Hesperange, dernier espoir luxembourgeois

Le Swift Hesperange, dernier club luxembourgeois engagé en coupe d’Europe, affronte ce soir le club macédonien de Struga, lors de la phase aller du troisième tour de Conference League. Un adversaire abordable, qui permet de continuer de croire en un automne européen au Grand-Duché.

Alors que nous sommes à une, voire deux marches, c’est selon l’interprétation, de voir un club luxembourgeois atteindre les phases de poules d’une compétition européenne, il est bien dur d’en ressentir la ferveur ici, à Skopje, capitale de Macédoine du Nord. Tant dans une ville qui ne respire pas la passion pour le football qu’un stade choisi pour l’évènement particulièrement glauque, disons-le franchement : le contexte ne crée pas masse de frissons.

Terrain d’entraînement de la fédération, le FFM Training Stadium a pourtant été choisi pour être le cadre de ce troisième tour de Conference League opposant demain l’équipe du FK Struga au Swift Hesperange. Une enceinte qui fait tout sauf rêver, et qui fait d’ailleurs s’interroger sur pourquoi le tenant du titre en BGL Ligue n’a pas le droit de jouer sur sa pelouse, quand des stades comme celui-ci sont autorisés par l’UEFA. Une absence de bling, de glamour, qui ne déconcentre pas néanmoins Paul Ayongo, venu pour un objectif précis : « Nous sommes ici pour gagner. Nous ne sommes pas là pour l’ambiance ou les souvenirs. Le seul objectif, c’est de l’emporter. On doit donc juste se concentrer sur cela. »

Une obligation de l’emporter qui, sans aucune responsabilité de sa part, est devenue encore plus élevée cette dernière semaine, avec les éliminations successives de Dudelange, Niederkorn et Differdange. Le tenant du titre est ainsi devenu en une semaine l’unique espoir luxembourgeois de voir un de ses clubs vivre un automne européen.

Face à cette perspective, Carlos Fangueiro a logiquement fait tourner le week-end passé contre Strassen. Un remaniement qui n’a pas empêche son groupe de s’imposer 5-1 avec autorité. De quoi bousculer la hiérarchie actuelle ? « Connaissant bien Carlos, il n’y a pas de hiérarchie. Tout le monde est constamment sur un pan d’égalité. Il prendra toujours les meilleurs à l’instant T » répond Mehdi El Alaoui, entraîneur adjoint et présent en conférence de presse, avant de poursuivre. « Ce qui est certain, c’est que c’est une preuve de confiance du coach envers cet effectif, car on connait l’importance du championnat et de bien rentrer dedans. C’est sûr que certains avaient un peu moins de temps de jeu que d’autres lors des matchs européens, mais cela ne signifie pas que la situation est fixe et entérinée. »

Le coach adjoint, qui qualifie son adversaire « d’équipe avec un système similaire au nôtre et composé de deux attaquants d’expérience performants » revient aussi sur ce petit hasard du tirage au sort qui, depuis le début de la compétition, a permis à Hesperange de constamment jouer les matchs retours à domicile. « Mathématiquement, ce n’est en effet plus un avantage mais sur le plan psychologique, je pense que oui. On peut se retrouver avec une obligation de résultats à domicile, ce qui est toujours plus simple qu’à l’extérieur ». 

L’obligation de résultat pourrait néanmoins ne pas être présente en cas de victoires en terres macédoniennes. Mais pour cela, il faudra corriger le tir devant, et enfin avoir ce réalisme si précieux lors des joutes européennes. Une efficacité qui, selon Ayongo, particulièrement confiant, devrait vite revenir. « C’est vrai qu’on se crée beaucoup d’occasions. Mais c’est à nous maintenant d’avoir plus faim et de les mettre absolument au fond. Je pense que tout le monde est prêt pour exploiter au maximum les opportunités que l’on aura ». 

Aujourd’hui, le Swift, qui se présente tout de même avec plusieurs absents (Sacras, Zeghdane, Marques, ou encore Prempeh) a tout de même de quoi offrir un onze compétitif. Et doit maintenant aborder la compétition dans la position de dernier espoir luxembourgeois. Une pression supplémentaire ? Dur à imaginer quand votre club est drivé par un certain Flavio Becca et que le recrutement de Fangueiro et son staff semble être porté par l’objectif de la fièvre européenne. Le mécène, qui devrait être dans les tribunes ce soir, rêve de retrouver les années épiques du F91 Dudelange. Une ambition qui passe dorénavant par 90 minutes sur un terrain d’entraînement, sûrement peu de public, et une ambiance peu habituelle et tristoune pour un troisième tour. Aux joueurs de se rappeler donc que ceci n’est qu’une étape, avant de potentiellement vivre un automne européen : si l’on peut se permettre, le jeu semble en valoir la chandelle.

L’équipe probable :

Dupire / Spruds – Simão – Skenderovic – Simöes – Ekofo / Morren – Couturier – Sinani / Stolz – Alioui

Tendai Michot, à Skopje, une ville qui respire tellement peu le football qu’il va sûrement s’acheter un ballon de rugby