Est-ce que Luxembourg peut devenir une ville de vélo?

Lorsque l’on pense à des villes cyclables, les modèles de Copenhague ou des grandes villes néerlandaises ou flamandes nous viennent à l’esprit. Si le Luxembourg et plus précisément sa capitale sont bien loin de ce niveau d’infrastructure, la question se pose si Luxembourg-Ville pouvait un jour devenir un modèle du genre en termes de la mobilité cyclable ?

Tout d’abord, pour savoir si Luxembourg a le potentiel d’un jour rattraper son retard, il faut comprendre comment de grandes métropoles sont devenues des paradis pour les cyclistes. 

Reprenons depuis le début

Du côté de capitale danoise comme de la capitale néerlandaise, après la Deuxième Guerre mondiale, l’utilisation de la voiture a grimpé en flèche et a pris d’assaut les villes. Ce n’est que durant les crises pétrolières des années 1970 et l’introduction des journées sans voitures que la bicyclette a fait son retour en force et est venue, au fil des revendications de nombreux citoyens, venus s’imposer, jusqu’à en devenir le moyen de transport principale de ces deux villes.

Si l’on compare cette situation de l’époque, à celle du Grand-Duché aujourd’hui, on se rend compte que la voiture occupe une place démesurément importante. Ainsi un bon début pourrait être d’imposer des journées sans voitures à Luxembourg-Ville. Si, on peut l’imaginer, une grande partie de la population serait réfractaire, au fil du temps ces journées offriraient une énorme promotion à la mobilité douce qu’est le vélo et pourrait ainsi faire entrer ce moyen de transport dans les habitudes des habitants. 

Quelles infrastructures ?

Venant à l’implantation des infrastructures après l’adoption de ce moyen de transport par les citoyens. Globalement, pour rendre une ville vivable pour les cyclistes il faut mener la vie dure aux automobilistes. Il faut transformer les places de parking par des pistes cyclables, augmenter le nombre de sens unique, donner la priorité aux cyclistes. Ainsi l’on devrait atteindre un point où l’utilisation du vélo deviendra plus pratique et plus rapide que celle de la voiture et comme cela, on force en quelque sorte les habitants à changer leurs pratiques, mais surtout on habitue les futures générations à vivre dans ce genre d’environnement où pédaler semble plus logique que de conduire. 

Prenons l’exemple de Copenhague aujourd’hui, si la majorité des travailleurs (56%) se déplace en pédalant, c’est parce que cela est bien plus pratique (selon un sondage, menez tous les deux ans par Copenhague). Les deux autres arguments les plus donnés par les cyclistes sont l’entretien de leur forme physique (19%) et les couts qui sont plus raisonnables à vélo (6%). En réalité cela peut paraitre surprenant, mais seul 1% des usagers de la capitale danoise mettent en avant de quelconques arguments écologiques. Cela montre bien que si l’on veut que plus de personnes montent en selle tous les matins pour se rendre sur leur lieu de travail, il faut simplement rendre l’utilisation du vélo plus simple et plus sécurisée, en même temps il faut rendre l’utilisation de la voiture plus compliquée. 

Les infrastructures qui rendre la vie plus simple aux cyclistes sont des pistes cyclables séparées de la route, cela augmente sensiblement la facilité de circulation et surtout la sécurité. De grands parkings à vélo couvert et sécurisé augmentent le confort d’utilisation du vélo et à Luxembourg l’on pourrait totalement imaginer qu’une partie des places de parkings souterrains soit sacrifier pour faire place aux deux roues.

Tout le monde doit faire des efforts

Néanmoins, les aménagements ne doivent pas seulement être publics, les nouveaux projets immobiliers doivent accompagner cette transition en proposant des solutions pour facilement garer son vélo en lieu sûr. Les employeurs doivent également jouer le jeu en s’adaptant aux vélotaffeurs (personne qui se rend au travail à vélo). Cela passe par l’installation de vestiaire pour pouvoir se laver et se changer après son trajet quotidien à vélo, mais également d’en endroit où garer son vélo. On peut également prendre l’exemple de certaines entreprises qui encourage la pratique de vélo, soit en mettant à disposition un vélo à leurs employés ou en offrant des avantages à ceux qui font l’effort de pédaler.

Éduquer les futures générations

Si pour devenir une ville, voire un pays vélo on imagine souvent la construction d’infrastructure adaptée, il ne faut pas oublier que tout cela est également une question de philosophie. Il faut donc venir apprendre à tout le monde ce nouveau mode de vie et le plus simple pour cela est d’éduquer les futures générations. Cette approche par l’éducation des plus jeunes peut passer par des cours de vélo à l’école ou on y apprend à faire du vélo, si on ne sait pas encore en faire, et également par l’apprentissage des règles de bonne conduite dans la circulation pour les cyclistes. On peut également imaginer un programme qui permet à tout le monde d’avoir accès à un vélo, que ce soit par des réductions plus ou moins importantes pour les familles qui n’ont pas les moyens de s’offrir des bicyclettes. Ce programme pourrait également par le prêt de vélo aux élèves. 

L’on se rend compte que s’il faudrait modifier quelque peu les rues de la capitale pour espérer un jour atteindre ce que font les Néerlandais ou les Danois, c’est surtout une question de changement de mentalité, car au Luxembourg l’on a encore trop l’habitude de prendre sa voiture pour un tout et pour un rien, on ne peut sortir de sa zone de confort. Ce changement de mentalité passe par le fait de rendre la vie dure aux automobilistes comme évoqué précédemment, mais également par l’enseignement. Si l’on inculque une nouvelle mentalité aux futures générations, peut-être que l’on pourra changer les mœurs et faire du Luxembourg un pays de vélo et ce pas seulement au sens sportif vu que c’est déjà le cas, mais au niveau du mode de vie. Donc oui le Luxembourg peut encore rattraper son retard et devenir une ville de vélo, mais cela prendrait du temps et surtout il faudrait se lancer à fond dedans, si l’on ne fait qu’une partie du travail, les objectifs ne sont pas réalisés et il reste un gout d’inachevé chez les adeptes de vélo. 

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