Les préjugés sont nombreux quand il s’agit des femmes qui jouent aux jeux vidéo. Souvent plus qu’ailleurs, elles subissent des insultes sexistes, sont cyberharcelées et sous-représentées dans les compétitions. Une tendance et des mentalités qui tardent à changer. Les mois passent et les lancements de teams, de ligues et de compétitions entièrement réservées à la […]
Les mois passent et les lancements de teams, de ligues et de compétitions entièrement réservées à la gent féminine se multiplient. C’est le cas par exemple d’Astralis, une équipe danoise, qui a créé une ligue dédiée sur CS : GO, ou encore de la Karmine Corp et de Vitality, qui ont respectivement lancé une équipe féminine sur Valorant et League of Legends.
Riot Games, un éditeur américain de jeux vidéo très impliqué dans cette cause, s’est aussi associé à Webedia pour créer une compétition entièrement féminine sur League of Legends, la Coupe des Étoiles, qui s’est tenue entre septembre et octobre dernier. « On voit trop rarement des joueuses émerger sur la scène professionnelle. Le rêve, c’est que les compétitions qui sont mixtes en théorie le soient aussi dans le réel », déclarait alors Bertrand Amar, responsable eSport chez Webedia. Hélas, si sur le papier le principe semble logique, il en est tout autrement dans la réalité, et en 2023, les discriminations sont encore bien trop présentes dans ce milieu ultramasculin.
Au Luxembourg, la seule joueuse reconnue est Lena Rocca, qui a participé aux championnats du monde à Bali en décembre 2022. Une sous-représentation qui ne se ressent pas qu’au Grand-Duché, puisque de l’autre côté de la frontière, en France, les joueuses sont représentées à seulement 6 % dans le monde professionnel, alors qu’elles représentent plus de 30 % au niveau amateur. Alors pourquoi existe-t-il une telle différence ?
Tout d’abord parce que les jeux joués en compétition sont représentés, pour la majorité, par des jeux vidéo d’affrontement tels que Rocket League, Valorant, Counter-Strike ou encore Fortnite, et sont majoritairement pratiqués par des hommes. Une tendance qui s’explique, selon une étude australienne, par le fait que les femmes semblent moins intéressées par la compétition que leurs homologues masculins. Par ailleurs, elles se lancent plus tardivement dans les jeux vidéo – qui plus est d’affrontement – et accusent donc un retard déjà difficile à rattraper. Mais tous ces facteurs s’expliquent en partie car au départ, les jeux vidéo étaient tout simplement destinés… aux hommes, et que ces derniers se les sont appropriés au point de ne pas réussir à imaginer une femme tenir une manette entre ses mains. Et avec l’avènement des plateformes de streaming comme Twitch, les propos misogynes et sexistes sont presque devenus une normalité.
Interrogée par nos confrères français du Monde, la joueuse professionnelle Colomblbl a expliqué recevoir régulièrement des propos tels que « retourne à la cuisine » ou « retourne jouer à Animal Crossing». Des discriminations qui pousseraient une femme sur 4 à arrêter de jouer en ligne, et qui freinent ainsi le développement de l’eSport féminin. Pour Nicolas Besombes, chercheur en sociologie de l’eSport, cet environnement ne permet pas aux femmes de participer à des championnats internationaux et, par conséquent, d’attirer des sponsors qui pourraient d’une part les professionnaliser, et d’autre part les rémunérer de façon plus égale.
Alors certaines entités ont décidé de soutenir les femmes qui souhaiteraient se lancer dans l’eSport et consolider leur présence dans le milieu. L’association Women in games, par exemple, propose du mentorat et des formations. Certains sponsors créent des équipes, d’autres des compétitions, comme le Girl Gamer Esports Festival ou la Coupe des Étoiles. Pour lutter contre l’environnement toxique, plusieurs éditeurs se sont aussi lancés dans la détection automatique du harcèlement dans les chats.
Si les choses évoluent petit à petit pour faire avancer l’eSport féminin, tout reste encore à faire pour que leur présence augmente dans le paysage de l’eSport de compétition, à commencer par faire changer les mentalités d’un milieu toujours trop porté par la gent masculine. Le chemin est encore long, mais les points d’amélioration sont là.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu