Tout auréolée d’une nouvelle défaite encourageante face à la Serbie, la sélection luxembourgeoise jouait mardi soir, le dernier « gros match » de sa campagne qualificative du Mondial 2022. Face à un Portugal légitimement favori du groupe, ce déplacement était surtout l’occasion, pour les hommes de Luc Holtz, de confirmer leur dynamique de progression en affrontant une équipe […]
Face à un Portugal légitimement favori du groupe, ce déplacement était surtout l’occasion, pour les hommes de Luc Holtz, de confirmer leur dynamique de progression en affrontant une équipe très supérieure.
Malheureusement, et comme cela leur arrive à intervalles réguliers (surtout après 3 ou 4 bonnes prestations amenant louanges et espoirs de leurs supporters, des médias et même de Bernardo Silva), les Luxembourgeois ont oublié que la performance passe avant tout par le respect des principes du football et la discipline plus que par le talent.
Il sera compliqué de poser une analyse tactique d’un match plié en 17 minutes après avoir déchiré en 1000 morceaux le plan de jeu défensif de Luc Holtz avec 3 erreurs défensives plus importantes les unes que les autres.
Hier soir, le Portugal, lui, n’avait pas le temps de rigoler.
Il est arrivé comme un favori, en pressant haut, a montré ses qualités sans forcer son talent et a enfoncé chaque porte que ses adversaires lui ont largement ouvertes.
Pourtant, et notamment en seconde période, on a pu voir des choses intéressantes lorsque les Luxembourgeois ont joué avec moins de pression.
Un bloc plus haut et des joueurs sortant un peu de leur zone de confort ont permis aux Roud Leiwen d’avoir quelques courts temps fort et parfois de mettre en difficulté les Portugais.
On peut donc se poser la question suivante :
Quitte à en prendre 5, ne vaut-il mieux pas perdre en ayant pris des risques dans le combat ?
Luxembourg : Des principes défensifs de base trop peu respectés pour espérer autre chose face au Portugal.
Luc Holtz proposait un système défensif en 4-5-1 avec 3 milieux centraux qu’étaient Barreiro, Martins et S.Thill.
Comme face à la Serbie, le sélectionneur plaçait Danel Sinani en position d’avant-centre, un poste qui n’est pas le sien à la base.
En phase de relance portugaise, on a pu observer que le bloc luxembourgeois était positionné bas.
La ligne des défenseurs était placée à 25 mètres des buts de Moris. Quant à Sinani, il était placé juste derrière la ligne médiane.
Avec ce bloc compact et 3 milieux centraux, le plan de jeu de Luc Holtz était assez clair.
L’idée était de réduire au maximum l’espace entre les lignes et de mettre de la densité dans l’axe pour empêcher la 1ère relance portugaise vers les « créatifs » B.Fernandes, Moutinho voire B.Silva.
On notera que, tactiquement, ce plan n’a pas fonctionné car ces derniers ont trop souvent été trouvés, totalement démarqués, par la 1ère relance portugaise.
Avec ce milieu renforcé on peut même imaginer que Luc Holtz, ayant anticipé le contre-pressing haut des Portugais à la perte de balle, espérait que ses joueurs réussiraient à ressortir proprement le ballon et rapidement se projeter vers le but adverse.
Un plan de jeu « idéal » que l’on observe souvent, en déplacement, chez les équipes plus faibles sur le papier.
L’équipe qui applique cette stratégie accepte donc le fait de laisser la possession du ballon à un adversaire plus fort dans tous les domaines du jeu.
Il est donc évident que ce plan nécessite, pour les 11 joueurs, d’être totalement disciplinés et à 100% dans tous leurs comportements défensifs.
On a souvent vu les Luxembourgeois procéder de la sorte ces dernières années et, lorsque tout le monde répondait présent, on a pu assister à de belles surprises comme face à la France en 2017.
Puis, on a assisté à des défaites par un but d’écart causées par un petit relâchement coupable.
Enfin, à de puissantes valises comme la défaite d’hier soir ou comme en Suède, également en 2017 après l’enflammage collectif d’après 0-0 contre la France.
Ce Mardi donc, les Luxembourgeois ont plombé leur match dès la 6ème minute en ne respectant pas un principe essentiel dans une défense en bloc bas : il est interdit de se faire éliminer par un dribble.
