Dans un remake de la finale de l’Euro 2016, le Portugal et la France se retrouvaient à Budapest (et non Bucarest) pour le dernier match du groupe F, dit « le groupe de la mort ». Match prolifique avec 4 buts dont 3 pénaltys ! Alors, on vous le dit tout de suite, on ne va pas débattre […]
Match prolifique avec 4 buts dont 3 pénaltys !
Alors, on vous le dit tout de suite, on ne va pas débattre des choix de Mr Mateu Lahoz et ses collègues du VAR sur ces situations de jeu car :
– Premièrement, on en aurait pour des heures à débattre pour finalement ne pas tomber d’accord.
– Deuxièmement, on préfère analyser les actions qui ont amené ces pénos.
Les Français ont mis une mi-temps à s’adapter à des Portugais forts tactiquement et complètement adaptés au système de Didier Deschamps. Un match équilibré, mais aussi plaisant, qui permettra aux deux équipes de se qualifier pour les 8èmes de finale, objectif ultime de ces qualifications.
Portugal : Un bloc bien en place défensivement mais pénalisé par la gestion de la profondeur.
Le sélectionneur Santos proposait une formation en 4-1-4-1. Défensivement, on pouvait observer que le bloc portugais était positionné assez bas avec sa ligne de défenseurs placés à 25-30 mètres du but de Rui Patricio. Aussi, l’avant-centre Cristiano Ronaldo ne mettait pas de pression sur la charnière centrale française et se plaçait dans son camp à 45 mètres de son but. Les lignes portugaises étaient donc ultra serrées pour éviter les premières relances verticales vers Griezmann, voire Benzema.
De plus, la présence d’une sentinelle, Danilo Pereira, permettait également de couper ce type de passe. Les deux milieux offensifs, Moutinho et R.Sanchez, s’occupaient quant à eux du pressing sur Pogba et Kanté. De manière générale, les joueurs de Santos ont mis la discipline et l’impact nécessaires à cette stratégie Cependant, ils se sont mis en difficulté dans la gestion de la profondeur malgré la hauteur de leur bloc. Dans les 15 premières minutes, on a pu les voir se faire surprendre, 2 fois, par le même appel de Kylian M’Bappé entre Semedo et Pepe. Le pénalty français sera d’ailleurs obtenu après un 3ème appel identique de l’ailier du PSG. (1-1, 45+3) Quant au second but, même si la passe de Pogba et l’appel de Benzema (couvert par l’aisselle de Diaz) sont parfaits, c’est cette fois la charnière centrale Pepe-Ruben Diaz qui se fera prendre en profondeur. (1-2, 48ème, Benzema)
Moutinho et Renato Sanches, les clés du plan de jeu offensif du Portugal.
En 1ère mi-temps, les Portugais ont très bien utilisé leur 4-1-4-1 pour déclencher leurs attaques placées. Profitant du fait que Benzema et Griezmann pressaient, à moitié, entre leur défense centrale et Danilo, les joueurs de Santos réussissaient souvent à trouver des premières relances verticales au sol. Souvent, les deux joueurs recherchés, et surtout trouvés, était les deux milieux offensifs Moutinho et R.Sanchez et ce, dans deux types de situation :
– Dès la 1ère relance, quand ils redescendaient plus bas et n’étaient pas suivis par les milieux Français. Ils pouvaient donc se retourner et mettre de la vitesse balle au pied.
– Lorsqu’ils étaient suivis, la 1ère relance trouvait un des 3 attaquants. Ensuite, les deux milieux se présentaient en soutien pour ensuite orienter le jeu.
La France terminant le match avec 15 fautes et 4 cartons jaunes, on devine que ces attaques placées portugaises ont souvent mis en retard les hommes de Deschamps. Le premier pénalty est d’ailleurs obtenu à la suite d’un coup-franc. (1-0, 30ème C.Ronaldo). En seconde période, après l’adaptation tactique de Didier Deschamps (que nous verrons plus bas), les Portugais ont eu plus de mal à trouver ces passes verticales qui ont tant cassé les lignes françaises pendant les 45 premières minutes. Souvent sans solutions, on a observé beaucoup plus de jeu long et beaucoup moins de réussite. Le second pénalty sera obtenu par un Ronaldo parti se faire oublier sur le côté gauche jouant parfaitement, sur ce coup, son rôle de faux numéro 9. (2-2, 60ème, Ronaldo)
La clé tactique de l’équipe de France : la hauteur de pressing de Benzema et Griezmann.
Didier Deschamps proposait, offensivement, le 4-2-3-1 qui a donné à la France son titre mondial en 2018. En 1ère mi-temps, on observait un étrange 4-4-2 défensif. En effet, Tolisso et M’Bappé s’alignaient sur leurs milieux centraux Kanté et Pogba. Griezmann, lui, se plaçait sur la même ligne que Benzema. Ils appliquaient un pressing plus que mou sur la charnière centrale portugaise. Les deux attaquants se retrouvaient donc entre le duo Pepe-Diaz et Danilo et, finalement, ne servaient pas à grand-chose. Danilo était donc assez libre et offrait une première solution de relance. Mais, plus grave, ce placement créait un espace très important entre la ligne d’attaque et le milieu français, ce qui libérait constamment les dynamiteurs du jeu portugais : R.Sanchez et Moutinho.
Quasiment à chaque fois, lorsque ces deux joueurs recevaient le ballon, Pogba et N’Golo Kanté étaient trop loin et sortaient à contre-temps. Un premier décalage qui en appelait d’autres et qui mettait en retard les Français qui concédaient donc de nombreuses fautes. A la mi-temps, on constatait d’entrée qu’Antoine Griezmann suivait à la trace Danilo et que Benzema, aussi, se rapprochait de sa ligne de milieux.
Les deux joueurs sont redescendus de 10 mètres en phase défensive. Un détail qui aura changé pas mal de choses pour l’équipe de France. Cela a donc mis en difficulté les Portugais dans leurs premières relances et a occasionné beaucoup plus de récupérations de balle qui ont permis plus de possession de balle et donc plus de temps forts.
De l’importance des remplaçants !
Pour la première fois dans un Euro, il est possible d’effectuer 5 changements. Si parfois les changements tactiques d’un coach changent le cours d’un match, il est important de rappeler l’importance des remplaçants dans un groupe. On a coutume de dire qu’un match, aussi une compétition, ne se gagnent pas à 11 mais à 23 joueurs. Le rôle d’un remplaçant, lorsqu’il rentre sur le terrain est d’apporter une plus-value à son équipe. Hier soir se sont affrontées deux équipes dont les performances sont liées avant tout à leur discipline tactique. Sur ce point, on pourra peut-être penser les remplacements ont influencé la seconde période de chaque équipe : plus favorable pour les Français et plus difficile pour les Portugais.
Du côté portugais, les influences tactique et technique sur le jeu de Danilo, Moutinho et Bernardo Silva n’ont pas été compensées.Du côté français on notera la plus-value explosive de Coman, par rapport à Tolisso, et l’étonnante, mais très positive, performance de Rabiot sur le côté gauche de la défense.
Thomas Fullenwarth
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