en vitesse cela joue un très grand rôle. Bien sûr l’expérience n’est jamais mauvaise, on peut compenser avec, mais cela ne fait pas tout. En technique le physique est très important, le mental aussi »

Au niveau du matériel, Matthieu Osch a trouvé dans la marque autrichienne Kästle un bon compromis. Fondée en 1924, l’enseigne avait quelque peu disparu des écrans radars en 1998 avant de réapparaitre depuis une décennie: « C’est la deuxième saison que je ski avec cette marque-là. Je suis très content parce que cela fonctionne assez bien. C’est une marque qui était vraiment très forte avant et qui revient sur le devant de la scène en compétition ». Et comme dans d’autres sports, la course à l’innovation technique et technologique bat également son plein dans le monde du ski alpin ou le moindre centième ou dixième de seconde a son importance au moment de franchir la ligne: « Au ski le matériel joue énormément bien sûr. Entre les chaussures, les plaques, les fixations, les différentes tailles de ski, la dureté du ski, l’angle des cars, de la structure, quel fart… Il y a plein de choses qui jouent. Le ski est une discipline très technique, cela occupe un grand rôle ». Et tout le monde n’est pas logé à la même enseigne…

Qu’à cela ne tienne le champion du Luxembourg est prêt pour un nouvel hiver qui l’emmènera à travers l’Europe et aussi l’Asie, avec la volonté de progresser encore et encore dans la hiérarchie du ski alpin mondial. 

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