Sur une phase arrêtée, la rentrée de touche amenant la faute de S.Thill, on constate avec que le bloc Luxembourgeois n’est étonnamment pas en place.
B.Silva se sortira trop facilement d’une prise à 2 trop large de Pinto et S.Thill ce qui provoquera un décalage que S.Thill ne pourra rattraper qu’en fauchant l’ailier portugais. (1-0, C.Ronaldo sur pénalty)
Sur les 2ème et 3ème buts, les Luxembourgeois payent également très cher leur volonté de repartir de leur camp proprement avec une perte de balle de Carlson et une relance complètement manquée de Moris.
Ce qui peut poser problème à ce niveau, c’est la gestion de l’« après » perte de balle :
Des attitudes et des choix étonnants et bien trop « légers » lors de ce type de rencontre.
Les 4ème et 5ème buts mettront en avant la carence des Luxembourgeois dans la gestion défensive des coups de pieds arrêtés, en difficulté chronique sur ce type d’action.
Il est regrettable que la sélection Luxembourgeoise ait perdu ce match en se trompant 5 fois sur des principes de base.
Et surtout, de revoir chez les mêmes joueurs présents en sélection depuis un long moment que les mêmes erreurs se répètent.
Luxembourg : Et pourtant, tout n’a pas été à jeter à certains moments…
Lorsque l’on regarde les stats de ce Portugal-Luxembourg, et si l’on n’a pas vu le match, on pourrait imaginer une rencontre équilibrée avec une possession à 56% VS 44% et un nombre de passes assez proche, 480 VS 396.
Seulement, on constate que le Luxembourg n’a frappé que 3 fois au but… et que le 1er de ces tirs est arrivé à la 53ème minute.
Cela nous permet malgré tout de mettre en avant un peu de positif puisqu’en seconde période, même si les Portugais étaient logiquement relâchés, on a vu quelques phases intéressantes chez les joueurs de Luc Holtz.
Déjà, le passage de sa formation en 4-2-3-1 a logiquement favorisé la prise de risque de ses joueurs.
Cette phase de jeu aboutissant à cette frappe de Sinani a été rendue possible par une série de passes à une ou deux touches de balle, par la projection de l’un des deux milieux défensifs et par des déplacements bien plus variés des offensifs.
Nous avons également pu assister à une récupération haute à la suite d’un pressing provoquant un dégagement raté, sous pression, de Rui Patricio amenant le second et dernier tir cadré du match. (70ème, Gerson Rodrigues)
Des prises de risques que l’on n’avait pas vraiment vues jusqu’à ce moment du match et qui nous ramènent à la question posée dans l’introduction.
En effet, on a déjà pu voir que ce groupe est capable de produire du jeu et de prendre des risques face à des équipes modestes.
Alors pourquoi pas face à de plus gros adversaires ?
La clé du match portugais : Un pressing haut pour favoriser la récupération et un mouvement perpétuel pour déséquilibrer le bloc adverse.
Le coach Santos proposait un système en 4-3-3 avec un milieu en triangle pointe basse, c’est-à-dire avec un seul milieu défensif qu’était Palhinha.
En préparation d’attaque placée, on observait que Palhinha descendait à hauteur de ses deux défenseurs centraux pour permettre à latéraux, Cancelo et Nuno Mendes, de se placer très haut.
Le placement haut de ces joueurs permettait aux ailiers portugais, B.Silva et A.Silva, de rentrer dans l’axe et de rejoindre B.Fernandes et Moutinho.
Face à 3 milieux centraux luxembougeois, les Portugal proposaient 4 solutions de passes verticales tout en mettant de la largeur.
C’est pour cette raison qu’était quasiment à chaque fois trouvé un joueur démarqué dans l’axe du terrain.
Cela forçait automatiquement un Luxembourgeois à sortir de sa position pour aller presser le porteur de balle ce qui créait un déséquilibre, une porte ouverte dans laquelle les joueurs de Santos s’engouffraient.
Défensivement, on observait un pressing haut qui avait pour but de forcer les Luxembourgeois à balancer le ballon loin de leur but et donc de récupérer plus facilement le ballon.
Ce plan fonctionnait à merveille puisque les joueurs de Holtz finissaient quasi-systématiquement par effectuer une passe vers l’arrière.
Le pressing portugais a d’ailleurs provoqué la perte de balle de Carlson et la relance manquée de Moris sur les second et troisième buts du match.
Thomas Fullenwarth
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