Le Luxembourg passe à l’heure d’hiver

Quand on associe le sport avec le Luxembourg, les sports d’hiver ne nous viennent naturellement pas directement à l’esprit. Pas de grandes montagnes comme en France, en Suisse ou en Italie, donc pas de ski alpin.Mais le Grand-Duché regorge d’autres sports hivernaux, pour certains démocratisés, pour d’autres parfois méconnus du grand public...

De premier abord, cela semble logique, il n’y a pas mille endroits pour pratiquer un sport d’hiver au Luxembourg. De par la superficie globale du pays et sa surface plutôt (très) plate, certains sports sont automatiquement rayés de la carte. Oublions le ski alpin, le saut à ski ou toutes ces disciplines. Oublions aussi le bobsleigh et le skeleton, impossibles à pratiquer au Grand-Duché, même si pour ce dernier, il existe bien un athlète, Jeff Bauer, qui a créé il y a quelques années l’Union Luxembourgeoise de Skeleton et qui porte fièrement le drapeau luxembourgeois sur la scène internationale. Et pourtant, il existe d’autres sports, d’autres loisirs à pratiquer. Le plus souvent sur la glace, parfois sur la neige.

Le ski de fond patauge dans la boue à Weiswampach

Le ski au Luxembourg, c’est possible. Et pour cela, il faut monter à 538 mètres. Bon, dis comme ça, ce n’est pas très impressionnant, mais c’est une altitude qui permet à la commune de Weiswampach d’accueillir une piste de ski de fond de quatre kilomètres de long et d’y faire glisser ses sportifs… quand la météo le permet. Car depuis quelques années, il est pour le moins compliqué pour eux d’ouvrir les pistes en raison d’un cruel manque de neige. Henri Rinnen, bourgmestre de Weiswampach, nous raconte les difficultés de cette période qui voit les températures chuter de moins en moins brutalement. « La neige, ça vient vite, mais ça repart vite aussi ! Les dernières années, il y avait peut-être une semaine, quinze jours de praticabilité. Le vrai problème, aujourd’hui, c’est qu’il ne fait plus assez froid. Il y a assez de chutes de neige, mais le terrain n’est pas gelé. Et quand le sol est mouillé, la neige fond tout de suite et on est directement sur l’herbe, sur la boue. » Une période compliquée par rapport à « il y a une quinzaine d’années, où l’on pouvait pratiquer pendant un mois . » Cela n’entache pourtant pas sa motivation avant l’arrivée de l’hiver : « On doit rester optimiste ! On doit profiter au maximum quand la neige est là pour offrir ce qu’on peut aux enfants et aux personnes qui ne peuvent pas forcément aller dans les régions où il neige beaucoup. » Offrir donc cette possibilité à des gens issus de la région, et pas forcément que du Luxembourg. «Pendant les périodes de vacances, on voit souvent des Néerlandais, des Belges, des gens de la Vallée de l’Our. Si les gens voient assez de temps à l’avance qu’ils peuvent venir, on a du monde, ça peut aller jusqu’à mille cinq cent, deux mille personnes par jour, et les restaurants autour y gagnent aussi du trafic », ajoute Henri Rinnen. À quelques semaines de l’arrivée des premiers flocons, on espère évidemment que le grand froid s’installera sur Weiswampach pour le plus grand bonheur des passionnés de ski de fond et de luge.

Pour le ski alpin, vous l’aurez compris, il faudra aller voir ailleurs. Et quand bien même il y aurait eu des spots pour dévaler une ou deux pistes, la concurrence est bien plus forte à seulement quelques heures de route. Les Alpes en sont évidemment une, si ce n’est la destination hivernale la plus connue en Europe, que ce soit du côté italien, français, ou suisse. Moins clinquant mais plus proche, le massif des Vosges, en France, est probablement la destination la plus évidente pour un petit séjour de ski.

