Alex Knaff : « Je suis sur le bon chemin »

Alors que la Coupe Davis se profile ce week-end, avec un clash contre l’Afrique du Sud, Alex Knaff arrivera auréolé d’un nouveau trophée. Un succès le week-end dernier en double, dans un contexte particulièrement atypique, qui permet de faire le plein de confiance avant de représenter son pays. Le tennisman revient sur ce succès, son année 2022, et la Coupe Davis à venir.

C’est un scénario comme on en voit peu souvent. Alex Knaff – et son partenaire Filip Bergevi – ont en effet remporté le week-end dernier le tournoi de Manacor. Un succès acquis grâce à… une seule victoire, en finale. Exempté de premier tour, le duo a en effet vu ses adversaires en quart et demi finales déclarer forfait, leur faisant débuter la compétition lors du match pour le titre. Un succès 3-6, 6-3, 16-14 plus tard, et voici le Luxembourgeois qui remporte ainsi son premier trophée en 2023. De bon augure, avant la Coupe Davis, disputée ce week-end face à l’Afrique du Sud.

Félicitations avant tout pour ce titre, assez atypique, avec un trophée en un seul match. Tu peux revenir sur ce succès fort original ?

C’était en effet une situation très particulière. Je n’avais jamais vu ça. J’ai déjà par le passé pu voir des joueurs passer un tour, voire deux exceptionnellement grâce à des forfaits, mais trois matchs, non, jamais. C’était spécial, surtout que je jouais avec un partenaire (ndlr : le suédois Fiip Bergevi) que je ne connaissais pas trop, et avec qui je n’avais jamais joué. Commencer le tournoi en finale, face à des adversaires qui avaient gagné la semaine d’avant et se connaissaient bien, cela n’était pas le le plus simple.

Précisément, est-ce que les automatismes se sont vite mis en place ?

On avait bien parlé avant le match. On a quand même mis un peu de temps pour réellement se comprendre, en particulier au premier set. Je ne peux pas dire qu’on jouait mal, mais il manquait en effet certains automatismes. Au fil des matchs, j’ai senti qu’on se trouvait de plus en plus, qu’on se comprenait de mieux et qu’on savait ce qu’il fallait faire pour remporter les points. À la fin du match j’tais vraiment très heureux de notre performance, et nous avons tous les deux dit que cela serait très intéressant de rejouer ensemble dans le futur.

Remporter un titre avec un seul match gagné, est-ce que cela donne une saveur différente au trophée ?

Non, pas du tout. Chaque trophée remportée est une consécration. C’était une situation atypique, mais une finale est une finale. Nos adversaires n’avaient pas perdu depuis deux semaines, il fallait aller chercher cette victoire. Personne ne nous a donné le titre. La route pour arriver à cette finale était particulière, mais c’est nous qui avons terminé le travail.

Si on dit « Alex Knaff a réussi une très belle année 2022 », est-ce que tu partages ce constat ?

Pas tout à fait. Je suis quelqu’un fort critique envers moi-même. Donc une très belle année, je ne sais pas. Une année où j’ai beaucoup appris, ça, c’est certain. J’ai fait de gros progrès tennistiquement, mentalement et physiquement. Maintenant, en tant que sportif, en tant que compétiteur, on veut toujours plus. On n’est jamais satisfait. Et j’ai des objectifs en 2023 encore plus élevés que ceux de l’année dernière.

Si on reste sur 2022, est-ce que la victoire à Tallahassee a pu faire l’effet d’un certain déclic mental, d’une libération, après être passé proche plusieurs fois ?

Oui, c’est certain. Les quelques tournois avant la Floride, en particulier à Forbach – où je m’étais mis pas mal de pression – n’ont pas toujours été géré de manière optimale. Au cours de l’année, je sentais que j’avais le niveau de jeu pour gagner des tournois, mais ça n’est jamais évident de l’emporter. Donc en effet, ce trophée m’a fait beaucoup de bien. Cela m’a permis de voir le niveau auquel je pouvais jouer. Je n’ai pas affronté des adversaires qui avaient des classements ATP très haut, mais c’était des joueurs d’université qui ne jouent pas nécessairement le circuit et qui ont un très haut niveau. Réaliser qu’on peut aller au bout pendant une semaine comme ça, c’est très valorisant.

Te fixes-tu des objectifs chiffrés pour cette année 2023, que cela soit en termes de résultats ou de ranking ?

Pas trop. On en parle bien sûr avec mon entraîneur, et l’objectif est évidemment de progresser au classement pour pouvoir jouer des plus grands tournois. Mais on ne s’est pas fixé de nombre particulier à atteindre. Le plus important pour moi est de continuer à progresser dans mon jeu. Je commence à avoir une idée assez claire sur la manière avec laquelle j’aimerais jouer tous mes matchs. Mais cela demeure un processus sur le long terme…

Ce processus, précisément, qui définit le style de jeu que l’on veut mettre en place, s’est-il particulièrement défini l’an dernier ?

Beaucoup s’est mis en place en 2022. 2021 a été assez compliqué en termes de confiance et de résultats. Je ne savais plus trop où j’en étais. L’année dernière, j’ai pu faire une saison complète sur le circuit, avec des matchs contre des bons joueurs. Les victoires comme les défaites m’ont permis de mieux cerner ce que je devais faire pour l’emporter régulièrement, et atteindre mon meilleur niveau. Les premiers matchs de cette année m’ont confirmé que je suis sur le bon chemin, même si les résultats ne sont pas forcément les meilleurs.

Tu rejoins le cadre promotion du COSL. À quel point cette intégration va t’être bénéfique dans ton parcours sportif ?

C’est très valorisant d’être reconnu par le COSL, et de voir que tous les efforts et les sacrifices de ces dernières années sont reconnus. Maintenant, étant déjà à l’armée depuis 2020, j’ai accès au LIHPS, donc les bénéfices devraient demeurer assez similaires. C’est quelque chose de très récent, donc c’est difficile pour moi de réellement répondre encore à cette question.

Ce week-end se profile la Coupe Davis, face à l’Afrique du Sud. Dans quel état d’esprit se trouve t-on avant cette rencontre ?

C’est toujours une atmosphère spéciale. Le tennis est un sport individuel et on se retrouve en équipe pendant une semaine. Sur le circuit, on joue pour soi-même, et là, on se retrouve à défendre son pays et ses coéquipiers. On va aussi avoir le plaisir de jouer à la maison. C’est la première fois que cette génération de joueurs évolue à domicile. C’est un superbe challenge. J’adore la Coupe Davis, et c’est génial de pouvoir jouer devant ses potes, sa famille, et avec le soutien du public.

Pour revenir sur la Coupe Davis, qui fait débat ces derniers temps, quelle est ton opinion sur le format que celle-ci devrait revêtir ?

J’aimais beaucoup l’ancien format, où cela se jouait sur un week-end entier et des matchs en cinq sets. Maintenant, je comprends parfaitement qu’une année complète sur le circuit demande énormément d’énergie et efforts, et que certains joueurs n’ont plus nécessairement les ressources mentales et physiques pour ajouter cela au calendrier. Après, ce qu’ils ont fait ces dernières années, je trouve ça dommage… Perdre l’atmosphère d’une rencontre qui se jouait dans un des deux pays avec une ambiance incroyable, c’est regrettable… À notre niveau, c’est certain que le programme est chargé, avec deux simples le premier jour, et le lendemain un double et deux simples encore. C’est assez intense. Mais pour les spectateurs, c’est très agréable. Je pense que dans l’idéal serait de trouver un mix entre l’ancien et le nouveau format.

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