Avec sa victoire pleine d’autorité sur la pelouse du F91, le Swift a pris la tête du championnat et frappé un grand coup dans la lutte pour le titre. Un objectif assumé et définitivement réalisable, en particulier avec ce groupe qui, enfin, semble avancer en un seul bloc.
90 minutes, dans une vie, cela parait bien court. Pas suffisant pour un bon film, tout juste pour un super resto entre amis. Mais 90 minutes, c’est aussi ce qui a suffi au Swift Hesperange pour passer de challenger à candidat numéro un pour le titre. Ainsi va le football, où une rencontre peut suffire pour changer tout un statut.
Ainsi, en une victoire – et quelle victoire ! – le Swift est passé du statut d’éternel challenger, à celui de brillant leader. Tous les superlatifs utilisés pour décrire le groupe de Carlos Fangueiro au sein du F91 Dudelange ont donc été transvasés vers Hesperange, dorénavant en tête de BGL Ligue. Et, à bien y regarder de plus près, les statistiques du groupe mené par Pascal Carzaniga sont en effet impressionnantes.
En tête du championnat, mais pas que
Si le Swift pouvait se targuer avant son affrontement contre Dudelange de posséder la meilleure attaque du championnat, ce n’était pas le cas de la défense, qui appartenait à son adversaire. Après une victoire 4-0, le constat a logiquement changé. Ainsi, Hesperange détient dorénavant l’effectif avec le plus de buts marqués (41, soit 3,72 par match, et 5 de plus que le F91), mais aussi le moins encaissé (10, soit 0,9 par rencontre). Une domination dans les deux surfaces qui confortent encore plus la place de leader de Mehdi Terki et ses hommes. À cela s’ajoute le prestige honorifique de compter en ses rangs le meilleur buteur et meilleur passeur de BGL Ligue : c’est un joueur qui se permet de truster les deux positions en la personne de la révélation Rayan Philippe, auteur de 15 buts et 12 passes décisives en… onze rencontres. Un bilan prodigieux qui joue évidemment dans la très belle série d’Hesperange, invaincu depuis le début de saison, et qui, à cheval sur l’an passé, reste sur 14 matchs sans connaître la défaite. La dernière fois que le club avait achevé une rencontre avec zéro points dans la besace, c’était le 1er mai dernier, contre… Dudelange. Une belle série qui permet aujourd’hui au club de trôner en tête du classement, avec un bilan prodigieux de 31 points sur 33 possibles.
Mais, au-delà de la domination statistique, c’est assurément aussi sur le plan psychologique que le succès au Jos Nosbaum fait énormément de bien. L’an dernier, alors qu’Hesperange se déplaçait sur cette même pelouse pour une rencontre aux allures de finale, les visiteurs étaient totalement passés à côté de la rencontre, défaits sur un score de 1-0 très flatteur. Un match qui avait permis de voir le grand écart qui régnait encore entre le futur tenant du titre, et le groupe alors dirigé par Aniello Parisi. Si une rencontre ne peut pas être érigée en tant que vérité générale, on ne peut néanmoins que constater que cette fois-ci, le Swift a su répondre présent, surclassant son adversaire en tout point.
Défensivement, si Dupire a brillé par plusieurs parades impressionnantes et pleines d’autorité, il convient de rappeler que toutes ces tentatives sont venues de phases arrêtés, ou frappes en dehors de la surface. La faute à une charnière défensive particulièrement solide, que cela soit avec le surprenant Malget jusqu’à sa blessure, puis lorsque Ricky Delgado l’a remplacé. Cedric Sacras et Pierrard ont eux aussi énormément apporté avec de nombreux aller-retours sur leurs côtés, et ont parfaitement réussi à bloquer Ouassiero et Kirch, muselés comme jamais. Au milieu, si Gustavo Hemkemeier a évolué à un rôle plus offensif, Clément Couturier et Mehdi Terki ont totalement anéanti l’entre-jeu adverse. Le capitaine a ainsi coupé un nombre de ballon fou, tandis que le numéro 5, par ses capacités de projection et à casser les lignes, a fait un mal énorme au F91. Et, au-delà d’un abattage de marathonien, a aussi fait preuve d’une belle justesse technique, en témoigne ses nombreux dribbles réussis, mais aussi ses deux passes décisives. Son soutien a été précieux pour une ligne offensive qui, elle aussi, a parfaitement fait le job. Alors que Corral est à l’origine du premier but et à la conclusion du second, Rayan Philippe, lui, a fait honneur a son statut de meilleur buteur, en convertissant avec sang-froid ses deux réelles opportunités de la rencontre. Une fois n’est pas coutume, c’est Dominik Stolz que l’on a moins vu, même si sa passe décisive sur l’ouverture du score permet, très tôt, de concrétiser les belles intentions de jeu de ses coéquipiers.
Ainsi, c’est sur chaque ligne que la différence a été faite. Pour ne pas dire, sur chaque joueur. Ce qui en vient à dire que le Swift n’a pas été sauvé par ses individualités, loin de là, mais que c’est bien le collectif qui a permis de sublimer chacun des footballeurs sur le terrain. Une mue attendue de longue date du côté du nouveau leader du championnat, et qui s’explique aussi par la gestion de Pascal Carzaniga. L’entraîneur, de retour au stade Alphonse Theis a ainsi su créer un groupe avec des joueurs prêts à s’arracher les uns pour les autres. Et, lorsqu’un ensemble de talent individuel se met au diapason pour travailler en collectif, cela peut donner quelques éclairs de lumières, à l’image du succès de dimanche passé. Avec quatre rencontres restantes avant la trêve contre des adversaires abordables – Kaerjeng, Rosport, Wiltz et la Jeunesse -, Hesperange peut réussir l’exploit d’arriver à la trêve invaincue. Même si, au vu de nos entretiens récents avec certains joueurs, il semblerait que cette prouesse n’aurait que peu de valeur à leurs yeux. Ce qui parait compter, et définitivement compter, est bel et bien une chose qui lui échappe depuis maintenant quatre ans : un titre de champion.