Le hockey sur glace a la cote au Luxembourg

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les patinoires ne sont pas légion au Grand-Duché, puisqu’il y en a au total… deux : au Kockelscheuer et à Beaufort. Cela limite dès lors l’expansion d’un sport comme le hockey sur glace, probablement un des sports d’hiver les plus répandus au monde. Ultra populaire aux États-Unis et au Canada, le Luxembourg compte lui quatre clubs : les Huskies, les Puckers, les Tornado, les Silverbacks et les Beaufort Knights. Le premier est un club uniquement réservés aux jeunes joueurs, tandis que les autres se disputent dans deux divisions nationales. Mais évoluer dans un championnat national avec si peu d’équipes limite automatiquement le nombre de matchs, c’est pourquoi les clubs participent tous à des rencontres à l’étranger, que ce soit le championnat belge ou le championnat de France. Les Tornado évoluent en Division 3 française, le troisième échelon national. Les Puckers, eux, sont engagés en cinquième division française, dans le championnat du Grand-Est. Les Beaufort Knights prennent part à la première division nationale belge et y figurent même en tête de classement ! Ces clubs, afin de pouvoir étendre le championnat luxembourgeois jusqu’en deuxième division, ont des équipes réserves : les Silverbacks sont la deuxième équipe des Tornado, les Cool Puckers sont, comme leur nom l’indique, l’autre équipe des Puckers de Luxembourg. Mais il y a également les Knights 2, les Huskies ou encore les Tornado Women, l’équipe féminine des Tornado, qui sont impliquées dans cette deuxième division !

Placée au 43e rang mondial, l’équipe nationale de hockey sur glace accueillera en avril 2022 les championnats du monde de division 3 à la patinoire du Kockelscheuer. Un événement plutôt exceptionnel qui verra les lions rouges affronter les Émirats arabes unis, la Corée du Nord, le Turkménistan, la Turquie ou encore Taïwan.

La patinoire de Kockelscheuer, centre névralgique des sports d’hiver luxembourgeois

Située à proximité de la capitale grand-ducale, la patinoire de Kockelscheuer est le lieu qui accueille le plus de sports d’hiver au Luxembourg, pour certains plutôt atypiques. Car en plus du hockey, cinq autres sports cohabitent au sein de la patinoire.Le curling, le short-track, le patinage artistique, la danse et l’eisstock font eux aussi glisser patins et pierres sur la glace tout au long de l’année. Lex Flausch, directeur de la patinoire de Kockelscheuer, s’est exprimé au sujet de la longue fermeture auquel il a dû faire face durant la crise du Covid et de la reprise officielle, en début d’année. « On a eu une première possibilité de rouvrir pour le public en septembre 2020, mais on a dû refermer quelques semaines plus tard. On a rouvert une nouvelle fois au public vers janvier, février 2021, avec beaucoup de restrictions. On pouvait laisser entrer vingt personnes à la fois dans la patinoire, sur une piste divisée en trois avec un tiers vide. Ça n’a pas été très simple à gérer, mais on a réussi à accueillir vingt-cinq mille clients, ce qui est un bon chiffre étant donné le nombre de jours de fermeture. Le public comme les clubs se sont très bien adaptés aux règles et on n’a jamais eu de cluster ni un seul cas de Covid au sein de notre patinoire. » Des visiteurs qui sont donc venus en nombre pour retrouver les patins, malgré « une perte de cent clients par jour lorsqu’on a dû éliminer les tests rapides devant la patinoire», admet Lex Flausch. D’autant plus que le constat fait par le directeur de la patinoire, c’est que « de plus en plus de gens s’intéressent aux sports de glace. Au niveau du public, on accueille de plus en plus de monde. Mais c’est aussi et surtout le cas dans les clubs où nous voyons qu’il y a vraiment beaucoup de demandes. Certains ne peuvent parfois même plus faire adhérer tout le monde ! On a beaucoup d’offres. Par exemple, notre école de patinage, ça attire beaucoup de personnes. Les gens perdent la peur de la glace et ne craignent plus forcément de tomber étant donné qu’ils viennent pour apprendre tout cela. On propose cela depuis des années et on a appris à des milliers de personnes à patiner. Et parmi celles-ci, certaines continuent une fois qu’ils maîtrisent et s’inscrivent dans un club. »

Une demande de plus en plus importante dans une patinoire pourtant de plus en plus vieillissante. Construite dans les années 1970, la patinoire de Kockelscheuer avait «une autre vision sur la façon dont elle devait être construite » et devrait prochainement subir un lifting. « Elle commence à avoir un certain âge, donc on regarde un peu plus loin. Il y a d’autres technologies, d’autres possibilités, c’est pourquoi nous planifions, d’ici les six à sept années à venir, de rénover la toiture, la dalle de la piste, la baie vitrée… On va réellement moderniser la patinoire », nous confie Lex Flausch. Et la prochaine innovation devrait profiter aux clubs : « Actuellement, nous travaillons sur le projet de pouvoir faire fonctionner la patinoire pour les clubs pendant les douze mois de l’année, alors qu’aujourd’hui elle n’est effective que pendant huit mois. Il faut encore faire des travaux techniques sur la centrale de froid, mais nous y travaillons. Ensuite, les clubs pourront s’entraîner toute l’année sur notre site, ce qui sera un grand avantage pour les athlètes. »

Située dans une zone en plein expansion après la construction du nouveau stade national de football et de rugby, à proximité du nouveau quartier de la Cloche d’Or qui accueillera au fil des années de plus en plus d’habitations et avec autour le CK Sport Center et le golf, nul doute que la patinoire verra la demande augmenter année après année pour le plus grand bonheur des différents clubs qui y glissent chaque semaine.

Beaufort, son hockey et… son karting sur glace

Une patinoire au Kockelscheuer, l’autre à Beaufort, dans le Nord-Est du pays. Françoise Bonert, responsable de la gestion de la patinoire, nous a confié l’importance d’une telle offre pour la structure et même pour la ville de Beaufort. « La patinoire de Beaufort a été la toute première patinoire à ouvrir ses portes, en 1969, et elle reste à ce jour l’unique patinoire en plein air au Grand-Duché. C’est une réelle opportunité parce que c’est une tradition, mais aussi quelque chose que toutes les communes n’ont pas la chance d’avoir. » Une opportunité pour une ville qui voit arriver des gens «d’un peu partout, même des pays limitrophes», et ce surtout grâce à une pratique plutôt inédite qui permet à des fous du volants, de simples curieux ou des aficionados de Mario Kart de glisser autrement : le karting sur glace. Rassurez-vous, il n’y aura pas de carapace bleue ni de champignon, même si la sensation de glisser sur une peau de banane se fera ressentir. Un loisir pas banal — qui plus est au Luxembourg — qui est apparu à Beaufort il y a désormais quatorze ans. « À l’époque, nous étions un peu en difficulté, les gens venaient e moins en moins à la patinoire, donc nous cherchions une nouvelle attraction pour les faire revenir. On a alors trouvé le karting sur glace. On était allé faire un test à Mulhouse, qui proposait cela, et on avait vraiment été fasciné. Au retour, on s’est tout de suite décidé à investir dans des kartings sur glace et à ajouter cette nouvelle offre. » Résultat, l’attraction fait un carton, à tel point que « la demande est souvent plus grande que l’offre.»

Quoi qu’il en soit, si le Luxembourg n’est évidemment pas un pays alpin, il regorge de plusieurs sports qui mériteraient qu’on s’attarde bien plus sur eux. Car au final, combien d’entre nous pratiquent ou ont déjà pratiqué un sport de glace ? À titre d’exemple, nous n’avons jamais testé le curling, l’eisstock ou encore le hockey sur glace. Ces sports, très répandus dans certains pays, restent des disciplines de niche au Grand-Duché, s’expliquant notamment par le manque d’infrastructures. Car avec deux patinoires à disposition, dont une ouverte quatre petits mois, difficile de réellement s’impliquer dans un sport à long terme. Ce qui est certain, c’est que les sports de glace évoluent. Il ne reste plus qu’à les démocratiser encore plus.

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